Sarkozy ou la farce machiavélienne d’un capitaine perdu
par Bernard Dugué
dimanche 29 janvier 2012


Il est 20 heures 10, je me branche. Déficit de 5.4 au lieu de 5.5, Sarkozy se dévoile comme un fétichiste des chiffres et de l’embrouille. La France converge vers une réduction des déficits dit-il. Il l’a dit mais n’a rien démontré. C’est sûr et louons notre président. Les logements ont été construits. Oui mais dans la zone Bordeaux lac, les acquéreurs sont à 70% des investisseurs. Les locataires seront ravis. Libérer les terrains, n’importe quoi. Et puis cette flatterie des Français qui ont bien bossé et ramé et sont les responsables des emprunts obligataires à des taux historiquement bas. Quelle arnaque, si les taux sont bas c’est parce que la BCE a injecté 500 milliards d’euros dans les banques à taux très bas. Bref, quand on embrouille les gens tout le reste est une embrouille, y compris cette banque d’investissement industriel suggérée dans l’esprit du colbertisme et un peu copiée sur les idées de François Hollande. La politique de formation des jeunes. Sarkozy propose une nouvelle loi pour les entreprises de plus de 250 salariés en prétextant que la loi actuelle est contournée. Bel aveu, les lois votées sont faites pour être contournées, alors pourquoi voter des lois. Le volet sur la TVA sociale est pathétique, comme la comparaison avec l’Allemagne. Sarkozy raisonne comme si les Allemands fabriquaient les mêmes produits que chez nous. En ajoutant quelques billevesées chiffrées sur des coûts à faire rire n’importe quel gestionnaire d’entreprise. Les Allemands ne produisent pas les mêmes choses que les Français ou les Italiens. Comparer la France et l’Allemagne s’avère dérisoire sauf quand on est un président bonimenteur qui flatte les uns, dramatise la situation, fustige de temps à autres, y compris le malheureux Jospin. C’est pathétique, ce discours volontariste prononcé dans un contexte où le système ne permet plus les solutions bricolées conventionnelles comme celles menées en France depuis des décennies. Sarkozy nous invite à regarder la réalité en face, mais il n’est même pas capable de l’apprécier.
Accords de compétitivité emploi. Travailler autant pour gagner moins. Il est 20 h 45. Et ça mouline et Sarkozy se livre à des tas d’arguties inutiles sur des cas de figures, des entreprises avec des carnets de commande, et des négociations et des supputations et tant de lourdeur pour finir sur cette obsession de la taxe Tobin et sur des délocalisations et finalement on y comprend plus rien et c’est le naufrage complet d’un président qui ne sait plus où il habite et dont l’incohérence frise la pathologie cérébrale. Mais pardonnons à notre président car les Bayrou et autres Mélenchon sont tout aussi égarés et paumés et ce système n’a plus la prise politique que ne le revendiquent les politiciens. La France a des atouts mais elle est gérée par les incapables. C’est ce qui ressort en filigrane de cette prestation qui n’amène pas une condamnation du président qui brouille le réel parce que réel n’est pas bon à entendre dans sa vérité cruelle. En résumé la France est au bord de l’infarctus et en cancer de phase terminale mais le super médecin Sarkozy est capable de soigner ce marasme et de prendre les mesures adéquates que déciderait un chirurgien fiscal. Obsession narcissiques et pathétiques, souffler un froid et un chaud, farce machiavélienne, telle a été la prestation du président dépourvue de la moindre vision et dont le ressort est celle d’un capitaine qui n’a plus de vigie ni de leviers pour barrer le navire mais qui fait croire qu’il est le capitaine qui fera avancer le navire. Moyenne 20 et des poussières, la TVA française sera autour de la moyenne plus des poussières. L’Allemagne dépense moins de sous pour sa gestion. Sarkozy répond que le déficit baisse et se glorifie d’avoir supprimé des postes de fonctionnaires. Pardonnons à notre président, il n’est pas le seul à se laisser piéger par le fantasme de l’Allemagne. Pas la même culture, pas les mêmes syndicats, pas la même démographie, pas les mêmes industries et pas d’armée à financer, ni de territoires d’outre-mer. C’est idiot de comparer ces deux pays. Sarkozy n’a pas à être blâmée pour une idiotie dans laquelle tombent la plupart des économistes. Il n’y a pas d’analyse, qu’une dialyse des tourments économiques pour filtrer le peu de choses à raconter aux Français dans un contexte où le pays n’avance plus.
Une heure a passé et je suis au bout du rouleau à entendre ce mélange d’enfumages, de poncifs et de banalités. J’avoue être effrayé par ma propre personne, à subir cette prestation si embrouillée où tout se mélange, TVA, règle d’or, Tobin, charges sociales, natalité, délocalisation, adaptation. Bref, aucune vision si ce n’est le témoignage d’un mécanicien de la politique qui ne comprend plus rien au système mais tente de nous prouver le contraire. Je suis achevé. Classes moyennes, politique familiale, je cotise, tu cotises, il cotise et c’est la redistribution. Non, je ne regrette rien, les heures sup et le pouvoir d’achat des heures sup. N’importe quoi, l’aveu d’un échec. Et la médiocre prestation de journalistes venus faire le job sans enthousiasme. Des journalistes tout aussi paumés que le président. Je suis KO. Mes neurones sont bouffés. Il est 21 heures 10. L’émission devrait se terminer. Mais ça continue. Je n’en peux plus. Rien de nouveau n’a été dit pendant une heure. Vraiment, une perte de temps. Et la fin, pathétique, un président qui ne veut pas dire s’il est candidat car ce serait livrer un état d’âme aux citoyens qui pourraient recevoir un tsunami sur la tête et bien évidemment, Sarkozy préserve les Français du tsunami. Je roule sous le tapis, définitivement achevé. Sarkozy m’a tuer et mis au niveau du caniveau. C’est la France qu’est au bord du caniveau, m’en vais boire un verre de Bordeaux !