Robot(e) mon amour

par Double Genre
vendredi 3 mars 2017

ILS SONT STYLÉS, LIKES, BRANCHÉS ET AVEC LEUR PETIT DOIGT RAIDE, ILS VONT ENVAHIR LE MONDE !

« Qui est qui ? » est une pièce de théâtre de 1986, pleine d’humour et de tendresse qui évoque plutôt bien les avantages et les inconvénients des (futurs) mannequins robots. A l’heure actuelle, ces humanoïdes ne sont certes pas tout à fait prêts à entrer dans les circuits de distribution du grand commerce pour des raisons de fiabilité, mais ils existent d’ores et déjà dans les laboratoires japonais et chinois.

Michel Roux, le metteur en scène de la pièce de boulevard, met bien en évidence le fait les humains projettent trop souvent leurs propres phantasme sur les robot(e)s – le mot existe aussi au féminin – que de façon purement binaire, ils ne savent imaginer qu’en esclaves serviles ou à l’extrême opposé, en machines dominatrices, ou encore : en appareils à la conversation quelque peu empreinte de psittacisme et dotés de paroles au débit saccadé, tel celui que l’on prête volontiers aux personnes que l’on soupçonne d’être des génies.

Passant alternativement de l’admiration sans borne, à la crainte démesurée de ces artéfacts (du latin arte factus « fait avec art »), les humains en oublient que ce ne sont que des machines conçues par l’homme et qu’elles n’auront pas plus de fonctions que celles programmées par leur inventeur ...humain. Maintenant, si elles vous tombaient dessus, par exemple depuis la mezzanine du premier étage, c’est que vous aurez certainement négligé de prendre en considération que la gravité énoncée par Newton s’applique aussi aux robot(e)s et qu’avant d’appuyer sur le bouton « on », faudrait-il encore avoir bien lu la notice d’utilisation qui à l’instar de celle d’un véhicule automobile, aura l’apparence d’un manuel assez épais, mais que malheureusement, on ne parcourra pas plus que celle de nos smartphone sur lesquels on se jette dessus, dès la sortie de leur emballage, faisant ainsi oeuvre de foi à notre seule intuition plutôt qu’à notre réflexion. Donc une estimation à minima du nombre de nos neurones disponibles à la compréhension.

En plus de son aspect charmant, le mannequin robot peut être aussi doté de fonctions sexuelles et mes amis sur FaceBook, n’hésitent pas à vilipender ma collaboration à une entreprise d’importation de mannequins (et non de « poupées », mot réservé aux enfants … mineurs). Pourtant ces humanoïdes de silicone, TPE ou autre polyuréthane sont aussi fortement plébiscités par des professions tout à fait respectables comme celle des photographes, des étalagistes de magasins de luxe, des fans de cette robotique dont on nous prédit qu’elle va envahir et révolutionner le monde des humains.

Comme David Vincent (Roy Thinnes) – l’architecte menant le combat contre les extraterrestres "au petit doigt raide" qui, sous une apparence humaine, infiltrent insidieusement la Terre afin de la coloniser dans Les Envahisseurs, (The Invaders), la série série télévisée de science-fiction américaine en 2 saisons de 43 épisodes de 48 minutes, créée par Larry Cohen et diffusée entre le 10 janvier 1967 et le 26 mars 1968 sur le réseau ABC, il y a donc bientôt 50 ans – les humains flippent comme des malades, dès qu’ils pensent à la très prochaine robotisation de la planète par des humanoïdes. Comme des schizophrènes, ils semblent atteint de cette maladie psychique grave, qui s’accompagne d’une perte du contact avec la réalité, de délires, ainsi que de modifications significatives du comportement, du langage et même de la pensée : les patients devenant souvent incapables de faire le distinguo entre leur propre perception et la réalité des évènements.

On reproche enfin à l’amateur de "mannequins d’amour" (love doll) d’être souvent par trop accros à leurs ersatz de silicone (si l’y conne l’y pas intelligente). Ces derniers reproduisent de façon quasi parfaite le corps humain dans son entier et donc aussi, dans ses parties … génitales ; soit autant de trous, « des p’tits trous, encor des p’tits trous » que tels Le Poinçonneur des Lilas du regretté Serge Gainsbourg, le véritable « mannequinomane » (mot forgé pour cet article) a toujours hâte de rejoindre au pieu, pour « vivre au cœur d’la planète » des mannequins hyper réalistes et avoir « dans la tête, un carnaval de confettis » qu’il amènera avec sa belle « jusque dans son lit. »

Mais même si cette utilisation, comme godemichet grandeur nature, de ces « bouts de plastique », semble réprouvée par la morale des trois « grandes » religions (sectes ?) monothéistes, elle n’est pas plus incongrue, ni ne représente un détournement plus contre nature que – par exemple – celle qui serait pratiquée par une épouse délaissée, ayant décidé dans sa cuisine, d’utiliser les concombres récemment acquis sur le marché aux légumes du mardi matin, à tout autre chose qu’à ... confectionner des salades.

Enfin, bien qu’il soit facile de supputer que toutes les tâches qui seront confiées aux robot(e)s, pourront aisément alléger les tâches ménagères, artisanales, industrielles, professionnelles …etc, soit une décharge sur la machine des activités humaines dévalorisantes, dégradantes, ennuyeuses … elles sont systématiquement dénigrées par les partisans des thèses qui aiment menacer de la prédiction d’une explosion du chômage pour cause de concurrence homme-machine et des addictions de toutes natures (alcool, drogue … lissage de poireau) suite au désoeuvrement forcé du prolétariat. En fait ; selon eux, les robot(e)s seraient les complices de la fainéantise et de ses plaies pour les mêmes raisons évoquées par ceux qui ne veulent pas du « revenu universel » qu’ils accusent des mêmes maux que ceux qu’ils prêtent à la « robotisation planétaire ».

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Film : 1986 – « Qui est qui ? »
Mise en scène de : Michel Roux, d’après une idée de Jean Barbier.
Acteurs : Jean Lefebvre, Alain Lionel, Olivia Dutron, Muriel Montossey, Blanche Ravalec et Patrick Keller.
Source : YOUTUBE – (vidéo complète) ajoutée le 30.01.2017
Commentaires et mise en page de : Double Genre, alias de Lio de France pour Dollsexy®.


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