Royal déclare forfait !

par Voris : compte fermé
lundi 23 avril 2007

Aussi éteinte que la lumière qui lui a fait faux bond, Ségolène Royal a tenu hier soir un discours de perdante. Pourquoi a-t-elle tant tardé à intervenir ? Mon hypothèse est que ses conseillers ont dû se disputer entre deux options : appeler le centre en renfort ou considérer la présidentielle comme déjà perdue pour le PS et se positionner en vue des législatives. C’est cette seconde et funeste solution qui a été retenue.

Le syndrome Colombani a fonctionné : "On doit voter à droite OU à gauche ?" Aussi simple que le principe "Une porte doit être ouverte OU fermée." Ce "ou" exclusif - idéologiquement et dangereusement exclusif - ferme définitivement la porte que certains membres du PS (Rocard, Kouchner) avaient voulu ouvrir au centre. Mais c’est le propre des idéologies d’enfermer les citoyens dans des choix binaires, manichéistes et d’abuser du "ou" exclusif, comme c’est aussi la fonction récurrente de ces idéologies de rattraper les brebis égarées de la pensée officielle et qui mettent en péril le parti.

Royal a déclaré forfait donc en n’en appelant pas au ralliement des centristes. Elle pouvait lancer un appel vibrant pour appeler vers elle les électeurs de l’UDF ; elle ne l’a pas fait. Tout se passe comme si le PS et l’UMP reprenaient la formule qu’ils ont employée il y a un mois : "Le moment Bayrou est passé". Les deux partis veulent ignorer ce centre, persuadés que l’effet Bayrou va se dissiper ou que le président de l’UDF va se décourager. Ce mépris ne portera pas loin et il témoigne surtout d’un mépris envers les presque 19 % d’électeurs qui ont voté pour François Bayrou.

Pourquoi selon moi Royal a-t-elle déclaré forfait ? Tout simplement parce qu’elle considère que la présidentielle est perdue pour elle et qu’il faut se mobiliser pour remporter des circonscriptions aux élections législatives. Dans cette optique, l’alliance avec les archaïques communistes est plus pragmatique, jugée plus efficace.

Deux leçons à en tirer : Alors que le PS avait fustigé l’esprit d’alliance de François Bayrou, il revient pourtant sans hésiter au jeu des alliances traditionnelles. Seconde conclusion : Royal se déclare par avance perdante au second tour de l’élection présidentielle (Chacun aura pu le sentir à la lecture inhabitée de son discours...).

Pour finir, un peu de politique fiction : Bayrou est qualifié pour le second tour. Selon vous, aurait-il rendu les armes de façon si ostensible ou se serait-il battu à la façon qu’on lui connaît pour vaincre Sarkozy ?


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