Retraites : L’espérance de vie stagne

par touriste
mardi 20 septembre 2022

Tout d'abord il faut revenir sur la définition de l'espérance de vie, qui est une moyenne pondérée, dont on peut trouver le détail du calcul sur WikipediaEspérance de vie. Plusieurs facteurs impactent le calcul de l'espérance de vie, par exemple la mortalité infantile ou les accidents de la route, en 1980 on en comptait 12000 par an. De même le Covid de 2020 a fait baisser l'espérance de vie.

Quoi qu'il en soit, sans entrer dans un débat de spécialistes, l'espérance de vie est un indicateur reconnu et utilisé partout dans le monde.

Pour la France on peut consulter les chiffres, et le graphique associé, publiés en ligne par l'INSEE : tableau de l'espérance de vie en fonction de l'âge. On retient généralement le chiffre de l'espérance de vie à la naissance (0 ans) comme le principal indicateur statistique de longévité.

J'en extrait le tableau suivant mentionnant le chiffre CNUD (page 286) pour 2021 et auquel j'ai ajouté l'année 1980 pour servir de point de comparaison :

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Ce tableau montre une tendance très nette amorcée vers 2012 et confirmée depuis 2014.

Cette tendance c'est la stagnation de l'espérance de vie.

L'augmentation continue et perpétuelle de l'espérance de vie semble donc terminée. Et si l'on y réfléchit bien ce résultat n'est pas illogique.

Nos conditions de vie et de travail se dégradent sans cesse. Chaque année la pollution urbaine tue des milliers de personnes. L'alimentation industrielle, trop riche en sucres et en sel notamment, nous empoisonne lentement. Les burn-out/suicides se multiplient. Etc.

De plus l'allongement récent de l'âge du départ en retraite diminue probablement l'espérance de vie puisque l'on est amené à travailler au delà de l'âge auquel on est en bonne santé. Pour la France c'est 63,7 ans, selon les chiffres Eurohex diffusés par l'INSEE.

Néanmoins la réforme des retraites qui arrive à grands pas est généralement justifiée par cet argument :

"nous vivrons plus longtemps donc nous devrons travailler plus longtemps"

Comme le montrent les chiffres, cet argument est très contestable. Voire faux.

D'autre part l'espérance de vie ne prend pas en compte la différence entre les classes sociales. La durée de vie est très différente entre les employés/ouvriers et les cadres/entrepreneurs, sans parler des capitalistes rentiers. Une étude INSEE évalue à 13 ans l'écart d'espérance de vie entre les plus aisés et les plus modestes.

Dans le cas ou l'on augmenterait l'âge de départ à la retraite cela condamnerait les catégories sociales les moins aisées à mourir au travail, ou presque.

Pour les catégories sociales inférieures et moyennes le problème de la retraite pourrait être posé ainsi :

L'espérance de vie stagne ou régresse, l'âge de la retraite augmente, on fait comment ?

Comme le montre le récent rapport du COR le problème des retraites n'est pas principalement un problème d'age mais de financement. Actuellement notre système de retraite est même légèrement excédentaire, conséquence des "réductions" opérées depuis des dizaines d'années.

Mais les projections, notamment celles du COR, qui nous présentent un avenir catastrophique sont toutes basées sur une diminution du financement par les cotisations sociales. Alors qu'il suffirait d'une augmentation minime, pour équilibrer le système pendant des dizaines d'années et compenser facilement l'évolution démographique prévue.

Pour rappel actuellement, et chaque année, plus de 90 milliards de cotisations sociales ne rentrent plus. Cour des Comptes. Il est clair que notre système de retraite ne peut pas survivre si l'on réduit ainsi son financement.

Il s'agit donc de décisions politiques dont on comprend facilement les motivations. La baisse des cotisations sociales représente une baisse du "cout du travail" pour le patronat. Tandis que la liquidation de la retraite actuelle provoquera le développement des fonds de pension tant espérés par la finance internationale.

A nous d'imposer d'autres choix, disons plus "sociaux".

Et surement pas derrière les directions syndicales qui se paient notre tête. Il faut s'organiser et les "gilets jaunes" ont montré ce qu'il faut faire et surtout ce qu'il ne faut pas faire. Si Macron persiste il va falloir descendre dans la rue, calmement mais fermement !

 


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