Salon de l’Agriculture : précautions d’usage pour un retour gagnant

par b.mode
samedi 21 février 2009

Le salon international de l’Agriculture 2009 ouvre ses portes samedi. Problème. Vous devez arpenter de 9h30 à 11h les allées de l’endroit car depuis un bail ceci est la coutume quand vous êtes à la tête de l’état gaulois. Afin de ne pas rééditer la performance calamiteuse de l’an passé, vous réfléchissez à une nouvelle formule pour visiter la plus grande ferme de France, selon la formule consacrée. Le moins que l’on puisse dire est que votre première apparition porte de Versailles, restera à jamais dans les annales de la communication présidentielle bas de gamme. Alors comment faire pour éviter un nouveau couac et esquiver huées et insultes ?

Tout d’abord, prononcer deux jours avant la date fatidique, un discours sur les grandes orientations agricoles de la France pour les années à venir, dans le cadre bucolique et pépère d’une ferme modèle du Maine et Loire. Avantage, le proprio est aux petits soins pour votre pomme et vous abreuve de salamalecs. Manquerait plus qu’il refuse de vous saluer, ce péquenot angevin ! Certes, il vous fatigue un chouia quand il vous énumère les avantages de posséder un taureau plutôt que de recourir à l’insémination artificielle…



Mais, bon, pendant ces élucubrations, vous admirez d’un air inspiré les naseaux d’une vache laitière prénommée Noiraude. Ça aide. Vrai, l’ambiance entre carottes et navets avec le sourire lippu de Roselyne en sus est aussi sexy qu’un week-end en maison de retraite à Bourbon-l’Archambault . Mais qu’importe ! La visite est un franc-succès. La basse-cour locale au complet a apprécié. Même les paons, les poulets et les dindes ont applaudi. C’est dire. Un peu de brosse à reluire, ça vous requinque un quinquennat !

Dure réalité, il faut quand même y aller à ce foutu salon. Sinon, ça jaserait. Vous savez comment sont les gens. Médisants et moqueurs. Surtout les journaleux. Pis, les paysans, déjà qu’ils préféraient Chirac. Pas la peine de leur donner du grain à moudre. L’idéal serait de cadenasser l’espace comme à Nîmes. Des hordes de CRS quadrillant le 15ème, rien de plus efficace pour calmer les ardeurs des plus récalcitrants à votre présence sur place.

Faudrait aussi vider le lieu maudit des agriculteurs rebelles et voir à les remplacer par des figurants de l’UMP ou du MEDEF. Un peu comme dans l’usine Peugeot de Vesoul, où on avait intimé l’ordre aux ouvriers de rester chez eux pendant la visite de votre altesse sérénissime. Et qu’on avait seulement conservé les plus dociles. Ceux qui étaient susceptibles de faire la claque. Ou comme chez Vallourec, pendant la campagne électorale, où “on avait affublé des cadres et des employés de bureaux de casques et de bleus pour garnir les premiers rangs de l’assistance”…

Restent les 600 000 visiteurs prévus et les 4500 animaux parqués là-bas. Le hic, ce sont surtout les premiers. Pour les bêtes, nul doute que votre éminence saura prendre le taureau par les cornes. Surtout si on lui a fait ingurgiter la veille une bonne dose de tranquillisants. Pour les autres, il suffira d’interdire l’entrée aux fâcheux pendant une heure et demi. Pour le bain de foule, faudra repasser. L’année prochaine si tout va bien… Comme le rappelait en substance le baron Pierre de Coubertin, l’essentiel n’est-il pas de participer ?


Lire l'article complet, et les commentaires