Sommes-nous en France ou en Arabie saoudite ?

par Jean J. MOUROT
jeudi 24 mai 2018

Le voile islamique est-il une pièce d’habillement comme une autre ? N’est-il pas plutôt l’étendard d’une entreprise d’islamisation insidieuse de l’espace public ?

L’accoutrement islamique de Maryam Pougetoux, déléguée de l’actuelle UNEF, a déclenché une polémique qui révèle la prégnance de l’Islam sur la société française d’aujourd’hui.

Les vertueux défenseurs de cette jeune femme s’en tiennent au droit, et nul ne conteste qu’en droit, elle peut légitimement s’habiller comme elle veut... On ne peut même plus lui reprocher une tenue « contraire aux bonnes mœurs », le relativisme contemporain ayant fait disparaître cette notion du code pénal. Il n’en reste pas moins que si cette jeune femme peut en toute légalité arborer son hidjab, les femmes en « terre d’Islam » n’ont pas le loisir de se promener cheveux au vent ou en minijupe. Les préceptes coraniques tels qu’ils sont interprétés dans ces pays régissent les « bonnes mœurs » sans que nos tenants d’une laïcité « ouverte » y trouvent à redire.

Bruno Julliard, ancien président de l’UNEF, ne s’y trompe pas : «  Dans notre démocratie, (Maryam Pougetoux) a évidemment le droit de s’habiller comme bon lui semble et elle est certainement sincère dans sa démarche, déclare-t-il. Mais, quoi qu’elle en pense, son voile est le signe d’une bigoterie patriarcale et sexiste en contradiction avec les combats féministes que l’Unef a toujours portés. Quand elle choisit d’arborer ce vêtement alors qu’elle s’exprime en tant que porte-parole de cette organisation, elle fait passer un message politique qui implique cette organisation. Ça pourrait paraître anecdotique, mais ça ne l’est pas du tout. » (Marianne.net -23/05/2018)

La mauvaise conscience de quelques descendants de nos ancêtres colonisateurs les conduit à nier notre culture et à faire fi de ces « habitudes, les usages conformes à la moralité, à la religion et à la culture d'un pays ou d'un peuple (qui) constituent un ensemble de normes, le plus souvent coutumières » (Wikipedia) qu’on appelle « les bonnes mœurs ».

Certains vont jusqu’à reconnaître aux musulmans le droit de se réclamer d’aménagements spécifiques pour leur « communauté ». Pourtant la France est une république « une et indivisible » qui ne s’est pas constituée, comme la Grande Bretagne ou les USA, en agglutinant des communautés diverses. Et tant pis si certains conchient l’ « assimilation » ; elle a permis dans le passé d’insérer dans la nation pas mal d’exilés juifs ashkénazes puis sépharades, d’immigrés polonais, italiens, espagnols, voire même maghrébins. On ne leur a pas demandé d’oublier ni de renier leurs racines mais de s’intégrer dans un ensemble français dont on a eu tort de ne pas vouloir cerner l’identité. Fernand Braudel pourrait-il encore aujourd’hui publier son monument socio-historique intitulé « L’identité de la France » ? Quand on entre dans une synagogue, on se coiffe ; quand on pénètre dans une mosquée, on se déchausse... Quand on vit en France, on n’arbore pas de signes religieux ostentatoires surtout lorsqu’on exerce une fonction publique.

La France d’aujourd’hui n’est certes pas celle de Louis XIV mais elle n’est pas non plus l’Angleterre ni l’Arabie saoudite. Porter une version sans équivoque du voile islamique n’est pas anodin. Ce n’est pas un problème de libre choix individuel, comme d’arborer des anneaux dans le nez ou des chevelures en crête d’Iroquois. C’est l’affirmation d’une identité qui rattache plus celles qui le portent aux sociétés régies par la Charia qu’à la république française. C’est un drapeau. Le drapeau de celles qui jugent que les lois d’Allah prédominent sur les lois de la République.

Je comprends que des femmes projetées brutalement de leur campagne anatolienne, par exemple, répugnent à sortir « en cheveux ». Leurs conception de la pudeur remonte à leur enfance et on ne va pas les forcer à être impudique. Mais la jeune Maryam Pougetoux n’est pas issue d’une société archaïque. C’est une Française à part entière qui, avec son voile, affirme la primauté de son appartenance religieuse sur son appartenance nationale. L’appartenance à une religion qui n’est pas une religion comme les autres, puisqu’elle entend régenter l’ensemble de la société, n’en déplaise à Aurélien Taché, le « Monsieur laïcité » de la République en marche, pour qui « Ce voile, c'est son identité ! ».

C’est pourquoi je pense que Marlène Schiappa et Gérard Colomb avaient raison de la stigmatiser et qu’il serait temps de durcir notre législation pour prémunir notre société contre la volonté hégémonique de quelque religion que ce soit. Et tant pis si les laïcismophobes nous taxe d’islamophobie !


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