Sarkozy : la grand-messe

par Phileas
vendredi 30 novembre 2007

Sur la forme, constatons simplement que NS a été très bon sur le plan de l’image hier soir, encadré par deux bisounours qui lui ont laissé un temps de parole maximal, le contrant très peu, ne lui posant aucune question dérangeante, ni même pertinente, des journalistes français donc qui n’ont de journalistes que le titre et dont il serait urgent qu’ils s’inspirent pour leur plus grand bien de leurs homologues anglo-saxons qui ne se seraient pas gênés de lui poser de vraies questions qui fâchent quitte à le voir déserter le plateau comme cela c’est déjà passé sur CBS.

Sur le fond ensuite avec sa prise de position sur le problème des banlieues. Là rien de nouveau dans l’analyse qu’il fait des nouvelles émeutes. Alors que tout le monde s’accorde à dire que depuis 2005, à nouveau, le problème a été enfoui et que peu d’actions concrètes ont été faites sur le terrain, le chef de l’Etat balaie le problème en les analysant comme un ensemble d’actions perpétrées par des voyous et de petits trafiquants notoires.

De l’autre côté, bien entendu des victimes : la force publique dont il faudra évidemment recentrer l’autorité sur le terrain et la condamnation ferme des gestes de violences graves commises contre plus de 80 policiers. C’est avant tout pour lui, inexplicable (puisque si on commençait à vouloir expliquer l’inexplicable on justifierait l’injustifiable). Donc il réclame un retour à l’ordre et la Cour d’assises.

Rappelons toutefois, que ce n’est pas à lui de décider de cela, mais à la justice. Mais l’hyperpersonnalisation du pouvoir qu’il incarne et qui le fait toujours parler à la première personne pour commenter les réformes, les positions politiques et économique de sa majorité et son positionnement de terrain, le font toujours un peu déraper sur un fantasme sans doute d’autocratie où il jugerait lui-même les délinquants.

Les réformes

Il veut faire beaucoup de réformes, nous le savions. Il veut les réaliser au pas de charge, on s’en doutait. Ceci afin de relancer la croissance dans les meilleurs délais possibles.

Le plan de relance de la croissance de l’été dernier, très coûteux (15 milliards), n’a pas eu les effets promis sur l’économie. Du coup, il a obéré la plupart de ses marges financières sans grand résultat. Ce deuxième appel à la réforme est donc une séance de rattrapage qu’il veut mener tambour battant, en ayant soin de caresser les dirigeants syndicaux dans le sens du poil car il sait qu’il devra les revoir souvent à la table des négociations et compter avec leur soutien.

La théorie sarkoziste, selon laquelle plus ont fait de réformes plus on est efficace, est discutable dans un contexte économique anémié. Mais bon c’est sa nature, même s’il n’a à l’évidence plus les moyens de sa stratégie.

Car financer des réformes, beaucoup de réformes demande de taper dans les fonds publics d’une part. Car chaque réforme coûte très cher à l’Etat : il faut compenser, dédommager, investir. S’il doit en plus distribuer du pouvoir d’achat, deuxième credo de la soirée, c’est la promesse électorale qu’il nous a faite et qu’il réitère clairement, ce qui serait compréhensible après tant d’années de modération salariale avec une inflation qui réapparaît, il aura des difficultés à maintenir l’équilibre des deux.

C’est-à-dire des réformes structurelles tout en maintenant et développant le pouvoir d’achat sans qu’il y ait à nouveau une fuite budgétaire en avant, politiquement coûteuse.

En interne une partie importante de ses amis politiques et de ses conseillers y sont franchement hostiles, mais lui s’en fiche. A la veille de la présidence française européenne cela pourrait être étonnant. Mais l’Europe doit se plier à son agenda et non pas l’inverse. C’est ce qu’il tente de nous faire croire et de se persuader. Et puis économiquement c’est sans garantie de résultat.

Tous les présidents ont connus ce moment délicat à négocier lorsque les promesses croisent la réalité économique : l’heure des choix fondamentaux n’est pas loin et le bilan au bout.

Enfin de nouvelles propositions de Sarkozy pour limiter les 35 heures. Des assouplissements nombreux avaient déjà eu lieu dans la dernière législature avec la possibilité notamment d’effectuer, à partir de l’été 2007 des heures supplémentaires. On se rappelle que certains secteurs avaient connu de grosses difficultés avec l’application des 35 heures, les petites entreprises notamment et les gestionnaires des hôpitaux pour ne citer que les exemples plus flagrants. Je pense que cet ensemble de mesures sera la plus simple à réaliser.

En somme, une sortie très convenue dans un monde où les médias lui sont alloués.


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