Revenu de base : On n’est pas sorti de l’auberge

par babadjinew
mercredi 25 janvier 2017

Revenu de base : On n’est pas sorti de l’auberge

 

L’article du Sieur Modératus sur le revenu de base semble avoir défrayé la chronique. Il est vrai que ses mots peuvent sembler durs, et pourtant depuis son point de vue, ils font tout à fait sens. La notion de travail, comme valeur sociale et dignité humaine, remonte à l’aube de nos monothéismes, et, de ce fait, englobe aussi une grande part de mysticisme, voire, de foi. On parle donc, ici, d’un ancien monde fait de valeurs, de rituels, de concepts immuables, mais aussi (et, cela fait toute la différence) avec un monde aux technologies limitées, à la population réduite, aux ressources illimitées. Enfin, au temps bien plus lent que celui de nos ordinateurs de trading fonctionnant à la nanoseconde. Bref, un monde qui pouvait, et qui a fonctionné ainsi depuis l’aube des civilisations, jusqu’au début (en gros) des année 1990.

Nous sommes au 21ième siècle aujourd’hui, avec des problèmes bien spécifiques, et malheureusement, urgents. En premier lieu nous savons que nous vivons sur une planète aux ressources finies, et, qu’au moins jusqu’en 2100 la population mondiale va croître pour atteindre un pic de 11 milliards d’individus. Fournir eau, nourriture, logements, santé, éducation, et loisirs à ce vaste ensemble est déjà, au vue de nos ressources limitées, un énorme défi. Défi cependant réaliste et réalisable si nous arrivons à changer le paradigme du 20ième siècle. Le travail durant 8h par jours durant 40 ans de sa vie, histoire d’acquérir son petit pavillon qui verra grandir ses deux enfants en compagnie d’un chien, le tout en changeant de véhicule tous les dix ans (celui de madame et monsieur, en attendant l’avènement du permis des petits), avec une alimentation basée sur un maximum de protéines animales et une consommation annuelle d’objets technologiques (phone et autres gadgets) étant impossible en terme de ressources (énergie, minerais, terres arables, eau, terrains de construction etc.).

Maintenant, une 1ère question peut être posée : qui va accepter de travailler tout en refusant d’acquérir ce modèle sociétale de biens immobiliers et mobiliers ? Ici, on ne parle même pas de ces 8 personnes ultra-riches qui possèdent autant que les 50% les plus pauvres (une aberration générée par le travail). Nous parlons de 6 milliards de petits quidams adultes qui sont censés produire, vendre, créer quelque chose en échange d’un salaire, qui lui, doit leur permettre le modèle sociétal ! Est-ce réaliste ??? Quiconque possède un minimum d’honnêteté intellectuel répondra NON !

Ajoutons maintenant, la couche des tendances technologiques du moment : nos déjà vieux ordinateurs, internet, les péages automatisés, les caisses de supermarché automatisées, l’E-commerce, le trading haute fréquence… Voilà pour ce qui déjà est en place, et qui a généré un solde d’emploi négatif par rapport à l’ensemble des métiers du vieux 20ième siècle. Saupoudrons maintenant avec la voiture autonome qui sera déclinée en camions, les drones de livraison, les imprimantes 3D industrielles déjà capables de construire des bâtiments à la vitesse grand V, et posons-nous la question : quelle est la probabilité d’avoir besoin de 6 milliards de travailleurs à l’horizon de 2100, alors que 80% des technologies utilisables d’ici-là n’ont même pas encore été créées ?!!!

Enfin, quand nous parlons du travail, nous parlons surtout de ceux qui ont réussi par leur travail. Cela faisait certainement sens jadis, quand un bon artisan réalisait de A à Z un magnifique objet d’une utilité indéniable. Mais, à l’heure des progrès technologiques de production, cela fait-il encore sens ? Que 8 personnes, en 2016, possèdent par le fruit de leur travail autant de richesse que les 3,5 milliards les plus pauvres... !!! Est-ce acceptable ? Ont-ils, à eux 8, abattu autant de tâches que 7 milliards de bras réunis ? La réussite étant implicitement liée au travail qui, lui, fournit les moyens d’afficher cette réussite (Ferrari, yacht, résidences multiples…), est-ce le bon moteur sur notre petite planète aux ressources finies ? 

Le revenu de base fait donc sens dans ce 21ième siècle. Non pas comme LA solution, mais comme une transition qui nous permettra d’avoir le temps d’imaginer d’autres articulations à nos existences. Car, soyons clairs ; personnes n’a pour le moment de réponses réalistes aux défis de ce 21ième siècle !

 

Cela étant dit, je reconnais volontiers que la manière dont M. Hamon nous le propose est pathétique ! Je me demande, même, si ce n’est pas un simple sabotage d’une mesure indispensable, si une guerre civile nous voulons éviter…

 

A la louche, quelques propositions pour son application rapide sans énormes surcout si l'on centralise les différents amortisseurs sociaux actuels en ce type de RDB. Les articulations peuvent bien entendu être développées et peaufinées en fonction des écceuils qui forcément seront générés. 

Bref, le revenu de base devra permettre un choix non-contraignant entre temps de travail et temps pour soi ou pour la collectivité.

Il permettrait de sécuriser l’ensemble des petits quidams, obligerait les entreprises à d’autres formes de gestion du personnel, et changerait, à n’en pas douter, les structures sociétales.

En mieux, ou en pire… nul ne peut affirmer aujourd’hui avec certitude, ce que nous en ferons. Ce qui est certain, c’est qu’il nous offrira la possibilité de disposer de temps, de nous réapproprier des choix … Le temps pour oser sans subterfuge se poser des questions sur notre devenir, nos directions… Le temps d’expérimenter peut-être un mode de vie moins consumériste, ce qui, à mon sens, est plus que pertinent pour notre petite planète aux ressources finies.

 

Wake Up !!!

 


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