Serpent monétaire européen, SME, Euro, même fin ?

par Christophe Bugeau
mercredi 19 novembre 2014

Le « serpent monétaire européen », formé au début des années 70 après que le dollar a cessé d’être rattaché à l’or avait pour objectif d’aider les pays européens (en conservant des monnaies avec des parités fixes) à continuer à commercer aisément, mais il éclata en 1979. Il fut remplacé par le SME qui éclata à son tour en 1993. L’Euro est-il condamné à subir le même sort ?

Ces 3 systèmes avaient un but commun : dans un monde où les monnaies flottent (c’est-à-dire varient les unes par rapport aux autres sans vraie accroche), il fallait, pour faciliter le commerce entre pays européens, un système avec des parités fixes.

Les 3 systèmes répondent à ce besoin, mais ils ont un gros défaut, les parités fixes ne peuvent pas bouger. Donc les états ayant une plus forte inflation (souvent parce qu’ils sont plus en croissance) se retrouvent rapidement en déficit commercial.

Exemple simple : si l’on part du principe que la France et l’Italie ont un même niveau salarial, une twingo fabriquée en France aura le même prix qu’une twingo fabriquée en Italie. Mais si au bout de 5 ans, s’il y a eu une inflation de 1 % par an en France et de 3 % par an en Italie, la Twingo fabriqué en France vaudra 5 % de plus et celle fabriquée en Italie vaudra 15 % de plus.

Dans un tel système, les italiens achèteront rapidement des twingos fabriquées en France et les français n’importeront plus de produits italiens.

Mais ce système avait un avantage pour l’Allemagne qui ayant un faible taux d’inflation, avait structurellement une sous-évaluation monétaire alors même qu’elle produisait des produits de bonne qualité.

A chaque fois, le système a éclaté quand il est devenu intenable : c’est-à-dire quand les taux d’intérêt sont devenus trop élevé pour les économies les plus faibles ( car avec la libre-circulation des capitaux, le pays en situation dominante fixe le taux d’intérêt de la zone, les autres pays devant s’aligner sur lui), les capitaux quittant le sud de l’Europe pour se placer en Allemagne de préférence.

Le cas de la zone Euro commence à ressembler fortement aux deux scénarios précédents, alors que la création de cette monnaie devait résoudre ce problème. Les pays les plus faibles se désindustrialisent, ils ont un fort déficit de la balance commercial et leur croissance étant faible, la dette publique s’envole du fait de la difficulté à faire rentrer les impôts en période de faible croissance.

La Grèce qui va sûrement nécessiter un troisième plan d’aide a vu son PIB diminuer de 25 % depuis 2008, de même que les salaires. Car dans un système de change fixe, l’on ne peut dévaluer, il faut donc baisser les salaires !

Malheureusement, il est à craindre que le scénario ne se répète. Jamais deux sans trois, la France risque de devoir quitter le système de manière précipité comme les deux fois précédente après les pays du sud (car nous resterons bien sûr jusqu’au bout).

Quel seraient les conditions d’une renégociation pour avoir enfin un système viable ?

Des changes fixes oui, mais ajustables chaque année suivant l’inflation. Et surtout un contrôle des changes permettant de limiter les mouvements de capitaux et donc la spéculation !

Ce sont les conditions sine qua non pour qu’une monnaie commune ou un nouveau SME puisse fonctionner. Sans cela, le risque est fort qu’il n’y ait plus de système du tout et que les états se lancent dans une guerre de dévaluations.

Mais pour l’instant, les gouvernants des pays européens n’en démordent pas : l’Euro, tout l’Euro, rien que l’Euro jusqu’à ce que le système cède de nouveau.


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