Sarkozy cherche à comprendre

par Imhotep
mardi 13 juillet 2010

Comme je n’ai pas regardé la propagande sarkozyaque je ne peux parler qu’à partir de ses propos rapportés grâce à l’organe officiel du château, le Figaro.

Personne ne sera étonné que Woerth est définitivement blanchi et que l’affaire est close. Mais un détail a retenu mon attention et je vais vous en parler dans un instant.
 On se demande parfois si les conseils en communication de l’Elysée ne nous prennent pas pour des demeurés finis. Et cela fatigue comme l’on dit à Marseille. Nicolas Sarkozy a repris et développé cette légende (Le Figaro) : « J’ai été préparé, j’ai été élu pour résoudre les problèmes des Français. Avec les réformes, vous gênez un certain nombre de gens. Et la réponse, c’est bien souvent la calomnie », a-t-il déploré. Cette litanie on la connaît par cœur elle vient compléter cette autre : c’est parce que les socialistes (socialo-trokistes, hitléro-gauchos etc.) n’ont rien à dire, aucune proposition à faire qu’ils nous attaquent.
 
Pour tout observateur, même du niveau intellectuel de la mer morte, comprend que l’affaire Woerth Bettencourt n’est qu’une incidente déclenchée de fait par l’attaque de Kiejman contre Claire T. l’accusant de vol qui par retour de flamme, bien en colère, a balancé son paquet. Tout un chacun sait que les enregistrements ont été faits par le majordome car on faisait le ménage chez la veuve dorée de tous ceux qui témoignaient contre le photographe avide. Et de fait il y a autant de rapport entre cette affaire Bettencourt et le dossier des retraites qu’entre une baleine et un moustique.
 
Ce qui m’amuse aussi c’est la capacité qu’à Nicolas Sarkozy a envoyer des baffes à ces thuriféraires en pleine gueule et que ceux-ci en redemandent. Rappelons-nous deux faits. A Neuve Yorque le Nicolas avait parlé de coupable dans l’affaire Courant Clair. Toute l’armada UMP avait pris sa défense bec et ongles, crocs et griffes. Puis voilà que plus tard en un off organisé il reconnaît que c’était une erreur. Bing, tiens prend ça dans les dents. Mais il en faut plus pour déstabiliser les Morano, Lefebvre, Bertrand, Paillé et autres valets et porte-voix. Ensuite vint l’Epad où les haut-parleurs, genre Balkani ne trouvaient pas assez de qualités au prince Jean qui rappelons nous le à l’époque se disait si engagé en politique qu’il travaillait 15 heures par jour, ce qui posait un problème : où trouver le temps pour diriger l’Epad ? et ce qui pose aujourd’hui un autre problème car on ne le voit plus au conseil général car il faut qu’il réussisse ses examens. Il en est ainsi en Sarkozye, les vérités sont assez changeantes, ce qui était vrai la veille ne l’est plus forcément le jour-même. Edgar Faure disait que ce n’était pas la girouette qui tournait mais le vent. Et à nouveau Nicolas Sarkzoy révélait une erreur de jugement. Bang sur le nez des caciques de l’UMP. Mais ni une ni deux, comme les enfants battus qui aiment malgré tout leur parents, les sbires du pouvoir repartent à la charge. N’est-ce pas Xavier Bertrand qui hier encore quand Woerth pensait à haute voix qu’il allait démissionner de son poste de trésorier - il hésite car cela veut dire devenir le paria des riches, celui qui n’ira plus aux dîners fins - on vire vite les inutiles dans ce monde-là - , qui ne sera plus le manager du premier cercle, quoi que pour ce dernier point il est bien capable de rester car on en a parlé de démissionner aussi de ce poste de chef du club des plus riches donateurs de l’UMP - n’est-ce donc pas hier encore Xavier Bertrand qui disait qu’il n’était pas question que Woerth laissât son poste de trésorier de l’UMP ? Il est vrai qu’il faudra tout réorganiser. Mais on leur fait confiance, quoiqu’il y aura peut-être quelques défections. Vivons heureux, vivons cachés. La justice qui remue ce brouet à l’odeur faisandée, ce qui plaît aux veneurs, doit en agiter plus d’un. Voilà donc que devant le bon peuple, Nicolas Sarkozy désavoue sa clique impériale : il conseille à Woerth de démissionner : Sur la question de la double casquette embarrassante d’Eric Woerth de ministre et trésorier de l’UMP, Nicolas Sarkozy a toutefois révélé avoir conseillé à son ministre d’abandonner sa fonction au sein de l’UMP pour se « consacrer exclusivement » au dossier des retraites.
 
On peut s’étonner, outre l’évident conflit d’intérêt, qu’un ministre ne se consacrât pas totalement à sa tâche, d’autant plus quand elle est primordiale. Or le Président nous apprend qu’Eric Woerth ne le faisait pas. On le savait, mais c’est bien quand le Président qui ne cesse de dire que ses ministres sont à fond dans ce qu’ils font dit qu’en fait ils utilisent du temps pour autre chose, bien qu’ils soient payés pour leur boulot. A quoi s’ajoutent pour Woerth son poste de maire et de président de communauté de communes etc. Cinq boulots (avec celui de trésorier de l’UMP) pour un seul homme. Il est fort le gars. Il trouve de plus le temps de dîner et de chasser, et de récolter des fonds dont 7 500€ pour son parti bidon qui sert à détourner la loi. Rien que ce point reconnu et avéré devrait faire réfléchir ceux qui parlent de son intégrité. Quand on est intègre on ne cherche pas à dévoyer la loi. Un parti sans adhérents, qui n’a qu’une résonance ultra-locale au bénéfice d’un seul homme politique n’est évidemment pas un parti, n’est représentatif de rien et est donc une officine à détourner les lois comme le font ceux qui détournent les lois pour ne pas payer d’impôts. Or on dit qui se ressemble s’assemble.
 
Nicolas Sarkozy vient donc de dire qu’il avait conseillé à Woerth de démissionner de son poste de trésorier. Pif sur les joues du serpent à sonnette Bertrand. Et là c’est amusant. Soit il a avalé son boa constrictor avant l’entrevue télévisée car il savait ce que le président allait dire et a fait malgré tout sa déclaration absurde pour valoriser le Nicolas qui ainsi apparaissait au-dessus de la valetaille UMP, grand sacrifice du sbire en chef, soit il ne le savait pas et s’ajoute l’humiliation de ne pas avoir été averti. Que vont donc maintenant nous dire la horde - car ils sont nombreux à l’UMP - de porte-paroles de l’UMP ? Ce sera intéressant de voir leurs pirouettes. Ils démontreront que ce sont des larbins vils et serviles, sans honneur et sans courage.
 
Mais là où c’est très intéressant c’est que de fait, voulant faire le chef qui décide de tout, et voulant éteindre l’incendie, Sarkozy vient de reconnaître implicitement qu’il y a conflit d’intérêt et donc donne raison à toute l’opposition. C’est officiel : il y a conflit d’intérêt ! Du reste une commission, comme le réclamait Bayrou, va être nommée pour régler les conflits ultérieurs. Vous avez noté : ultérieurs. On ne regarde pas en arrière. On fait comme la loi d’amnistie, cette loi immonde et scélérate où sous la gauche, la plus grande majorité des députés auto-amnistiait la multitude. Celle-là est une des plus grandes hontes de notre République. Donc le Président amnistie d’avance les conflits passés. La justice n’aura pas à y mettre son nez.
 
La seconde conclusion est aussi intéressante. Woerth disait qu’il ne voyait pas pourquoi il démissionnerait car cela voudrait dire qu’il serait coupable. S’il démissionne maintenant c’est donc que le Président le juge coupable, puisque lui ne le voulait pas et considérait que ce geste était un aveu de culpabilité. Comment va-t-il nous expliquer cela ? Oh, je sais : l’honneur commande, si le peuple veut ce sacrifice, il le leur offrira, noble et droit, sur l’autel de l’intérêt supérieur de la nation flamboyante.
 
En ce qui concerne l’affaire Woerth, il y a si peu d’éléments que le Monde annonce qu’en plus celle concernant Banier et Bettencourt 6 perquisitions. Cela est une réponse par les faits aux déclarations. (L’identité des six autres personnes visées par la perquisition n’a pas été précisée. Selon une source proche de l’enquête, les policiers se sont rendus "chez un avocat et un notaire". Par ailleurs, selon nos informations, le bureau de Mme Bettencourt, situé à Neuilly-sur-Seine (et non son domicile, comme annoncé précédemment), a également été perquisitionné par les policiers de la brigade financière peu après 17 heures. Un photographe de l’agence Reuters a indiqué que des policiers inspectaient toujours peu après 22 heures lundi soir une dépendance de l’hôtel particulier de Neuilly, qui pourrait, selon le voisinage, être aujourd’hui occupée par l’actuelle comptable de la milliardaire)
 
Terminons en par ce que je vous annonçais au tout début. Voici les propos du chef de l’Etat rapportés par la Pravda : Le train de vie des ministres. Revenant sur l’autre talon d’Achille du gouvernement, l’indignation suscitée par les cigares de Christian Blanc et le permis de construire d’Alain Joyandet, le chef de l’Etat « a reconnu des indélicatesses ou maladresses  ». Mais Nicolas Sarkozy s’est défendu d’avoir réagi trop tard en ne sanctionnant pas immédiatement ces ministres. « S’agissant des questions humaines, je cherche à comprendre pourquoi quelqu’un a commis une erreur. Mon devoir est d’être équilibré. Les remaniements ne se font pas parce que les commentateurs s’agitent », a lancé le chef de l’Etat.
 
Extraordinaire n’est-ce pas ? Ce ne sont que maladresses, indélicatesses ou erreurs. Juste un rappel comparatif. Si dans une entreprise vous faisiez la même chose : se faire payer des cigares par l’entreprise, offrir un logement à sa famille etc vous seriez poursuivis pour abus de bien social et vous iriez en taule. Tout simplement. Ce qui, plus est, est extravagant c’est que 12 000 euros de cigares en dix mois c’est astronomique en fait. Ce ne sont que des cigares après tout, du superfétatoire. Et la somme représente de quoi faire vivre une famille modeste de cinq personnes. Il est vrai qu’il ne peut qu’avoir un très grand mal à comprendre quand en pleine crise il se fait aménager un avion au coût total de 180 millions d’euros dont 40 pour le seul aménagement tout cela pour éviter quatre fois par an de faire une escale ! Cela fait cher l’évitement de trois heures d’attente. Soit pour les deux ans d’utilisation avec Nicolas Sarkozy encore au pouvoir avec ce nouvel avion, disons une vingtaine d’heures d’attente gagnées, 40 millions d’euros. Le confort de Nicolas Sarkozy n’a pas de prix, ou si un : 2 millions d’euros l’heure.
 
Vous remarquez l’extraordinaire clémence de Nicolas Sarkozy et surtout le délai de réflexion avant de prendre une sanction. Au fait a-t-il pris ce délai pour les deux préfets, celui des sifflets et celui du crime de lèse pelouse, a-t-il écouté, chercher à comprendre les erreurs (quand bien même pour le lèse pelouse il n’y en avait aucune) ? Je ne crois pas me souvenir que son discours à l’époque était le même. Evidemment c’est du blabla. Les propos rapportés devant les élus UMP sont tout autres : il ne faut pas céder à la pression c’est moi qui suis maître du temps. Mais Nicolas Sarkozy a bien dit que ces comportements devaient être sanctionnés, mais seulement en octobre. Il y a là une évidente contradiction, en réalité un nouveau mensonge. C’est une certitude. Cependant ce que je veux relever c’est que dorénavant, je serais un futur karcherisé, je demanderais, selon la jurisprudence Sarkozy, que le tribunal prenne le temps de comprendre mon erreur et d’être juste. Je demande donc à Nicolas Sarkozy d’envoyer une double circulaire au ministère de la justice et de l’intérieur afin de bien préciser que dans leur mission, dorénavant, avant d’appréhender un voyou ou de le juger : qu’ils prennent leur temps et qu’ils cherchent à comprendre pourquoi le possible délinquant a commis une erreur et que leur devoir est d’être équilibré.
 
Juste une précision. En ce qui me concerne quand les faits sont avérés et graves, et s’il y a des circonstances atténuantes ou aggravantes à prendre en compte, un coupable doit être puni assez rapidement et non cinq mois après pour répondre à un souci de communication. Que ceux-ci fussent des voyous ou des ministres (voyous aussi de ce fait).
 
Hier soir on a appris que Nicolas Sarkozy mentait. Mais était-ce une nouvelle ?
 
Vignette copie d’écran de France 2 prise sur le blog de JFK hébergé par Marianne2.

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