Sarkozy : après les échecs, le poker ?

par Javel_PhR
samedi 11 février 2012

Comment sortir vainqueur de cette partie d’échecs s’interroge en se rasant (et nous avec) le présidat-candident Sarkozy ? Aura-t-il droit à plusieurs tours sachant qu’un des ses cavaliers a chuté à Compiègne, que sa dame n’est pas toute blanche, que ses pions sont dispersés et qu’il est entouré de fous ?

Car d’échecs, c’est bien de cela dont il est question. Echec sur l’emploi, échec sur le pouvoir d’achat, échec sur la réduction du déficit, échec sur la sécurité, échec sur la République irréprochable, échec sur la réforme de la formation des enseignants… Alors bientôt mat ?

A n’avoir pas su, pas pu ou voulu se défaire de son statut de Président des riches, à force d’avoir divisé les français pour mieux régner, d’avoir cédé aux clientélismes, parfois même aux communautarismes et d’avoir désespéré tous ceux qui avaient cru en lui, en son volontarisme, en sa rupture le tout sans obtenir de résultats probants, désormais « le roi est nu » ! Alors trop englué dans ses échecs, N. Sarkozy va maintenant jouer au poker en se persuadant, comme dans la pub, que ce n’est pas tant les cartes qu’on a en main que ce que l’on en fait qui peut encore lui assurer la victoire.

Les principaux candidats à l’élection présidentielle ont abattu une partie de leur jeu. Le bientôt candidat officiel de l’UMP dévoile tout juste ses premières cartes. La carte de la stature internationale avec le soutien d’A. Merkel. La carte du prétendu courage avec la TVA sociale. La carte de la droite traditionnelle et décomplexée dans un entretien à paraître ce week-end dans le Figaro Magazine.

Habituellement adepte de la stratégie de la triangulation, fait qui consiste à reprendre à son compte les propositions de ses adversaires politiques et de les faire aboutir contre son camp sans pour autant perdre le soutien de ce dernier, N. Sarkozy semble pour l’instant opter pour des thématiques clivantes et n’insister que sur son ancrage (très) à droite. Ainsi, il déclare être contre le mariage entre personnes de même sexe, contre le droit de vote et d’éligibilité des étrangers, pour renforcer la lutte contre les fraudes et l’assistanat ainsi que le contrôle de l’immigration.

Pour le plus grand plaisir des Mariani, Raoult, Luca, Myard et consorts, l’imminent candidat renoue avec l’ADN de la droite populaire. Influencé par P. Buisson (ancien directeur de Minute), le conseiller spécial du Président, le positionnement de N. Sarkozy s’inscrit dans un conservatisme des plus droitiers et sonne comme un appel du pied aux électeurs du FN. Doit-on y voir une stratégie ou, plutôt, coup de poker spéculant sur la non participation de M. Le Pen faute d’avoir réuni les 500 parrainages fatidiques ?

Les propos de C. Guéant sur les civilisations n’avaient donc rien de l’improvisation, ils sont, en fait, ceux du philosophe Y. Roucaute. L’OPA sur l’électorat FN continue.

La non représentation de Le Pen, si elle devait s’avérer, justifie-t-elle pour autant que l’UMP se réapproprie le programme du FN au point d’en reprendre ses thématiques, parfois même ses solutions ? Autrement dit, la fin justifie-t-elle les moyens ?

Et soudain, Sarkozy annonce deux referendums, l’un portant sur les droits et devoirs des chômeurs, l’autre sur l’immigration ou comment tenter de fédérer l’électorat en désignant des boucs-émissaires. Mais les Français préféreraient sans doute être consultés sur des questions plus cruciales telles l’emploi, l’Europe, l’Afghanistan…

Quelle ironie de l’Histoire d’entendre N. Sarkozy proposer, sans rougir, deux votations populaires, quand on se rappelle en quelle estime il tient l’expression citoyenne, avec quelle morgue il a bafoué le résultat du vote de 2005 ! Enfin, l’organisation de ces consultations est soumise à condition : celle de la réélection de Sarkozy. Une promesse en forme de chantage donc.

F. Hollande a raison de dire que « le prochain référendum, c’est l’élection présidentielle ». En effet, le « Non » à Sarkozy risque d’être le mobile principal des votants, bien avant d’être l’expression d’une adhésion à un projet.

Une dernière remarque en forme de question sur cette idée fixe de la droite sur l’assistanat et le chômage : comment se fait-il qu’en période de plein emploi, le nombre de chômeurs est réduit à portion congrue ! A croire que les gens, pour peu qu’ils en aient la possibilité, ne rechignent pas à travailler, non ?

photo : Lionel Bonaventure, AFP

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