Sarkozy a fait de moi un révolutionnaire

par Imhotep
vendredi 19 septembre 2008

 Permettez-moi de partir à l’envers : le point d’arrivée, ou plutôt un point pour fixer une date, vendredi 5 septembre. Le "limogeage" du coordinateur de la sécurité en Corse, Rossi, pour cause de colère royale n’est pas un exemple anodin. De Syrie, en discussion avec un dictateur, le guide de France, déclare tout en habituelle contradiction que ce n’est pas lui qui a demandé l’acte punitif à la suite du fauchage de l’herbe du jardin de Jacouille, mais que : je fais respecter la loi en Corse ! Et alors que les bourses s’effondrent, il déclare avec son sourire satisfait qu’il a passé une petite nuit (tout content de jouer à un ware game avec la libération des otages aux abords de la Somalie) et qu’il aura l’occasion de s’exprimer sur le sujet plus tard fuyant ses responsabilités.

 Cette affaire Rossi n’est pas anodine car si tout manquement à des règles doit être sanctionné il se doit que cela se fasse aussi dans les règles et équitablement en regard de tout autre acte similaire. Cette affaire, car il s’agit bien d’une affaire, se rapproche en toute logique de l’affaire de Carcassonne où furieux le chef des Frances, des Navarres et toutes les Europes, l’ami des rois du désert et de la Chine triomphante, a déclaré en public que l’armée était formée d’incapables et que les sanctions allaient tomber. Entre parenthèses, alors que se révèlent peu à peu les circonstances de l’embuscade d’Afghanistan, alors qu’il y eut là-bas mort d’homme, on n’a pas entendu tant de violence ni de demande immédiate de sanctions, et quand on s’aperçoit que dans Paris-Match des talibans s’ornent de leurs trophées français dont la montre d’un des morts. La transparence mère de toutes les patries sarkozyaques a ses limites. L’affaire Clavier n’est pas anodine car, dans cette Corse, de nombreuses villas ont explosé et le bureau du président de l’Assemblée corse fut vandalisé et brûlé, sans que le guide ne s’exprime, sans pour autant que quelque chef de quelque police qui soit ne fût sanctionné. L’affaire Clavier n’est pas anodine car, en Corse, les assassinats succèdent aux assassinats sans que pour autant aucun général de gendarmerie ne fût limogé. L’affaire Clavier n’est pas anodine car, pour quelque coupable que ce soit, il y a avant tout une enquête, ensuite un débat contradictoire (et ce d’autant que le sieur Rossi dans Le Monde s’explique et justifie de n’avoir commis aucune faute) et qu’ensuite après enquête et débat contradictoire la justice passe. Sans débat contradictoire cet acte, dont on apprend par Corse Matin qu’il est la conséquence d’un Clavier furieux qui a téléphoné à Sarkozy devenu furieux. C’est ce que l’on appelle le fait du prince justement. C’est-à-dire que l’on se rend compte de cette affaire qui n’est pas anodine que Sarkozy agit, par la colère et surtout qu’il a la propension à se prouver qu’il existe par le pouvoir de nuisance qu’il possède et dont il use et abuse. Il n’a aucune autorité, légale, constitutionnelle, démocratique et morale pour demander et, le plus grave, obtenir le déplacement d’un officier de police dans ces conditions.

 
Ce qui est fascinant chez Sarkozy s’est sa volonté inimaginable de tout contrôler et de décider pour tous. Alors qu’il est en Syrie, il trouve le moyen de justifier cette affaire Clavier, d’utiliser cet abominable argument que ce n’est pas parce que Clavier est son ami qu’il mérite moins de justice qu’un autre, comme il nous avait sorti qu’il ne méritait pas plus de bonheur qu’un autre, mais pas moins. Or, dans cette affaire, la police mène son enquête et donc Clavier n’est pas un justiciable qui doit s’en plaindre quand d’autres ont leur villa pulvérisée ou sont soumis au racket. Sa villa est même pour l’heure protégée comme s’ils allaient revenir ! Il ramène tout à lui, jusqu’à la mort des soldats français dont, au lieu de laisser un deuil digne aux parents des victimes, il nous fait le coup organisé et déclaré de la solitude du chef de l’Etat. Il est inimaginable comme j’ai trouvé cette attitude indécente et déplacée. Jusqu’à la mise en scène avec médias complices qui ont ensuite parlé de la grandeur de la fonction et de la profondeur qu’avait enfin atteinte Sarkozy. Si, un jour, un responsable politique peut parler de la solitude du pouvoir - ce qui dans son cas n’en est que l’aspect opérationnel, et non le poids moral - cela ne se fait que lors d’un entretien, ou d’un retour sur ses actes dans un livre de mémoire, mais jamais, au grand jamais, devant des cercueils dont on doit s’abstraire et non attirer à soi la compassion.
 
Sarkozy a pour repères et point de mire l’argent et la gloire. La puissance du fort sur le faible. Voici quelques exemples qui méritent le détour : il ne suit pas les règles légales ni du divorce (le juge se déplace chez lui le mardi après avoir reçu le lundi Cécilia alors qu’il doit y avoir chez le juge une réunion contradictoire) ni du mariage (les bans ne sont pas publiés, le mariage n’est pas public et ne se fait pas à la mairie), il est inscrit sur les listes électorales après la clôture de celles-ci, sa déclaration d’impôts n’a pas été déposée dans les délais, ni en direct ni par internet, le problème n’a été réglé que fin août, il s’attribue en toute illégalité de mi-septembre jusqu’au 31 décembre 2007 la prolongation de sa rémunération de ministre qui ne pouvait courir que six mois depuis sa démission en mars 2007, il nomme de façon tout à fait anticonstitutionnelle les ministres, d’une part, avant même son entrée en fonction et, d’autre part, quand c’est au Premier ministre de le faire, il décide de loger à la Lanterne qui est le logement de fonction du Premier ministre alors que Villepin est encore en fonction et lui pas encore en place, seulement élu, mais non encore président ce qui cumule deux incongruités et deux abus de pouvoir, il déclare devant le Parlement anglais que des troupes françaises iront en Afghanistan sans en parler avant aux Français, il annonce devant le Crif qui n’est pas l’ambassade d’Israël sa venue dans ce pays mélangeant confession et nation, il flatte Dieu au Vatican et en Arabie saoudite, il court chez tous les dictateurs à qui il offre la reconnaissance internationale...
 
Marianne a fait un article sur la folie de Sarkozy. Avec d’autres, avant son élection, j’avais tenté de prévenir autour de moi du danger que représentait cet homme pour la France. Sarkozy, fort de son attirance pour la réussite marquée au sceau du Veau d’or, propose une société où l’on confond force et brutalité, justice et force, où la misère est considérée comme une tare dont seule est responsable la paresse et le manque de volonté. C’est un monde dur pour ceux qui réussissent et le plus souvent en trichant. La commission parlementaire réunie pour éclairer l’affaire Tapie nous apprend de façon hallucinante que ce n’est pas entre 20 et 40 millions d’euros que Tapie va toucher, mais entre 106 et 140 millions d’euros ! On cauchemarde. Le chiffre avancé le plus probable est 132 millions d’euros. Tout ce monde qui se met en place avec la complicité d’une cour bavante et immorale, honteuse et lâche, ne peut être accepté. Ce qui est affolant c’est que personne au sein du pouvoir ne s’oppose à lui. Il fait ses réunions avec l’UMP au sein même de l’Elysée, ses ministres sont en même temps les dirigeants de l’UMP, il bafoue Fillon avec joie et convoque à l’Elysée une sorte de conseil des ministres bis, composés de sept mercenaires de la communication et dont le Premier ministre selon la constitution est exclu. Les médias, après une petite cure de rébellion entre mars et juin, reviennent petit à petit dans le giron de l’admiration aveuglée (le manteau de la solitude, les négociations de la Géorgie, l’UPM...).
 
J’en arrive au principal. Mes pensées politiques ont toujours été, et le sont toujours, tournées vers un humanisme tolérant. Je me suis toujours senti proche du centre et, actuellement, du Mouvement démocrate, sans jamais avoir dévié. J’étais contre cette idée de deux clans qui s’affrontent, j’approuvais, et j’approuve, ce que Giscard écrivait dans son livre 2 Français sur 3. Vouloir trouver des solutions en commun pour un monde plus juste, dans un monde libre et démocratique. Sarkozy nous offre l’opposé de ce en quoi je crois. On ne peut rester assis à ne rien faire. Il y a un moyen qui a son utilité car nous sommes tous soit plus ou moins paresseux, soit pris par le temps. On râle au quotidien, on s’offusque, puis on passe au suivant. Il se trouve que j’ai écrit un livre qui n’a rien de la compilation de mes articles. C’est plus et différent. Il couvre une année de Sarkozy, la première, plus en bonus (enfin si l’on veut) les articles écrits de mai à début septembre. Cela m’a pris du temps. J’avais la possibilité de le faire éditer. Mais dans ce combat que j’ai décidé de mener, deux idées me sont venues. La première est forte : je ne veux en aucun cas toucher ne serait-ce qu’un centime d’euro grâce à Sarkozy. Vendre grâce à son nom serait une insulte pour moi. Il se flatte de faire vendre alors je vais faire l’inverse : je vais donner. La seconde idée, dans ma révolte immense, est qu’il faut un bréviaire pour se rappeler tous les méfaits de notre guide illuminant. Avec ce livre, on sera stupéfait de l’accumulation de ses méfaits en un an. Je vous offre donc gracieusement ce livre que vous téléchargerez ici. Vous qui me lisez, vous savez un peu ma façon d’écrire et cela ne diffère que peu. Il y a seulement plus de recul et plus de correction. Ceux qui voudront faire des commentaires trouveront mon e-mail de bataille en début de texte, celui qui me relie à Agoravox. Ce que je souhaite ? Deux choses : 
 
1- que, s’il vous a plu, si ce combat est aussi le vôtre de le diffuser partout. Il devient le vôtre et de tous ceux qui se révoltent contre ce qui nous arrive. 
 
2- puisque c’est grâce à Agoravox que j’ai pu écrire ce livre que vous adressiez, pour ceux qui le souhaitent, en échange de ce livre, un don à la Fondation
 
Trotski qui n’est pas mon ami parlait de l’agit-prop. L’agitation qui est une idée simple diffusée au plus grand nombre, la masse. Un ennemi déclaré. La propagande, c’est la propagation des idées plus complexes et plus développées, selon lui à une élite. Vous êtes cette élite et donc propagez ces idées qui ici ne sont pas des idées, mais des réflexions à partir de faits historiques. C’est cela aussi la révolte. Et merci à tous ceux qui ont au travers de tous les commentaires de mes articles soutenu ce combat, et merci aussi à ceux qui n’ont pas été d’accord quand ils m’ont fait voir des erreurs que je commettais.
 
Vous pouvez télécharger ici : Les Douze Lunes du guide ou in Sarkozyae annus horribilis


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