Ségolène contre les 35 heures, Lang pour l’hyperprésidentialisme : quoi d’autre ?

par Comptesrendus
mercredi 18 juillet 2007

C’est devenu courant : on apprend, après coup, qu’untel défendait le contraire de ses convictions ou que tel autre défendra le contraire des convictions de ses amis. On y perd son latin. Mais que fait la presse ?

Il y a un manque d’exigence de la part des médias devant l’incroyable série de mensonges, de dissimulations et de faux-semblants qui caractérise la classe politique. Rien que ces dernières semaines, on a appris, seulement après la fin des élections, la rupture entre Ségolène Royal et François Hollande, le fait que Ségolène Royal avait défendu un projet auquel elle ne croyait pas (ex. : les 35 heures, le SMIC à 1 500 euros), le rapprochement entre Jack Lang et le président Sarkozy (après une guerre ouverte de deux ans contre celui-ci), le fait que le PS ait une doctrine toute contraire à cet éminent représentant qu’est l’ancien ministre de la Culture en matière de présidentalisation du régime, l’attitude de Julien Dray, très proche de Ségolène Royal, séduit par l’offre de l’Elysée... Incroyable.

Tout cela ne pouvait pas ne pas se savoir, mais tout cela n’a jamais été relevé à temps. Et ce ne sont là, finalement, que des épiphénomènes lorsque l’on voit l’importance que reprend l’affaire Clearstream après que les médias eux-mêmes l’eurent dégonflée, mais aussi cette affaire Borrel, sur laquelle certains journalistes ayant enquêté n’ont que peu intéressé leurs confrères lorsqu’ils pointaient les incohérences du dossier d’un pseudo suicide, encore pire, l’affaire Boulin, qui en est presque à l’extinction et qui ne suscite pas un grand élan d’information alors qu’il pourrait bien s’agir d’une bombe, et l’on n’ose imaginer tout ce qui traîne dans les tiroirs, ce qui se dit dans les couloirs, ce qui se murmure dans les petits salons. On a le sentiment que ce qui créé une "affaire" est finalement toujours le fruit soit du hasard soit de la décision d’un journal d’en parler. Mais on a, surtout, la certitude, au regard des derniers événements, que certaines de ces affaires sont tout simplement passées sous silence par un consensus implicite entre les principales rédactions de ce pays.

Après avoir appris que la candidate socialiste à la présidentielle défendait un projet sans y adhérer, que Jack Lang défend une vision de la Constitution contraire à celle des Socialistes, que l’on a tué le Juge Borrel et que l’affaire Clearstream n’a pas grand-chose de bidon, qu’allons-nous apprendre bientôt ? On ne peut pas, tout à la fois, user et abuser des concepts de "vérité", "clarté", "transparence" et, en même temps, courir sans cesse après les trains qui passent. La France a perdu le sens du journalisme et de l’enquête. Si le travail des journalistes est si souvent attaqué, c’est que la polémique précède l’enquête. Il serait grand temps d’inverser la vapeur.


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