Robert Ménard, son sens de la provocation : Quand un train peut en cacher un autre !
par velosolex
mardi 12 décembre 2017
Pendant longtemps j’ai aimé Ménard. . Un gars qui faisait le buzz, qui se retroussait les manches. Il avait fondé « reporters sans frontières », à Montpellier en 1985 avec trois autres journalistes. ( Rémy Loury, Jacques Molénat et Émilien Jubineau). Sa devise est : « Sans une presse libre, aucun combat ne peut être entendu ». Une organisation non gouvernementale internationale reconnue d'utilité publique en France1 se donnant pour objectif la défense de la liberté de la presse et la protection des sources des journalistes. http://bit.ly/2BW7yer
L’express tirait encore en 2008 « l’emmerdeur sans frontières » http://bit.ly/2BdVubG
Lire ses actions, à l’époque, c’est comme de lire la liste des albums de Tintin. Par exemple il avait soutenu envers et contre tout une radio multiethnique lors du siège de Sarajevo. C’était le gars à qui j’aurais voulu ressembler, qui me culpabilisait sur ma condition de pantouflard, gueulant sur l’état du monde, assis près de sa cheminée. Avec sa grande gueule, ses actions spectaculaires, cette capacité d'attirer l'attention des gens, de faire bouger les lignes, il faisait partie de cas d’école qui sont l’omega du journalisme lavant plus blanc que blanc. Les Kessel, et autres Kapuscinski, l’auteur « D’ébène »… .http://bit.ly/2BbIIdN.
A un certain moment, j’ai cru en écoutant distraitement la radio qu’il avait un homonyme, ou alors un frère, un cousin, un type situé à l’extrême droite, avec lequel il serait fâché depuis longtemps.
C’est vrai, à la téloche, ce type un peu fielleux ayant l’air de sortir d’une traction avant de la milice ressemblait drôlement à mon Robert Ménard chef de cordée, quoiqu’en version plus pincée, plus grise.
Il a bien fallu que je me rende compte que j’avais affaire au même homme. Tout cela me rendait perplexe. Change-t-on à ce point ? Etait-ce l’effet d’un vieillissement précoce ? L’usure des rails peut provoquer la chute d’un beau TGV, après tout…. Ou s’était-il trompé à ce point sur lui même ? Ou alors nous nous étions trompés à ce point sur lui ? A moins qu’il y ait au cœur de chaque homme une part de mystère ? Le bien le mal, le ying et le yang comme deux balles qu’on lance en l’air, avec parfois le risque que l’une tombe par terre. …
Sans compter l’explication médicale, le syndrome du choc frontal.
Allez savoir si le gars un jour n’avait pas été éjecté d’un train au bout du monde, en Chine où il s’était fait remarquer dans sa défense des droits de l’homme, des mots qu’on ne traduisait plus là bas ; Ou était il tombé du haut d’un immeuble comme Sylvain Tesson l’avait fait un soir de cuite...
On se relève plus ou moins bien, les copains vous demande « Ca va.. ? » Vous les rassurez, vous époussetez votre pantalon. C’est à peine si vous vous êtes aperçu de cette petite bosse sur le front…. Mais pourtant à partir de ce moment là on ne vous reconnaît plus. Comme si un autre s’était glissé en vous, passager clandestin de votre vie. Il vous vient comme un strabisme du regard qui vous fait sauter les rails de votre petite loco, vous faisant insensiblement passé du rail de gauche à celui de droite.
D’ailleurs y a-t-il un hasard ? Généralement, ceux qui ont été gâté par la vie vous répondront que non ! Que tout est du à leur mérite. Les autres oui.
Tout dépend donc dans quel compartiment on est assis au départ. Généralement le même d’ailleurs qu’à l’arrivée. En première ou en deuxième classe. Excepté ceux qui voyagent sans billet. Mais mieux vaut les ignorer, faire comme s’ils n’étaient pas là. Ou alors les dénoncer aux contrôleurs, si on a le courage pour ça.
Je ne sais pas si Adolph Hitler fut victime d’une chute de vélo, en revenant de ce concours d’entrée à l’école des beaux arts, où de toute façon il fut recalé. L’humanité ne sans remettra jamais tout à fait. C’est dommage, Adolph aurait pu devenir un « créatif » ! C'est comme cela qu’on appelle ainsi tous ceux qui se lancent dans la manipulation publicitaire. D’autant qu’Adolph avait de vrais facilités. N’avait-il pas en 1918 alors qu’il était simple soldat un stage de formation de bourreur de tête ? Nous parlerons encore ici au figuré. Il s’agissait de former des gens possédant les éléments de langage pour faire front au communisme, et s’adressant à tous ces benêts en uniforme dans les cours des casernes ! Ne risquaient-ils pas de boire comme du petit lait les paroles de Lénine, de l’autre coté de la frontière. Un type qui prétendait que si t'as pas la médaille suprème du parti à 50 ans, t'as râté ta vie.
C’est ce qu’on appelle « L’enfance d’un chef »... Il y a ceux qui ne supportent pas la parole devant les autres, et qui se mettent à bredouiller, alors qu’on les croyait forts. Et puis d’autres, curieusement, qu’on ne pensait pas avoir ce don, et eux mêmes les premiers. Ils sont moches, petits, pas trop assurés, nuls en foot, toujours remplaçants, et puis un jour ils sont montés sur une scène à l’occasion d’une pièce de théâtre, que donnait l’école. Alors tout le monde s’est tu. Dès qu’ils ont pris la parole, on a senti qu’il se passait quelque chose.
« Quand tu l’as, tu l’as »… Comme disait France Gall dans cette belle chanson à propos d’Ella….. Ne pas glisser sémantiquement vers « Quand tu l’as, tue la !
Le pouvoir des mots est redoutable. Et ceux qui détiennent le verbe, ont le pouvoir... Les livres soi-disant saints sont pleins de ces prophètes montés sur une butte, et arrogant les foules, après avoir été bergers.
Je ne sais pas si Adolph avait petit un train électrique. Peut-être pas. Allez savoir si ce n’est pas pour cela qu’il voudra devenir chef de gare en chef, et qu’il mettra tous les trains d’Europe au service de son projet pervers. Trains sinistres, où il faut le dire, les aiguillages ne fonctionnaient pas tous seuls, et étaient dans la tête des administrateurs de ce système abject.
Je ne sais pas ce qu’il penserait de cela, si tant de colère est vraiment adaptée. Je veux parler de la réponse accordée à la dernière provocation de Ménard, fidèle à lui même, avec cette façon particulière d’interpeller par voie d’affiche…... Vous savez, cette femme ligotée sur les rails, alors qu’au loin se profile une locomotive…. Image portée par un message brut de coffrage « Avec le TGV elle aurait moins souffert ! »...
Est-il utile de sortir la clé passe-partout habituelle, celle l’on sort dans ce genre de situation. Je parle de la sortie plus ou moins apocryphe attribuée à Voltaire ; « Je ne suis pas d’accord avec vous, mais je me battrais pour que vous puissiez l’exprimer ! »
« Il se sert du corps de la femme pour faire passer des messages populistes et la met en scène en victime de violences. Alors qu’une femme sur trois est victime de violences au cours de sa vie, M. Ménard ne mesure toujours pas la souffrance physique et psychologique qu’engendrent ces atteintes à leur intégrité, pas plus que la mobilisation contre ces violences faites aux femmes qui est une priorité du gouvernement. »
Belle déclaration ! Mais cette indignation n’est elle pas à géométrie variable, et surjouée ? Il n’y a pas plus réactionnaire que la publicité ! Celle ci nous entoure, nous agresse de ces messages consuméristes, jouant sur les pulsions primaires que sont l’envie, le besoin d’identification, la soif de pouvoir, ! Elle encourage les comportements d’addiction. Bref, elle nous aliène au moins autant qu’un commissaire du peuple de l’ex pays frère !
Ce message sera évidemment d’autant plus dangereux qu’il se cachera ses attentions sous tout un tas d’artifices élégants. Il s’attachera donc à viser votre inconscient, en retirant les fusibles de sécurité.
L'affiche "dite de Béziers", brut de coffrage, semblant sortie d’une bande dessinée, serait-elle par son aspect direct, encore plus trouble ? Pourtant elle ne vise qu’à créer un effet de sidération, propre à réveiller la réponse médiatique, le but finalement espéré :
« Nous la seule chose qui nous intéresse, nous dit monsieur Ménard ce 11 décembre sur france inter, c’est d’attirer l’intention sur le TGV ! Il y a 30 ans, 30 ans qu’on manifeste, qu’on pétitionne, qu’on essaie d’attirer l’attention des pouvoir publics ! On n’a toujours pas le TGV !…. Depuis 1883, c’est les mêmes deux voies de chemin de fer, qui arrivent à Béziers ; donc j’ai envie que ça change ! J’ai manifesté, j’ai pétitionné, j’ai été à Toulouse, à Montpellier, à Perpignan, avec les autres élus. Manifestement, on nous prépare une fin de non recevoir. On n’a plus envie d’attendre, donc on interpelle l’opinion publique, en faisant référence à de l’humour. . S’il y en a qui n’ont pas d’humour, je me demande comment il faut faire ? Qu’est ce que vous voulez ? L’ordre moral ? C’est ce que vous voulez, c’est ce que vous aimez ! Oui on peut faire des affiches insipides. Mais vous la presse, vous n’en aurez jamais parlé. Pardon de vous le dire mais comme les journalistes, j’ essaie de faire des titres accrocheurs. Pour qu’enfin cela attire l’attention du grand public, et au-delà du grand public, de nos décideurs »......
« Elle s'appelait Emilie, elle avait 34 ans et 4 enfants. En juin 2017, son mari l'a assassinée en l'attachant sur les rails du TGV. L'ignoble @RobertMenardFR la tue une 2ème fois »
L'ancienne ministre des familles, de l'enfance et des droits des femmes, Laurence Rossignol, a tenu ainsi à parler d'Emilie, une jeune femme de 34 ans tuée par son mari en juin 2017 après qu'il l'a attachée sur les rails du TGV. De son côté Marlène Schiappa a annoncé avoir saisi le préfet.
Robert Ménard aurait-il fait allusion à ce terrible fait divers, et par cela, ne se moquerait-il pas de la mémoire de la victime, et de sa famille ? Le pas a été franchi par Laurence Rossignol, qui a tenu à évoquer cette similitude, et a demandé le retrait immédiat de cette campagne, et veut engager des poursuites….
Extrait des paroles : -Et Jojo le Bouffi dans un sac fourrait Suzy, disant « Donne moi ton ranch, eh boudin ! Ou j’vais t’balancer sous le train ! » Puis il l’empoigna... Et alors ?
Ben il l’a ficela... Et alors ?…. Sur les rails il l’a fit rouler…. Et alors ??…. Ben le train arrivait, les copains…. Et alors ??…http://bit.ly/2AMsAwR
Il est vrai qu’on apprenait que Zorro arrivait juste à temps…... C’était dû sûrement aux trente glorieuses, où l'on trouvait toujours une solution, un sauveur de la société civile. A cette époque il est vrai que les trains arrivaient toujours à l’heure, et que le pays était pourvu de multiples gares, un reseau ferré qui était un vrai espace républicain, où les agents munis de grands bottins se faisaient fort de vous expédier de n'importe quel endroit à l'autre bout de la France…
.Ménard se prendrait-il pour Zorro ?... Il n’a rien perdu il faut l’avouer de son sens de la provocation, comme il le dit lui même.
L’affiche nous demande une complicité impossible, celle de demander au tueur de passer plus rapidement à l’acte. De refuser ce fameux « Encore cinq minutes monsieur le bourreau » que demanda Madame Du Barry sur l’échafaud. Pas sûr donc que le sadisme de l’acte, énoncé si crûment, puisse donner des désirs d’identification aux pervers potentiels, qui détestent qu’on leur impose un scénario.
Cette image pourrait être utilisée dans une campagne choc contre l’indifférence. On peut faire dire n’importe quoi aux images en changeant la légende. Il y eut une femme qui porta plainte, après avoir vu son image exploitée successivement dans des campagnes contre le proxénétisme, la solitude, l’alcool, le tabac… Tout cela parce qu’assise sur une chaise à prendre une consommation, dans une position que certains trouvèrent suggestive, elle avait été prise en photo à son insu par un journaliste qui vendit le cliché à une agence de publicité.
Il y a plus d’un demi siècle, Clouzot, au fait de sa gloire, se lance dans un projet hallucinant de modernisme cinématographique. C’était un film sur la jalousie, le pouvoir, la séduction, la perversion, thèmes chers au cinéaste, d’un film à l’autre.
Mais la production fut arrêtée. Il semble bien que le tournage, prisonnier des recherches formelles et mégalomanes du cinéaste, se soit transformé lui même en antichambre de l’enfer. Un document exceptionnel a été fait en exploitant les rushes, et reste visible sur arte jusqu’au 15 décembre, montrant les rouages de l’appareil, miné de l’intérieur. Quel scandale, si le film avait vu le jour ! ( L'enfer, film maudit : http://bit.ly/2AuDEln )
Les acteurs furent soumis à un régime qui fait référence au titre du film. Sur une scène, on peut voir Romy Schneider, ligotée sur les rails, sein à l’air, attendant que le fameux train homicide lui passe sur le corps. Romy Schneider - Scène du train (L'enfer) - YouTube http://bit.ly/2jyO77U
Au moins cette femme hurle, proteste contre le sort qui lui est fait ! Elle nous demande de l'aide, n'est pas complice des assassins .
C’est peut être notre devoir à tous de nous réveiller, de ne pas tomber dans les gros pièges qui nous sont tendus. De tacher de penser à ces représentations sur lesquels les enfants se construisent, les passages à l'acte s'établissent ; dans, et hors de trains et des voies ferrées plus ou moins balisées.
Nous avons tous à intervenir sur rles affaires du monde, sans attendre qu’un Zorro hypothétique nous sauve.
Il écrivit cette rubrique qui se nomme « le train bleu du soir ». En voici un petit extrait. Ne me demandez pas ce qu’il vient faire la dedans. J’ignore même s’il s’arrête à Béziers.