Révolte

par PETINOS
jeudi 15 novembre 2018

A la suite de deux /trois de mes articles précédents sur l’obligation de mémoire ou de rappel des textes importants, je souhaite mettre en avant les paroles que Sébastien Faure a écrites en 1886. Le poème intitulé « Révolte » est toujours actuel et peut parfaitement illustrer le ras-le-bol social ou tout simplement la volonté de vivre libre.

Quel meilleur exemple que celui du poème de ce séminariste devenu libre-penseur. Faure a milité au Parti Ouvrier Français (1885) puis est devenu anarchiste (1888). Il a ensuite fondé, en 1895, avec Louise Michel, le journal Le Libertaire, tribune du refus de tout dogmatisme. A cette époque, l’industrialisation plonge dans la misère la classe ouvrière.

Actuellement, en ce début du 21e siècle, le chômage, l’exclusion et la précarité continuent à maintenir une partie importante des hommes et des femmes dans une misère matérielle, culturelle, éducative, etc.

Les patrons s’engraissaient à la fin du 19e siècle. Et cette injustice a provoqué la révolte.

Je me demande ce qui a changé depuis le 19e siècle en ce qui concerne la domination et les rapports de force dans la société…

 

Révolte

Nous sommes les persécutés

De tous les temps et de toutes les guerres ;

Toujours nous fûmes exploités

Par les tyrans et leurs cerbères.

Mais nous ne voulons plus fléchir

Sous le joug qui courba nos pères

Car nous voulons nous affranchir

De ce qui cause nos misères.
 

Église, Parlement,

Magistrature, Etat, militarisme,

Patrons et gouvernants,

Débarrassons-nous du capitalisme.

Pressant est notre appel,

Donnons l'assaut au monde autoritaire

Et d’un cœur fraternel,

Nous réaliserons l'idéal libertaire !
 

Ouvriers ou bien paysans,

Travailleurs de la terre ou de l’usine,

Nous sommes dès nos jeunes ans

Réduits au labeur qui nous mine.

D’un bout du monde à l’autre bout,

C’est nous qui créons l'abondance ;

C’est nous tous qui produisons tout

Et nous vivons dans l'indigence.
 

L’Etat nous écrase d’impôts :

Il faut payer ses juges, sa flicaille ;

Et si nous protestons trop haut,

Au nom de l'ordre on nous mitraille.

Les maîtres ont changé cent fois ;

C’est le jeu de la démocratie ;

Quels que soient ceux qui font les lois,

C’est toujours la même supercherie.
 

Pour défendre les intérêts

Des flibustiers de la grande industrie,

On nous ordonne d’être prêts

A mourir pour notre patrie.

Nous ne possédons rien de rien,

Nous avons horreur de la guerre ;

Voleurs, défendez votre bien,

Ce n’est pas à nous de le faire.
 

Déshérités, soyons amis,

Mettons un terme à nos tristes disputes.

Debout ! Ne soyons plus soumis,

Organisons la Grande Lutte.

Tournons le dos aux endormeurs,

Qui bercent la misère humaine,

Clouons le bec aux imposteurs

Qui sèment entre nous la haine.
 


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