Riches politiques et pauvres français

par Jean Massicot
jeudi 15 septembre 2011

Les statistiticiens nous répètent inlassablement qu’environ 13% des français vivent en dessous du seuil de pauvreté et qu’un français sur deux vit avec moins de 1580 € par mois. Aucune morale à tirer de cette observation. C’est ainsi.

Au même moment où DSK rejoint la place des Vosges, triomphal comme Napoléon à Austerlitz, ses amis de la fausse droite et de la gauche caviar lui font une véritable haie d’honneur. On oublie trop vite qu’il n’a pas été blanchi mais simplement que le procureur de Manathan ne disposait pas des preuves nécessaires pour le déférer devant un jury. Ainsi, si l’on veut bien oublier ses multiples frasques on ne peut ignorer que dans les différentes fonctions qui ont été les siennes au plus haut niveau, il a décidé, accompagné ou orchestré les plus grandes calamités qui accablent, entre autres, les français des classes moyennes et les PME : 35 heures, retraite à 60 ans, enrichissement des politiciens, dépenses publiques illimitées, endettement, alourdissement de la fiscalité et j’en passe. Certes, il a été aidé dans son entreprise : la droite a poursuivi sa politique et les français par leur vote ont contribué à cette débâcle.

La même propagande célèbre le rôle de DSK à la tête du FMI. Ses tribulations récentes ont permis d'admirer la magnificence de cette institution qui, avec ses 14 000 employés, n'est que l'une des multiples et luxueuses succursales du pouvoir totalitaire mondial.

Au moment où nous avons le spectacle de la misère que ce FMI impose cruellement au peuple grec, soi-disant pour le « sauver ». C'est une pratique courante de cette organisation. Comment ce personnage dont on loue à tort les mérites est-il arrivé à la tête du FMI ? Peu de gens se souviennent que pendant plusieurs mois les affaires étrangères de la France ont été mises au service de sa nomination.

Le luxe affiché de la famille DSK ne doit pas faire oublier la situation de la France. Oui, le risque de voir de plus en plus de français tomber dans le gouffre de la pauvreté existe et n’a jamais aussi été élevé !

Il faut que l’Etat fasse des économies et de vraies économies non sur le dos des pauvres et des classes moyennes mais sur celui des nantis de la politique par priorité. Sait-on, par exemple, que les parlementaires, alors qu’ils sont censés donner l’exemple, députés et sénateurs bénéficient de régimes spéciaux particulièrement avantageux. Un seul mandat de cinq ans permet aux députés de percevoir une retraite de 1.550 euros ce qui correspond, à ce que touche, en moyenne, un salarié du privé, après 40 années de travail. Mieux encore, la quasi-totalité d’entre eux cumule cette pension avec d’autres pensions, notamment celle d’élu local. Pire encore, avec des traitements pour d'autres fonctions.

 Le régime de retraite des députés fonctionne par répartition, mais leur caisse n’est alimentée qu’à hauteur de 12 % par des cotisations. Le solde du financement est assuré par une subvention votée par les parlementaires et payée par l’Etat, donc les contribuables. Le régime des députés coûte aux français la bagatelle de 52 millions d’euros par an, sur les 60 millions de prestations versées. Autre avantage : ils peuvent cotiser double pendant 15 ans, puis 1,5 fois les 5 années suivantes. Le rendement de leur imbattable : pour un euro cotisé, un député touchera 6 euros à la retraite, contre 1 à 1,5 euro pour un français lambda. Ainsi, en seulement 22,5 années un député validera l’équivalent d’une carrière pleine, soit quarante annuités. Ils auraient bien tort d'y renoncer et ils ne sont pas prêts de le faire.

Les sénateurs peuvent aussi cotiser double et le rendement de leur régime est équivalent à celui des députés. Leur caisse fonctionne, en partie, par capitalisation. Les cotisations couvrent 43% des dépenses, le reste est financé par les intérêts de leurs placements. Leur régime a le mérite d'être bien géré puisque fin 2008, leur caisse était excédentaire de 575 millions d’euros, ce qui leur permet d'assurer 23 années de prestations. Dernier avantage de nos élus : en cas de décès, le veuf ou la veuve reçoit 66% de la pension du défunt, sans condition de ressources. Or, dans le privé, les conditions pour recevoir une pension de réversion sont tellement drastiques que le conjoint survivant ne perçoit rien du régime général dès lors que ses ressources personnelles dépassent 1528 euros par mois. Et les avantages ne s'arrêtent pas là. Le « Livret d'information des anciens sénateurs » liste de nombreux autres privilèges, certains menus, d'autres beaucoup plus conséquents : Le sénateur à la retraite « bénéficie des prestations du restaurant du Sénat, de la buvette des parlementaires, du bureau de tabac et du salon de coiffure, dans les mêmes conditions que les sénateurs en exercice ». Intéressant, car les prix pratiqués sont largement inférieurs aux tarifs habituels à Paris (excepté pour le tabac, qui n'est plus détaxé depuis plusieurs années).

Mais bien plus intéressants encore sont les « facilités de transport accordées aux anciens sénateurs » : Ils « peuvent se faire rembourser chaque année par le Sénat 50 % du coût réel de 12 déplacements aériens (ou 6 aller-retour) sur les lignes métropolitaines, quelque soit le vol emprunté ». Leur conjoint n'est pas oublié : « Dans la limite de ce quota, leur conjoint, s'il les accompagne, bénéficie du même droit. » Pour ceux à qui la SNCF a réussi à faire préférer le train, la règle est toute trouvée : la gratuité. C'est écrit noir sur blanc : Les sénateurs à la retraite bénéficient « d'une carte de circulation “Forfait France entière 1ère classe” donnant la gratuité sur les billets et les réservations, hors suppléments, du réseau de la SNCF ». Là encore, les conjoints ont aussi leurs avantages. Ils peuvent « également bénéficier chaque année du remboursement de six passages en 1ère classe effectués en métropole ». Des privilèges indiqués par le « Livret d'information des anciens sénateurs » donc, mais qui bénéficient à tous les « membres honoraires du Parlement », précise la brochure. Les futurs ex-députés connaissent désormais la difficile retraite qui les attend.

Si l’Etat doit faire des économies d’échelle, il faut envisager de regarder le sort de nos institutions. Deux avantages en résulteront : le premier moral, le second financier. Il serait souhaitable de supprimer une ou deux tranches du mille feuilles administratif et constitutionnel : le sénat d’abord et le département ensuite.

Le Sénat : A l'instar de la réforme des collectivités locales, il serait judicieux de réformer cette institution poussiéreuse qu'est le sénat, avec la suppression des sénateurs (des notables) qui ne servent strictement à rien si ce n'est à faire pantoufler en majorité des retraités. Une économie de plusieurs milliards serait ainsi réalisée et les sommes qui seraient dégagées pourraient être affectées à réduire le déficit budgétaire de la nation.

Le Département : Si chaque collectivité locale est censée avoir des domaines d'action spécifiques, des doublons existent dans la pratique. L'enchevêtrement des compétences favorise donc le gaspillage financier et humain. Claudy Lebreton, président de l'Assemblée des départements de France et président (PS) du Conseil général des Côtes d'Armor, reconnaît certains doublons entre collectivités locales dans les domaines de développement économique, le sport, la culture, le tourisme et la jeunesse. Il pointe du doigt également certaines redondances entre départements et l'Etat dans les affaires culturelles ou l'action sociale et sanitaire. Autre raison : la commission Attali regrette que les différentes collectivités prélèvent des impôts sur la même assiette (par exemple, la taxe foncière). Il est donc difficile pour le contribuable, estime la commission, d'évaluer la responsabilité des politiques dans les hausses d'impôt.

Qui aura ce courage ? Le général de Gaulle voulait réformer le Sénat. Il a été battu au référendum qui proposait cette réforme.


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