Sans doute, les Bleus n’iront pas au Mondial en 2010

par Bernard Dugué
mardi 20 octobre 2009

Et j’aurais ajouté à la fin du titre de ce billet, bon débarras. Mais ne comptez pas sur moi pour jouer les Guillon de service. Ce serait franchement trop méchant que de souhaiter la mort des gens, comme chantait Dominique A, et la défaite d’autres gens, au maillot coloré en bleu. La justice du jeu tranchera et comme on le sait, un résultat repose sur une combinaison de facteurs très nombreux pouvant faire basculer un match. Pour l’instant, le tirage au sort n’a pas été favorable. L’Eire était le barragiste à éviter. Trois chances sur quatre d’y échapper, c’est raté. Le match sera donc serré. Tous les commentateurs misent sur la France mais les Bleus devront sortir un jeu non seulement beau mais aussi efficace. Sinon, un suspense digne de la roulette russe pourrait également s’inviter pour troubler la fête. Cinq défenseurs sont dans le rouge, susceptibles d’être suspendus en cas de carton jaune envoyé par l’arbitre lors du match aller le 14 novembre. Pareil pour Gourcuff qui a intérêt à bien se tenir, se contrôler, ne pas laisser filer un geste intempestif comme on en voit souvent, y compris chez un grand comme Zidane dont on se rappelle la suspension après un carton rouge lors d’un geste malheureux, le tout suivi d’une élimination de la France au premier tour dans le Mondial de 2002 en Corée.


Mis à part ce qu’on peut appeler les accidents et les coups du sort, que les Romains auraient interprété comme signe du destin assigné par les dieux du panthéon administré par Zeus, nos dieux du stade auront intérêt à être adorés par un public acquis à leur cause. Et là, c’est sûr, on peut compter sur le sentiment patriotique des Irlandais qui comme les Anglais ou les Ecossais, savent savourer quelque agapes nationales, y compris en chantant un hymne devenu presque national dont l’enregistrement est inclus dans un morceau des Pink Floyd figurant sur l’album Meddle. Entre les Britanniques et leurs équipes de foot, c’est une histoire d’amour, fidèle, sincère. Entre les Français et les Bleus, c’est aussi des histoires d’amour mais qui en général, finissent mal. Sauf quand l’équipe peut ramener la récompense suprême un jour de juillet 1998. Cette année là, la France n’a même pas eu besoin de passer par les matchs de qualification car elle était organisatrice. Alors qu’en 1993, on se souvient de cette rencontre d’anthologie au Parc des princes, avec une France battue sur le fil, suite à une bourde de Ginola qui restera dans les annales du cauchemar footballistique. Cette année 1993 présente quelque similitude avec l’année 2009. Affaires, crises politique, grosse récession, chômage. La France a le blues mais saura-t-elle aimer les Bleus au point de répondre à l’appel de Domenech adressés aux supporters avec une solennité qui n’a rien d’une déclaration du 18 juin et du reste, Domenech semble plus doué pour une demande en mariage adressée à sa compagne, que pour une invitation lancée aux supporters pour deux soirées romantiques les 14 et 18 novembre prochain ?


D’après le sélectionneur, la soudure des joueurs se précise, se consolide et l’équipe se situe dans une phase ascendante. On n’en sait rien mais quoi qu’il se passe, il est naturel que Domenech jure que tout est en bon état de fonctionnement, que l’ambiance chez les Bleus ressemble à une réunion de bisounours et que tout sera sous contrôle. On connaît bien les dissensions passées et on n’accordera ni la confiance ni la défiance aux Bleus. L’équipe de France semble en disgrâce auprès du public. On se souvient de ce supporter en larmes, déçu de ne pas avoir pu approcher ses idoles. Alors que Yannick Noah ne se prive pas de dénoncer le côté hautain et méprisant d’un groupe de joueurs devenus incapables d’établir un lien avec le public alors qu’ils font leurs petites fêtes entre eux, sur fond de grandes affaires. Nous méditerons sur le sort du joueur de foot qu’on met bien plus facilement en quarantaine qu’un grippé H1N1. Mais l’objectif est inverse. Les joueurs sont maintenus à l’écart de la presse et du public pour ne pas être contaminé par on ne sait quel mal émotionnel et autre mécréance intempestive des Français rouspéteurs. Les seuls contacts autorisés se font dans un sas de décontamination qu’on appelle salle de presse. Ces mœurs sont assez significatives de notre époque qui voit une séparation progressive des élites et des gens. Avec en toile de fond l’arrivée d’une nouvelle génération de parvenus. Il est vrai que quand on palpe 100 000 euros par mois, voire le double ou le triple, on perd le sens des réalités. A se demander si les joueurs de ce niveau ont encore une conscience de jouer pour le plaisir des spectateurs. Le coaching doit être sévère et le dopage plus psychique que chimique. Le moral, le mental, la passion, ce sont des ingrédients déterminants qui pourraient bien éliminer la France du Mondial 2012. Attendons mais s’il est malsain de souhaiter la défaite des Bleus, il n’est pas garanti qu’on puisse leur souhaiter le meilleur destin possible car ces joueurs se la jouent un peu trop pour qu’on donne un zeste de passion afin de les supporter.


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