Sarkozy et la presse, la presse et Sarkozy

par Imhotep
mardi 15 juin 2010

Deux affaires se télescopent en ce moment, dont une fait un peu de bruit, mais pas trop. Mais ces deux donnent l’impression d’un bal à deux entre Sarkozy et la presse, je t’aime moi non plus. On a l’impression du syndrome de Stockholm entre ces deux-là : Sarkozy et la presse.

 Il est bon de rappeler ceci : Les journalistes, ce sont des nullards, il faut leur cracher à la gueule, il faut leur marcher dessus, les écraser. Ce sont des bandits. Et encore les bandits, eux, ont une morale. Nicolas Sarkozy, le 16 mas 2009 à l’Elysée, réunion avec des militants UMP. Et cet autre savoureux : Je n’ai pas besoin des journalistes. Ils n’ont jamais cru à mon élection. Ils ne s’en sont toujours pas remis. 11 septembre 2008, réunion à huis clos avec des responsables UMP.
 
Ces déclarations ne manquent pas de sel quand on sait comment Nicolas Sarkozy est arrivé au pouvoir grâce à une presse servile et aveugle ou volontairement trompé, trompant les Français. Je suis du reste en préparation d’un article qui va parler du danger pour la démocratie de la presse politique. Celui-ci en est une sorte d’avant goût.
 
Je voulais vous parler de deux faits qui se télescopent. Le premier concerne le fameux journal du soir : Le Monde, qui ne se remet toujours pas du passage d’Alain Minc à sa tête et de ses choix désastreux. Le vénérable ancêtre se meurt et a besoin d’argent frais. Il est à vendre. Et voilà que plusieurs groupes se sont présenter à son rachat. Mais à la fin il n’en reste que deux semble-t-il. L’un mené par Perdriel avec à sa tête un certain Olivennes. Mais se groupe n’a pas les reins assez solides. Aussi on découvre qu’un certain Richard, à la tête de France Télécom, serait intéressé pour donner un coup de main. En quoi donc tout ceci concerne-t-il Nicolas Sarkozy ? On sait, de toutes façons, que Nicolas Sarkozy a tout autour du ventre des amis qui détiennent la presse et les médias : Bouygues, Lagardère, Arnault etc. On sait par ailleurs que Nicolas est en campagne électorale pour sa réélection et on se souvient de l’inimaginable appel de Colombani à 48 heures du premier tour qui déclarait que de voter Bayrou était tout simplement anti-démocratique. Ceci pour dire, que sans savoir si un journal a un réel pouvoir électoral, il suffit que les hommes politiques y croient pour qu’ils agissent. Or lors d’une conversation téléphonique avec Eric Fottorino, le responsable du Monde, Nicolas Sarkozy l’a menacé (Libération) : Le remontage de bretelles présidentiel a affecté Eric Fottorino qui, selon un journaliste, « avait l’air secoué ». L’affaire a gagné toute la rédaction. Et hier après-midi, lors de l’assemblée générale de la Société des rédacteurs du Monde (SRM, l’actionnaire de référence du journal), le sujet a été abordé. Avec une précision d’importance : au cas où Le Monde serait repris par le trio Bergé-Niel-Pigasse, le président de la République aurait averti Eric Fottorino que l’Etat, via la Caisse des dépôts et consignations (CDC), pourrait ne pas apporter le soutien financier prévu à la modernisation de l’imprimerie du Monde. Laquelle est évaluée entre 20 et 25 millions d’euros. « Si la CDC se retire, ça peut changer la facture de 10 ou 15 millions », raconte un journaliste. C’est ce qu’il en coûterait de ne pas écouter les conseils de Nicolas Sarkozy.
 
Nicolas Sarkozy ne voudrait pas du trio Bergé-Niel-Pigasse, et se sert du prétexte que le propriétaire et dirigeant de Free a commencé à faire fortune avec le minitel rose. Un argument qui est à rapprocher de Richad qui, lui responsable d’Orange avec comme actionnaire principal l’Etat, a été condamné à rembourser 660 000 € avec 5 % de pénalités pour mauvaise foi pour fraude fiscale. Comme vous le voyez Nicolas Sarkozy se sert de l’Etat (la CDC) d’une part pour faire du chantage et d’autre part de ses relations amicales (Richard) pour donner un poids financier suffisant pour que Perdriel puisse racheter Le Monde. Ce journal est prestigieux et on imagine bien qu’Olivennes, qui dirige le Nouvel Obs, aimerait en être le futur directeur. Or c’est là, aussi que le bât blesse. En effet on se souvient qu’Olivennes c’est :
  1. monsieur Hadopi
  2. celui qui a fait cette hallucinante entrevue de dix pages à l’été 2009 pour nous prouver que Sarkozy avait changé, sans en avertir le comité de rédaction. Dix pages de flatteries insupportables alors que l’hebdomadaire avait la semaine d’avant déjà parlé du même Nicolas Sarkozy avec photo en une et que son journal économique la même semaine en avait fait autant.
 
On comprend mieux pourquoi Nicolas Sarkzoy préférerait Olivennes à Bergé, ex soutien de notre Royal nationale, à Niel qui est le concurrent de son ami Bouygues dans la téléphonie. On peut dire qu’avec ce chantage à la CDC, et la possibilité que ce soit Perdriel plutôt que le trio Bergé-Niel-Pigasse qui l’emporte, Nicolas Sarkozy veut faire d’une pierre plusieurs coups : empêcher un hypothétique adversaire politique de diriger un journal d’ex-influence, empêcher un concurrent de son ami Bouygues d’avoir un pied dans la presse, aider son thuriféraires Olivennes à diriger un journal qui serait plus à même de l’aider dans sa reconquête du pouvoir. A propos d’Olivennes et de l’intérêt pour Sarkozy, je vous conseille de lire ce document de Martel ici.
 
Il est évident que cette intervention de Nicolas Sarkozy, aidé en cela, potentiellement, par un ancien redressé fiscal, ne peut qu’être écœurant, mais est significativement ce que l’on appelle un abus de pouvoir et un risque supplémentaire pour la liberté d’expression.
 
Venons en au second point. Tout le monde sait qu’à l’Elysée, le grand jeu des spins doctors est de bâtir de belles histoires à faire avaler à la presse. la presse le sait. Bien évidemment. Elle s’en fait de temps en temps l’écho, sans même se remettre en cause quand par le passé elle en a été la victime, ni sans même s’en prémunir dans le présent. Nicolas Sarkozy n’ayant qu’une seule mission depuis qu’il a l’âge de penser : faire de la politique politicienne. Un seul but l’élection. Le pouvoir ne l’intéresse que pour les mauvais coups, pour le pouvoir lui-même, pour satisfaire son égo incommensurable et protéger son sentiment d’impunité totale. Lorsque l’on sait cela on sait pour quoi il agit. On comprend pourquoi,il vole de réunion UMP en Réunion UMP, il réunit ses sbires à l’Elysée, il a plus de conseillers en communications qu’Obama, Bush, Poutine et Castro réunis. Il ne fait que cela du soir au matin et du matin au soir : de la politique politicienne, comment gagner la prochaine élection quelle qu’elle soit, comment commenter celle qui vient d’avoir lieu ? Il prépare les élections par des lois, par de la communication. Et c’est là qu’interviennent les fameux éléments de langage. On ne peut qu’être abasourdis lorsqu’après chaque leçon donnée au château, tous les ministres, tous les caciques du pouvoir, tous les toutous de l’UMP répètent en cœur les mêmes mots à la virgule près jusqu’à une indigestion de ridicule. On se croirait dans un mauvais livre d’anticipation, où ce ne sont plus que des robots sans conscience, sans idée propre qui obéiraient au docteur Faustus. Or la dernière idée en date est que Morin, l’étrange épargné de l’affaire Karachi alors qu’il est impliqué par François Léotard, par son poste de directeur de cabinet du ministère de la défense lors de la vente des sous-marins au Pakistan et lorsqu’il est l’actuel ministre de la défense qui bloque la diffusion des documents secret défense concernant cette affaire, poste de ministre qu’il aurait négocié en février 2007 avec Nicolas Sarkozy, en pleine campagne électorale, soutien à l’époque de Bayrou, Morin donc, l’inénarrable actuel président du Nouveau centre, se croit l’élu d’une mission biblique : remporter l’élection présidentielle au nom du centre. Sarkozy n’aime pas, mais pas du tout l’idée et le lui a fait savoir. Et c’est là où les rapports avec les journalistes jouent leur rôle. Eux qui sont instrumentalisés et qui l’acceptent par peur, par lâcheté, par nécessité alimentaire, par conviction peut-être, ne peuvent pas ou ne veulent pas voir la machinerie et la machination de l’Elysée qui est pourtant visible comme un éléphant dans un réfrigérateur que l’on remarque quand même plus qu’aux seuls traces qu’il aurait laissé sur le beurre. La solution pour abattre Morin qui piquerait les trois voix qui manqueraient à Nicolas Sarkozy pour gagner c’est de lui mettre dans les pattes un autre candidat plus légitime. Borloo est-il à la hauteur ? Ne parlons même pas des Arthuis ou Bourlanges connus des seuls journalistes et de la buvette du Sénat. Morin n’est qu’un nuisible. Il ne peut évidemment pas gagner (bien plus médiocre encore qu’il est inconnu), il peut juste précipiter la perte de notre Président bien aimé. La solution a été trouvée en faisant croire à un rapprochement entre ledit Président et François Bayrou. Tout est à y gagner. Le château donne de la crédibilité à un home qui est le seul, à l’heure actuelle, à représenter le centre, ses prises de positions en 2007 s’avèrent exactes aujourd’hui. Si Bayrou remonte un peu, ou même suffisamment c’est l’espoir de le faire arriver suffisamment haut pour qu’il y ait à nouveau un transfert de voix suffisant au second tour de ses électeurs sur le candidat de l’UMP (en l’occurrence le patron Nicolas) en pensant fortement que celui-ci ne sera pas au second tour. Non même pas en l’espérant en en ayant la certitude absolue qu’il n’y sera pas. Alors que la meute UMP mordait les mollets de Bayrou tout-à-coup ce sont des grands coups de langue sur son visage. Et la presse devient la complice de cette mascarade. Tout part d’une brève démentie par Bayrou lui-même, brève de Libération qui dit que Méhaignerie rapporte les propos de Bayrou se déclarant se recentrer, traduisant par se recentrer à droite. La machine est parie. les journalistes ne vérifient pas, glosent là-dessus, tirent des inclusions à partir de prémisses fausses, concluent que du fait de sa défaite aux régionales, sa seule stratégie c’est de s’allier avec naturel à la droite etc. Les démentis ont beau être multiples, l’idée de ce ralliement fait son chemin, des dégâts assez considérables dans l’électorat de Bayrou, celui qui veut l’indépendance et celui qui, venant de gauche pouvant voter pour lui. L’Elysée réussit là un coup de maître : il implique Bayrou, le décrédibilise envers un électorat qui lui permettrait d’espérer être présent au second tour, permet de lui allier une frange qui s’était éloignée de lui mais qui avait voté pour lui au premier tour de 2007, les « centristes » de droite mais qui s’étaient reportés sur le vote pour Sarkozy au second tout et s’en étaient éloignés ensuite. Ce serait le moyen idéal de regonfler par la droite l’électorat de Bayrou, le dégonfler par la gauche, lui donner assez de poids pour que cette réserve à droite puisse glisser vers Sarkozy au second tour de 2012. Et même dans le cas d’un échec de cette stratégie, l’effet kiss cool est très fort. Au pire on considérera qu’il n’est qu’une girouette qui va à gauche, à droite, puis à gauche.
 
Les journalistes dans cette histoire ont un rôle détestable, ne faisant pas leur travail de vérification d’analyse objective et servent la soupe au pouvoir. L’idée que Bayrou s’est rallié à Sarkozy devient une espèce de vérité immanente. Tous les faits antérieurs sont remaniés à cette idée, comme les faits présents. Le postulat, faux que Bayrou était un antisarkozsyte primaire aide donc à prouver qu’il a viré sa cuti. Les faits antérieurs sont complètement oublié. On parle de la burqa depuis bien avant ce pseudo ralliement. Et pourtant Bayrou avait dit qu’il voterait la loi. Bayrou a voté l’aide à la Grèce avant cette nouvelle histoire. Depuis 2007 Bayrou dit - il suffit de regarder les dizaines de vidéos où il le dit - qu’il voterait pour quand cela irait dans le bon sens et contre quand cela n’irait pas dans le bon sens. Pas la plus petite différence avec son attitude actuelle où il dit que si cela va dans le bon sens pour la retraite il votera pour. Ce qu’il fait aujourd’hui devient une preuve de son rapprochement, mais ce qu’il faisait hier n’était pas une preuve qu’il n’était pas un antisarkozyste primaire. Les mêmes faits sont interprétés de façons opposées sans que cela ne gêne ces journalistes. Vous pouvez écouter ceci du débat entre Laurent Joffrin et Sylvie Pierre Brossolette où vous entendrez la journaliste dire cette extravagance, qui, écoutée par des centaines de milliers d’auditeurs, devient une vérité, que Bayrou se rapproche de Sarkozy à cause de la dette ! Extraordinaire. C’est quand même l’inverse, factuellement, historiquement, politiquement l’inverse. Le seul candidat à avoir averti des problèmes de déficits c’est Bayrou à l’opposé absolu de Sarkozy. Donc ce qui est une vérité première : c’est-à-dire, que c’est Sarkozy qui se rallie aux thèses de Bayrou est transformé en l’inverse pour accréditer la thèse du réchauffement climatique entre les deux hommes à l’initiative de Bayrou. Il faut qu’à nouveau Bayrou intervienne, car malgré trois interventions, la légende grandit et laissera d’importantes traces, pour qu’enfin, par exemple au Figaro, une autre brève dise la vérité : Le président du MoDem François Bayrou a réaffirmé hier soir qu’il n’"avait nulle envie" d’un "rapprochement" avec Nicolas Sarkozy, mais n’a pas exclu un dialogue avec Dominique Strauss-Kahn.
 
"Je n’ai nulle envie d’avoir quelque rapprochement politicien que ce soit avec Nicolas Sarkozy", a-t-il affirmé lors de l’émission Mots Croisés sur France 2. "Je suis un opposant au régime de Nicolas Sarkozy depuis la première minute (de sa présidence) et même depuis avant la première minuite", a-t-il souligné.
 
N’est-ce pas assez clair ? Mais cela n’empêche pas le journal d’en faire un titre autre pour le montrer comme une girouette : Bayrou préfère DSK à Sarkozy, tout comme cela ne l’a pas empêché antérieurement d’écrire tout un article très long au titre faux et mensonger de : Entre Bayrou et Sarkozy, le dégel se confirme.
 
Comme nous venons de le voir des faits (Bayrou reste indépendant depuis 1999 avec la même courageuse ligne, Bayrou veut pouvoir discuter à droite et à gauche, Bayrou n’a jamais été un antisarkosyste primaire mais est opposé avec force au système politique de Sarkozy tant au niveau de la presse, du monde financier et industriel, que du type de société proposée sans être un attaque ad hominem, depuis 2007 tient le même langage sur la dette, sur les retraites, sur le fait de voter pour quand cela va dans le bon sens et contre quand cela ne va pas dans le bon sens) ont servi dans un premier temps à dire une chose de Bayrou, ou des choses : il est un antisarkosyste primaire, il s’associe à la gauche, dans un second temps de dire son contraire : ses rapports se dégèlent avec Sarkozy, il s’associe à la droite. Ce qui n’était pas vu (dire oui ou non en fonction du sens des lois) devient une évidence qui se traduit par un rapprochement, ce qui n’était pas vu permettait de dire que c’était de l’antisarkozysme, devient du réchauffement. Ainsi une constante prouvée par les faits par l’historique que tout un chacun peut, grâce à Internet, consulter par des dizaines de vidéos n’a jamais été crue avant et maintenant crue pour une partie car cela arrange les journalistes afin de démontrer ce qui n’est qu’une légende, une fable comme dirait l’autre.
 

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