Samuel Paty assassiné une seconde fois par des rapports farfelus ?

par Coeur de la Beauce
vendredi 8 janvier 2021

Quand un drame social survient, nous pouvons compter sur les sondeurs, sociologues et statisticiens pour étudier et rassurer l'opinion publique à défaut de donner des solutions. L'affaire Samuel Paty est un cas typique. Café pédagogique du 7/01/2021 revient sur une étude de la CNESCO (le conseil d'évaluation de l'enseignement scolaire) concernant les "atteintes à la laicité" dans les écoles françaises, ainsi que sur un sondage Charlie-hebdo et fondation Jean Jaurès.

Pour résumer, le sondage annonce que 80% des profs ont déjà eu des soucis avec des élèves suite à des revendications religieuses. Demande de repas hallal ou casher à la cantine, refus des sorties à la piscine et des visites de lieux de culte chrétiens, tentatives de déscolarisation... Votre narrateur peut ajouter sa propre expérience des élèves qui refusent d'assister aux cours de musique du collège pendant le ramadan, les chaises rouges retirées des classes et le silence forcé des élèves musulmans après le meurtre de Samuel Paty.

Rien de bien surprenant, ni de nouveau. C'est ainsi en France depuis une trentaine d'années. Le clou de l'article du pourtant très rebelle café pédagogique, c'est la seconde partie consacrée à l'étude la CNESCO. Nos statisticiens détachés et rémunérés à faire des études au ministère, bien à l'abri de la fureur des collèges de banlieue, nous apprennent que la plupart des élèves de quartiers sensibles et d'ailleurs partagent les valeurs de la république, adhèrent à la laicité, et que tout le monde est tolérant, ouvert à la diversité et aux croyances. Tout va très bien, madame la Marquise...

D'ailleurs, les cours d'EMC (éducation civique) suffisent à convaincre les élèves les plus sectaires d'adhérer aux valeurs de leur mère-patrie. Les profs d'histoire-géo sont formés et habitués à cela, et c'est François Jarraud, l'auteur de l'article, qui vous l'affirme. Le pauvre Samuel Paty était peut-être un peu léger en pédagogie participative, une des tartufferies post-soixantuitarde dont raffolent les sites pédagogiques ?

C'est un des grands tabous de l'EN. Quand un enseignant se plaint de l'indiscipline et des incivilités de ses élèves, on trouvera toujours des chiens de garde pédagogistes pour le traiter d'incapable et lui conseiller de revoir ses méthodes. Positivons en notant que les nouvelles lois contre le harcèlement moral concernent aussi ces attitudes inamicales. Pas un mot ne figure, en outre, dans le rapport concernant les nombreux incidents dans les collèges et lycées au moment des hommages à Samuel Paty, mais il devait s'agir d'exceptions : il ne faut pas généraliser...

Pour en revenir à nos moutons républicains, ceux d'entre vous qui n'ont pas encore éclaté de rire devant les conclusions du rapport de la CNESCO risquent de tomber de leur chaise face à la conclusion de François Jarraud :

"Face aux agitateurs d'angoisse, le rapport du Cnesco apporte des données claires. Il n'y a pas de problème grave de laïcité dans les établissements. Ceux ci savent gérer les problèmes quand ils arrivent."

Est-ce du second degré ou de la langue de bois ? Jarraud est lui même prof d'histoire-géo, classé très à gauche. Il a beaucoup réagi après la décapitation de son collègue et dénoncé les zones d'ombres du dossier. Certes, chacun connait les connivences entre extrême-gauche et islamistes, les uns se servant des autres comme bétail électoral au nom de la défense du nouveau prolétariat. Les seconds trouvent leur compte en s'appuyant sur les premiers pour s'implanter durablement dans les quartiers : manifestations contre la police, couverture des trafics, harcèlement envers ceux qui s'opposent aux constructions de mosquées etc. Toutefois, l'attitude de François Jarraud laisse perplexe face à un tel degré de conformisme, à moins bien sûr que sa conclusion soit ironique...

Plus grave, un nouveau terme figure dans le rapport. Après les "complotistes", voici les "agitateurs d'angoisse". A priori, ce qualificatif s'applique aux citoyens inquiets de l'islamisme radical qui se diffuse à grande vitesse. Parler des trois cents morts des attentats, des égorgeurs, des rappeurs qui appellent à tout brûler, des quartiers populaires devenus impraticables, ce serait agiter l'angoisse. Mais de qui, au juste ? Des bobos qui ne sortent jamais de leur quartier protégé ? Des électeurs bien-pensants de la campagne bretonne, nourris d'émissions TV à la gloire du vivre-ensemble depuis quarante ans ? Des journalistes qui refusent de se remettre un peu en question ?

A défaut de proposer des solutions au séparatisme de certains quartiers et de s'attaquer à la violence des islamistes radicaux, nos pouvoirs publics font de l'enfumage digne d'un régime totalitaire, avec la complicité des gogos habituels (permanents syndicaux et autres planqués...). On ne résoudra aucun problème par la politique de l'autruche et la désinformation. Un peu de courage et de volonté, voilà le message posthume de Samuel Paty...

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2021/01/07012021Article637456016709310699.aspx


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