Retraite - Un président expert comptable qui n’a jamais mis un bleu de travail

par gruni
lundi 7 novembre 2022

Après la nouvelle réforme des retraites qui devrait être votée en 2023, voulue par Emmanuel Macron, combien de Marcel usés et fatigués par des années de travaux manuels, des travailleurs sans doute moins attentifs par habitude ou lassitude aux dangers du métier, décéderont suite à un accident du travail. Eux qui aspiraient à une retraite paisible et méritée avaient été mis dans l'obligation de travailler plus, comme le souhaitait déjà Sarkozy. Pour ces travailleurs la réforme Macron, pas vraiment nécessaire, aura été pour certains un aller sans retour vers le cimetière. 

Une réforme qui prévoit entre autre la fin de la retraite à 60 ans pour les carrières longues. Et 65 ans pour ceux qui travailleront encore à plus de 60 ans. Alors que seulement 30 % des 60-64 ans exercent encore en emploi en France (source CFDT)

Emmanuel Macron, avec la froideur d'un comptable devant les chiffres qui indiquent un déficit du système des retraites pour les prochaines années, tel un besogneux expert de la calculette cherche à imposer aux Français une solution mathématique simple au problème du financement des pensions, et il l'a trouvée : 62+3 = 65. Et le tour est joué !

Notre président de la République pour encore plus de 4 ans, n'a pas été élu uniquement pour faire des mathématiques, mais pour trouver des solutions politiques et humaines aux différents problèmes qui se posent en France. Son élection ne veut pas dire que la majorité de ses électeurs valident la retraite à 65 ans. Et il le sait parfaitement ! Hélas trois fois hélas, son passage chez Rothschild aura sans doute laissé des traces indélébiles sur son costume sur-mesure bleu roi. Faut dire aussi que sauf pour sa promotion en image, l'homme n'a jamais porté le casque ni le bleu de travail d'un ouvrier d'usine. Voilà maintenant qu'il traite les travailleurs comme de vulgaires matricules, comme des ressources qu'on peut épuiser jusqu'à l'effondrement. Ecoutez-le donc prononcer sans sourciller le résultat de ses cogitations malsaines pour la santé des travailleurs...

« Aujourd’hui, ils peuvent partir à 60 ans, pas à 62 ans. On leur demandera de travailler un peu plus longtemps, mais il faut définir le bon seuil. Ils ne pourront pas partir dès 60 ans. Mais on ne leur demandera pas d’aller à 63 ans ou plus. »

Le 26 octobre lors de son intervention télévisée, le président Macron nous avait pas laissé le choix des solutions, remercions-le grandement pour son sens du dialogue :

"augmenter les cotisations retraite des travailleurs, ce qui veut dire qu’en 2027 il faudra payer en moyenne 400 € de plus par an de cotisations. C’est du pouvoir d’achat en moins  ! Une autre manière de faire est de baisser les pensions. Ce n’est pas supportable pour nos retraités  !" 

Notre chef d'Etat, qui lors de son premier mandat avait déjà dû renoncer à sa retraite par points, nous explique maintenant que nous n'avons plus qu'un seul choix... Le sien :

 « A partir de l’été 2023, nous devrons décaler de manière progressive l’âge légal de départ [à la retraite] de quatre mois par an. Là où nous sommes aujourd’hui, à 62 ans, on passera à horizon 2025 à 63 ans, à horizon 2028 à 64 ans et à horizon 2031 à 65 ans  »

Dans un élan de bonté inhabituel, Emmanuel Macron avait tenu à préciser que pour les travailleurs handicapés et ceux exposés à l’amiante, « rien ne changera ».

Les syndicats sont vent debout contre cette réforme profondément injuste. Car dans son rapport annuel de 2022, "le Conseil d’orientation des retraites (COR) constate qu’il n’y a pas de dérive des dépenses du système. En effet, le déficit attendu de 12 milliards d’euros pour 2027 ne représente en réalité que 3 % des dépenses de retraites par an (s’élevant à 324 milliards)."

Pour la CFDT "Un tel déficit ne met pas notre système en danger". "S’il y a bien un sujet financier, il doit donc pouvoir se régler sans report de l’âge de départ."

En réalité, les syndicats soupçonnent l'Etat de vouloir utiliser les cotisations des travailleurs pour financer l’éducation, la dépendance des personnes âgées ou la transition écologique.

On peut penser aussi nous faire payer le quoi qu'il en coûte, ou encore pour être dans les clous du protocole n°12 du traité européen qui précise que "le déficit public annuel ne doit pas excéder 3 % du produit intérieur brut (PIB) et que la dette publique (de l’Etat et des administrations publiques) reste quant à elle inférieure à 60 % du PIB"

Est-ce bien logique de vouloir nous faire cotiser pour autre chose. Les cotisations des salariés doivent servir à verser les pensions et à améliorer le niveau des retraités. Et rien que ça ! D'autres problèmes doivent trouver d'autres solutions. Ce n'est pas à Marcel de trouver des idées pour s'en sortir, c'est à Macron et au gouvernement. Un gouvernement Borne qui certainement ne fera pas de vieux os.

Les concertations avec le gouvernement sont ouvertes depuis le 10 octobre et se poursuivront jusqu’à la mi-décembre, elles devraient aboutir à un projet de loi. 

Mais, si le président de la République persiste dans son idée fixe d'une retraite à 65 ans, le pays va immanquablement s'agiter. Nous aurons probablement droit à un été indien en hiver, et un sacré coup de chaud coloré de beaucoup de rouge et jaune dans les rues, avec en prime du bleu CRS et du gaz pour l'ambiance ? Quel sera le moment choisi par Macron pour dissoudre l'Assemblée Nationale... Et quoi après ?

 


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