Sarkoshow : quand Sarkozy se fout des Bretons !
par Algy
lundi 27 août 2007
Si certains s’interrogeaient sur l’intérêt du contenu du best-seller annoncé de Yasmina Reza, les Bretons, quant à eux, y auront appris ce qu’en substance le futur président Sarkozy pensait d’eux et accessoirement du Cross Corsen ! Dans L’Aube la nuit et le jour, l’auteure rapporte une déclaration off du candidat UMP dans l’entre-deux-tours, qui fera sans doute jaser dans le landernau politique et ailleurs :
« Qu’est-ce qu’on va foutre dans un centre opérationnel sinistre à regarder un radar ? Qui a eu cette idée de demeuré ?... Je me fous des Bretons. Je vais être au milieu de dix connards en train de regarder une carte ! (...) Derniers jours de campagne dans une salle à voir une carte ! Grand sens politique vraiment !... »
Voilà des propos qui ont le don d’indigner les Bretons, ces gens fiers d’eux-mêmes et d’une région qu’ils portent au cœur même lorsqu’ils vivent loin de cette terre natale.
Je ne m’étendrai pas sur l’utilité du Cross Corsen pour surveiller le rail d’Ouessant ; et pourtant, il y aurait de quoi écrire au sujet des périls et des menaces encourus par la Bretagne à cause de cette dangereuse autoroute de la mer insuffisamment contrôlée ! Je soulignerai davantage l’apparente contradiction entre cette déclaration et la compassion affichée du président lors des obsèques du patron pêcheur de Plouescat.
Sarkozy a déclaré vendredi qu’il n’avait pas lu le livre de la dramaturge, assurant n’avoir autorisé ni interdit "quoi que ce soit" concernant ce projet. C’est tout à son honneur ! Mais en même temps, une erreur dans la communication de ce fin stratège ne se serait-elle pas glissée là ?
La machine du Sarkoshow pourrait-elle se gripper ? Evidemment, ce serait être naïf que de penser que les hommes politiques, a fortiori lorsqu’ils sont en campagne, sont toujours aussi enthousiastes et intéressés qu’ils le laissent paraître par toutes les visites que leur directeur de campagne a consciencieusement inscrits au programme. On imagine bien entendu qu’ils se fichent éperdument de ce qu’on leur montre et des gens qu’on leur présente, fussent-ils les dignes représentants de « cette France qui travaille », même les 1er mai ! Seuls comptent la petite phrase et le cliché que la presse retiendra le lendemain ou le soir même au 20h00...
Pour le Sarko candidat, comme pour le Sarko président, occuper le terrain médiatique par une omniprésence calculée, voilà le secret d’une communication réussie ! Quitte à jouer parfois le comédien, l’hyperprésident se plaît à orchestrer le Sarkoshow où s’entremêlent habilement politique et people (ici et là). Consentons à reconnaître que la communication est consubstantielle à cette politique moderne qu’il veut incarner ; mais pour paraphraser Rabelais, communication sans action n’est que ruine de la politique !
Cent jours, c’est, il est vrai, un peu court pour juger la présidence Sarkozy. Ceci dit, tout observateur de la vie politique française s’interroge et se demande si la promesse de cette agitation communicationnelle sera bien récompensée par une action politique à même de secouer cette France apathique : en un mot, mettre en œuvre le programme sur lequel Sarkozy s’est fait élire.