Sarkozyland : les affaires du moment II/V : Y a-t-il une affaire Carla Bruni ?

par Imhotep
jeudi 19 janvier 2012

C'est Marianne qui, après une longue et fouillée enquête, a levé le lièvre. Il semble bien qu'en Sarkozyland on mélange les genres et que les conflits d'intérêts ainsi que les pompes à phynances ne fassent pas peur. Evidemment quand il s'agit de la femme de mon mari chouchou, jeune mère de famille, au visage de mannequin de cire, on est tenté de lui donner le Bon Dieu sans confession et on hésite à croire que pour elle aussi, les arrangements entre amis c'est une manière de vivre.

Ce que nous révèle Marianne, et qui n'est pas une mince affaire, c'est en fait une sorte de mélange des genres sur dos d'humanitaire avec une action quais nulle dans le domaine de la fondation de cette dernière et l'utilisation de fonds de la lutte contre le SIDA pour enrichir des amis proches de Carla Bruni.

Il y a donc deux aspects. D'un côté la fondation Carla Bruni, adossée à la Fondation de France avec une aide du château (on se demande du reste pourquoi les Français subventionneraient les activités de la femme de son mari, sachant que cette subvention de l'Elysée de concerne pas l'activité humanitaire de la fondation mais la partie blabla de la femme de son mari). De l'autre il y a l'ambassadrice du fonds mondial des Nations Unis pour la lutte contre le Sida. Ce dernier fonds est financé en grande partie par la France et est dirigé, avant sa future éjection déjà programmée, par un médecin français Michel Kazatchkine. Ce fonds a été crée à l'initiative de Jacques Chirac afin que les médicaments qui sont au nord soignent les malades qui sont au sud.

Carla Bruni est visiblement, sincèrement attachée à cette cause, son frère ainé étant mort du Sida. Cependant, un peu à l'image de qui vous savez, elle ne maîtrise pas certains propos comme : plus aucun enfant porteur du VIH à la naissance d’ici à 2015 à travers le monde (phrase que l'on imagine bien absurde tellement c'est impossible et montre le degré de conscience de celle qui la prononce) car l'objectif principal est d'éviter la transmission du virus de la mère à l'enfant à naître. La France fondatrice de ce fonds y verse 360 millions d'euros par an, deuxième contributeur après les USA qui en verse 1 milliard.

A la suite d'un audit concernant l'évaporation de fonds notamment dans quatre pays (Zambie, Mali, Mauritanie et Djibouti) on se rend compte que des proches de Carla Bruni ayant semble-t-il pour l'un d'entre eux, même un bureau à l'Elysée, il s'agit de Julien Civange, mélangent allègrement les genres passant de la Fondation à leurs sociétés commerciales et ont touché sans appel d'offre des sommes plutôt rondelettes.

Julien Civange possède plusieurs sociétés dont Mars Browser (mais à bien les pieds sur terre) et RH et Cie qui gère une marque : Born HIV free.

De ce côté-ci voici deux scandales assez ignobles. Ce petit gars a décidé de déposer la marque Born HIV free. Comment peut-on oser déposer une marque commerciale pour une action humanitaire ? Si cela n'est pas profondément dégueulasse j'aimerais savoir ce qui l'est. Ce dépôt de marque a ensuite permis deux entourloupes : l'exclusivité donc de sa promotion et le financement sans appel d'offre par ce fonds mondial. En gros, selon Marianne, ce seraient au total 3,5 millions de dollars qui auraient suivis des circuits non conventionnels dont sans doute 1,7 millions pour Civange.

Interrogé par Marianne, Michel Kazatchkine confirme : « Carla Bruni m’a personnellement dit qu’elle avait totalement confiance en Julien Civange auquel elle avait délégué le dossier du sida. Elle m’a demandé de passer par lui pour tout ce qui concernait le sida ; c’est avec lui, et à sa demande, que j’ai traité. On a donc signé les différents contrats que Civange m’a apportés pour le site de la fondation de Carla Bruni, pour des agences de communication dont Mars Browsers, ou pour différentes opérations, dont le projet Born HIV Free. »


En revanche, Michel Kazatchkine affirme que, s’il n’a pas prévenu le conseil d’administration, il a néanmoins tenu informé le comité financier de ces subventions qu’il considère comme « légales et transparentes, à part deux appels d’offres effectivement non conformes avec Julien Civange ». Il nous dit aussi ne pas connaître les méandres des montages financiers complexes par lesquels l’argent du Fonds mondial passait pour servir l’image ou la communication de la première dame de France.

Le scandale est découvert et les américains premiers contributeurs demandent de régler cela au plus vite. Le messager, l'ambassadeur auprès de l'ONU un certain Debré de la famille pléthorique et présente partout Debré, est démissionné. A l'Elysée c'est un peu la panique : Parallèlement, l’ambassadeur Patrice Debré est brutalement démissionné par l’Elysée mi-décembre 2011 et remplacé au conseil d’administration du Fonds mondial par une diplomate française chevronnée, Mireille Guigaz. Enfin, l’Elysée fait interrompre tout lien financier entre Carla Bruni et le Fonds mondial (le contrat Born HIV Free est stoppé comme le contrat pour le site personnel de Carla Bruni-Sarkozy). Nicolas Sarkozy lui-même demande à sa femme de mettre en veilleuse sa fonction d’ambassadrice de la lutte contre le sida.

Vous noterez que ce qui lie l'Elysée à la fondation de Carla Bruni, celle de l'illettrisme est aussi stoppé.

Ce qui est certain c'est qu'à nouveau notre image est atteinte comme le dit un perfide habitant de la blanche Albion : « Ce qu’il y a de grave dans cette affaire, c’est que la France, le président Sarkozy, Carla Bruni-Sarkozy et Michel Kazatchkine étaient à la fois juges et parties. La France est le deuxième principal bailleur du Fonds mondial, Carla Bruni en est l’ambassadrice, “Kaza” le dirige et cela sert à financer la communication de la première dame ! C’est un mélange des genres déjà très critiquable. Si, en plus, la procédure d’attribution n’est ni transparente ni conforme, c’est un vrai scandale. Après la chute de Dominique Strauss-Kahn, la démission d’un second Français à la tête d’une importante organisation internationale pourrait un peu plus ternir l’image de la France.  »

Ayant déposé la marque Civange a pu recevoir les fonds pour la promotion de l'idée sans appel d'offre. Or comme personne n'a été au courant d'une opération personne n'a pu proposer d'idées différentes. De toutes façons qui, à part des ploutophages invétérés, oserait déposer une marque pour un profit personnel ? On peut comprendre le dépôt mais pour le fonds et non pour une société de droit privé au profit d'intérêts particuliers. On reconnaît là bien la marque de ce Sarkozyland.

Mais il y a un autre scandale. Numérama nous révèle que le site de la fondation de Carla a coûté, pour ses pages concernant le SIDA, une somme rondelette de plus de 130 000 euros payée à la société la Fabrique du Net, dont le propriétaire est un ami de Civange et payée par le même fonds. Numerama : Dans un article publié vendredi, Mediapart révèle que le Fonds mondial de lutte contre le sida a versé 132 756 euros à une entreprise baptisée La Fabrique du Net, "pour réaliser la partie « lutte contre le sida » du site Carlabrunisarkozy.org". De quoi nous donner l'envie de creuser...

Cette société, comme toute bonne entreprise spécialisée dans le web, ne semble pas avoir son propre site internet. Il s'agit d'une SARL unipersonnelle fondée en 2009 et gérée par son associé unique, Jérôme Blouin. Un professionnel de la pub et du marketing qui a fait ses armes principalement chez FKGB et Heaven/Edelman. […]

Concrètement, la partie "lutte contre le Sida" du site de la Fondation, qui a donné lieu au versement de 132 756 euros par le Fonds mondial de lutte contre le Sida, compte 6 pages principales sans fioritures, réalisées sous le système open-source Wordpress. Les deux plus complexes sont la galerie, qui compte 46 photos légendées, et la page "actualités" qui compte également 52 billets sur l'actualité de la Fondation en matière de lutte contre le sida. La plupart de ces billets sont composés d'un seul paragraphe de quelques lignes accompagné d'une photographie. Ils ont été rédigés entre décembre 2008 et décembre 2011. Soit une moyenne de 17 billets par an.

Chacun jugera de la proportion du devis, accepté sans appel d'offres. Et de l'opportunité humaniste de facturer une prestation que beaucoup auraient probablement accepté de réaliser bénévolement, pour apporter leur pierre à la lutte contre le HIV.

Pour terminer voici le jugement de Marianne sur les activités de la fondation de Carla Bruni : Deux années et demie après sa création, le bilan de la Fondation Carla-Bruni- Sarkozy contre l’illettrisme est aussi léger que son articulation avec la présidence de la République est opaque. Carla Bruni semble s’y être en fait peu intéressée, même avant sa maternité. Côté financement, Carla Bruni n’a guère su mobiliser les donateurs en dépit de ses promesses (à part quelques millionnaires individuels et entreprises captives, dont les dirigeants sont des proches du président Sarkozy, comme LVMH, Lagardère ou Madame Figaro).

Quant aux actions menées, les témoins et les associations interrogés sont au mieux dubitatifs, au pis, ulcérés. « Pour moi, ils ne font rien. Aucun projet n’a abouti depuis trois ans. C’est de la peopolisation », confirme l’un des meilleurs spécialistes de l’illettrisme en France. Quant à l’ambassadrice de la lutte contre le sida, son bilan est plus critique encore : le mélange des genres et l’opacité des financements du Fonds mondial discréditent de toute façon son action. Chaque année, Michelle Obama rend publics les comptes de ses activités au dollar près, et un ouvrage bilan est édité (Report To The First Lady). On est loin de cette transparence en France. 

Que peut-on en dire ? De l'incompétence, de l'insouciance de la part de Carla Bruni ? L'habitude que l'on a le droit de tout mélanger, business et humanisme, amis et fonds publics ? En revanche on ne peut que condamner les amis Civance et Bouin, avides d'argent en suçant les fonds d'une cause qui mérite bien mieux qu'eux.

Prochain épisode : III/V Les détournements de fonds des contrats d'armements

 

Il nous reste un peu plus de trois mois pour nous débarrasser de ce pouvoir. Faisons notre Révolution en 2012, et avant si possible.

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