Signé Hannah Arendt, sioniste : « La quantité d’informations qu’elles ne nous fournissent pas est réellement stupéfiante »

par Michel J. Cuny
mardi 18 avril 2017

Dans le cadre de la manoeuvre de grande ampleur organisée, dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, par nous ne savons encore qui, pour faire de Joseph Staline le plus grand criminel de tous les temps… et noyer le communisme dans un grand bain de sang et à tout jamais…

 …revenons, en compagnie de Hannah Arendt, aux archives de Smolensk (publiées en 1958), « seule addition importante » (depuis 1949) « à nos connaissances  ». L’impression de « pénurie du matériel documentaire et statistique le plus élémentaire » qui « demeure un obstacle décisif » se confirme :

« En effet, bien que les archives (découvertes au quartier général du parti à Smolensk par les services de renseignements allemands et plus tard saisies par les forces d’occupation américaines en Allemagne) contiennent quelque 200 000 pages de documents et soient virtuellement intactes pour la période de 1917 à 1938, la quantité d’informations qu’elles ne nous fournissent pas est réellement stupéfiante. » (page 198)

Avouons qu’il faut être parfaitement réveillé pour bien comprendre ce qui est dit ici… La quantité des informations dont on ne dispose pas est réellement stupéfiante… A notre tour, nous n’en doutons plus, à l’intérieur de l’humanité, la quantité d’âneries dont on ne sait pas si elles ont été réellement proférées est réellement stupéfiante… Mais celle-ci l’a été : nous en avons la preuve ferme et définitive.

Joseph Staline est donc très mal parti. Quoi qu’il ait dit ou fait, ou pas dit et pas fait, au titre d’une absence de preuves réellement stupéfiante, il n’est pas stupéfiant qu’on lui mette sur les bras environ 100 millions de victimes… Il ne peut pas se plaindre : ça n’est vraiment pas cher payé. Moins il y a de preuves, plus il y a de crimes… quand on a le malheur d’être communiste, puisque la seule preuve exigible, c’est que, justement, on est communiste : après quoi il est stupéfiant de devoir constater à quel point la quantité de preuves que la réalité ne nous offre pas – alors qu’elle le devrait puisque le quidam est communiste – est réellement stupéfiante.

Mais gardons-nous bien de trop souligner l’honnêteté intellectuelle très particulière d’Hannah Arendt  : les plus grand logiciens ne sont pas toujours exempts de quelque bourde monumentale… Elle va se reprendre.

Voici la suite immédiate :
« Malgré « une abondance de matériaux presque ingérable sur les purges » de 1929 à 1937, elles ne contiennent aucune indication du nombre des victimes ni aucune autre donnée statistique d’importance vitale. » (page 198)

Là, donc, c’est le contraire… L’abondance de matériaux dépasse presque les capacités de gestion, mais sans fournir ce qu’il serait « vital » de connaître : le nombre de victimes. Vital pour qui, pour quoi ? Pour celles et ceux qui tiennent à ce qu’il y ait des victimes, parce que ces gens-là savent que, de toute nécessité, il doit y avoir des victimes, et pas qu’un peu.

Par conséquent, s’il ne s’en trouve pas (pas même mille, pas même cent, pas même une : on n’est pas fichu de nous le dire, chère Hannah Arendt), c’est qu’il y a, quelque part, une entourloupe.

En effet, « chaque fois que des chiffres sont donnés [à qui ? et lesquels ?], ils sont désespérément [puisque tellement « vitaux  »] contradictoires, les diverses organisations donnant toutes des ensembles différents [que nous aimerions connaître], et tout ce que nous apprenons avec certitude est que beaucoup des statistiques, si tant est qu’elles existèrent jamais, furent retenues à la source par ordre du gouvernement  ». (page 198)

Il faut bien y insister : « avec certitude » « retenues à la source par ordre  », dans l’incertitude où nous sommes du fait qu’« elles existèrent jamais  ». Voici un très joli exemple de procès de Moscou. Madame Hannah Arendt est décidément une intellectuelle de très haut rang. Encore ne sommes-nous que sur le seuil de son bel univers.

Mais de tout ce que voici : faut-il en rire ? faut-il en pleurer ?

Michel J. Cuny

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