Soral contre Soral ?

par Luc-Laurent Salvador
vendredi 6 juillet 2018

Alain Soral et le youtubeur Ismaïl Ouslimani devraient s’affronter prochainement dans un combat de MMA, une discipline d’une telle violence que la compétition est interdite en France. Ce combat est révélateur car il ne se fait pas contre le « système » que Soral dézingue joyeusement depuis une quinzaine d’années. Même si on peut penser que le Raptor dissident a basculé du mauvais côté de la force, il n’y a pas motif à un affrontement physique. Ce qui affleure ici, ce serait plutôt qu’Alain Soral lutte avant tout contre lui-même et cela, probablement depuis le début. La question est alors de savoir qui, au bout du compte, l’emportera ?

Cette question n’est pas posée comme le ferait un journaliste ou un chercheur qui prétendrait à une forme de neutralité. Je ne revendique rien de tel. A mes yeux Alain Soral n’est pas seulement un auteur et commentateur prodigieusement éclairant sur notre désespérante situation de soumission à l’Empire mondialiste, c’est aussi un guerrier au sens noble du terme, un homme qui, tant au plan physique qu’intellectuel incarne avec plus ou moins de bonheur mais toujours avec persévérance ces valeurs de virilité et de courage que les romains appelaient vertu.

 Le combat de Soral me paraît juste, nécessaire et même chevaleresque car, en payant ô combien de sa personne pour démasquer « les puissances de ce monde » il défend avant tout le bon peuple de France et les valeurs chrétiennes qui, depuis les origines, ont forgé l’« âme » de cette dernière, ainsi qu’en témoigne le statut de terre d’accueil et de liberté qu’elle a su conserver en dépit des vicissitudes de l’Histoire.

 Ceci étant, comme je l’ai évoqué dans deux précédents articles (1, 2), on ne peut douter que le combat de Soral pour la vérité soit, en même temps, une quête narcissique, c’est-à-dire, une quête de reconnaissance motivée par une fragilité, une blessure très certainement issue de l’enfance et qui risque de faire obstacle à sa visée d’accomplissement.

 Notons qu’il n’y a rien là de bien particulier puisqu’au-delà des différences individuelles, nul n’est étranger à l’enjeu narcissique. De sorte que chacun d’entre nous doit aussi apprendre à dominer ses démons tout en sachant que la victoire n’est jamais assurée car c’est un équilibre qui est recherché et non pas l’anéantissement de la partie adverse.

 En effet, nous avons les défauts de nos qualités mais nous avons aussi les qualités de nos défauts. Il serait suicidaire de chercher à s’en débarrasser.

 Le principal défaut d’Alain Soral, son narcissisme aigu, est aussi son moteur, la cause première de ses accomplissements, en même temps que la source intarissable de ses excès et autres débordements. Ce narcissisme exacerbé pourrait toutefois être un véritable talon d’Achille, c’est-à-dire, ce qui, assurément, le handicape et, peut-être, le perdra. Le fait est que :

— les foules sont avant tout sentimentales et nombreux sont ceux qui réagissent émotionnellement aux excès de Soral en lui tournant le dos. [1] Ce dernier s’aliène donc bon nombre de lecteurs ou d’auditeurs qui auraient pu accrocher à ses idées si les besoins d’affirmation de son égo étaient mieux contenus.

— Ensuite parce que dans les cas où une injustice est commise à son égard, au lieu de répondre de manière adulte, sur le seul plan des faits objectifs, sa réaction est souvent immature, voire infantile — c’est-à-dire, victimaire — et consiste en un déluge agressif visant à mettre l’autre minable de toutes les manières possibles, y compris les plus provocantes ou les plus dégradantes.

Il n’est que de voir sa réaction à l’attaque personnelle de la procureure (du parquet) dans son dernier et cinquante septième procès. Alors qu’il s’était acquis une forme de soutien (courageux) de la part des juges (du siège) qui avaient autorisé sa « défense de rupture  » basée le visionnage de documents destinés à démontrer le bien-fondé des ses positions judéocritiques, il l’a agressée verbalement d’une manière machiste, prétentieuse et, il faut dire, assez abjecte. [2] Alors qu’en tant que « maître du Logos », il aurait aisément pu lui clouer le bec en montrant qu’elle n’avait pour tout réquisitoire qu’une succession de vains arguments ad personam sans aucune valeur démonstrative quant à la chose jugée. En se laissant aller de la sorte, Soral, on le voit bien, s’aliène les soutiens possibles de personnes qui perçoivent bien l’iniquité de la situation qui lui est faite mais qui, face à une telle violence verbale, ne peuvent que prendre leurs distances.

Un peu comme l’a fait Etienne Chouard lorsqu’il a pris connaissance du mépris que Soral portait à la personne de Jean-Pierre Elkabach. On notera qu’il ne s’agissait pas de haine, seulement d’un mépris lié au physique d’Elkabach mais il était tellement évocateur des « heures les plus sombres de notre histoire » que, malheureusement, Chouard ne pouvait que s’éloigner de Soral et de son combat.

— Enfin et surtout, dans le contexte du combat que Soral mène depuis une bonne quinzaine d’année, avec la foule — celle-ci assurément — haineuse de ses ennemis guettant la moindre occasion pour le faire chuter, il est clair que ses bouffées d’orgueil manifestées par des charges de mâle alpha le desservent et/ou le mettent en péril car elles offrent à ses adversaires la meilleure prise qui soit pour le dénigrer ou le mettre à terre. Après le regrettable épisode Conversano, l’affaire Ouslimani pourrait en administrer la preuve.

La sagesse populaire ne dit-elle pas qu’on est toujours puni par là où on a péché ? Les Evangiles ne nous avertissent-ils pas que celui qui veut s’élever lui-même (péché d’orgueil) sera abaissé ?

 Au demeurant, il n’y a rien que de très normal à ce que Soral soit attaqué comme il l’est. Le problème n’est pas là car c’est le signe assez sûr de l’efficacité de son action et de sa réussite. Une figure héroïque suscite toujours mimétiquement une adversité jalouse qui n’a d’autre ambition que d’abattre tout ce qui s’élève et qui, comme il se doit, vise de préférence les points faibles.

 Le problème est que Soral semble cultiver cette faiblesse bien plus qu’il ne tente d’y pallier. Or, quel sens y a-t-il, lorsqu’on est écorché vif, à aller au contact sans se doter d’une enveloppe protectrice, de sorte qu’une réaction disproportionnée à la moindre pression est grosso modo garantie ? N’est-on pas traitre à soi-même quand on se livre ainsi exposé, aussi prévisible face à l’ennemi ? N’est-ce pas, pourrait-on dire, tendre la perche pour se faire battre ?

 Ceci ressemble beaucoup à une compulsion de répétitions des situations d’échec d’une enfance vécue en tant que victime ; situations que l’on souhaite rejouer pour les dominer avec l’espoir, toujours déçu, que cela apportera satisfaction, paix et plénitude d’être. Le fait que celles-ci font toujours défaut, amène fatalement à cette logique folle d’apparence masochiste que René Girard avait parfaitement dégagée : il devient tentant d’aller vers des situations d’échec plus sérieuses. On retrouverait donc là quelque chose de l’ordre de la pulsion de mort.

 De fait, avec une intensité heureusement variable, notre vie est une marche au cours de laquelle nous ne cessons de lutter contre nous-mêmes, de sorte qu’il convient, à chaque fois que l’occasion se présente, d’imiter le Christ pour de demander à notre partie adverse de « passer derrière » plutôt que de continuer à nous faire obstacle et à nous arrêter dans notre progression.

 Toutes les spiritualités ne nous portent-elles pas à l’idée que notre seul adversaire c’est l’égo ? Non pas qu’il n’y ait pas à combattre pour la veuve, l’orphelin et donc contre « les puissances de ce monde. » Il serait naïf et un peu fou de se raconter que nous n’avons pas d’ennemis car « même les paranoïaques ont des ennemis ! » [3]

Mais ce combat nous ne le menons jamais aussi efficacement que lorsque nous sommes parvenus à nous maîtriser nous-mêmes, et donc à nous pacifier, c’est-à-dire, à tenir en laisse ou plutôt harnacher nos peurs, nos pulsions infantiles, et en particulier ce narcissisme féroce et amoral qui vise la toute-puissance, donc la domination des autres. Etre quelqu’un qui émerge de la masse des semblables, [4]installé, enfin, dans l’« Etre », voilà bien le graal du narcissique empêtré dans sa névrose.

 Cette maîtrise de soi passe logiquement par une forme de renoncement ou de sacrifice. Il faut bien, en effet, qu’une partie de soi capitule pour que l’autre partie accède à la gouvernance d’un soi apaisé, intégré, cohérent et donc efficace. C’est bien pour cela que toutes les spiritualités nous portent au sacrifice de l’égo, au renoncement à soi.

 Et telle que la comprend l’amateur que je suis, la chevalerie à laquelle Soral aime à se référer est justement cette « école » du renoncement à soi et du sacrifice proprement christique au service du bien commun et en particulier de ceux qui sont sans défense. Le chevalier travaille constamment à se dominer lui-même et, rien n’illustre mieux cet effort que l’assag. Cette épreuve délicieuse consiste à passer la nuit nue à nu avec la dame de son cœur séparé par une épée qui forme une limite que le chevalier doit se garder à tout prix de franchir. Etre un chevalier c’est cela : être capable de garder le contrôle de ses pulsions mais, certes pas, les anéantir. Oscar Wilde qui avouait malicieusement résister à tout sauf à la tentation n’était pas un chevalier.

 Pour en revenir à Soral, il me paraît clair qu’il n’a pas achevé son combat contre lui-même. Il n’y a, bien sûr, là aucune forme de reproche ou de dénigrement car, mis à part Krishnamurti et Ama, je n’ai croisé personne sur terre qui l’ait fait.

 Ce qui est sûr, par contre, c’est que le boulot contre l’Empire, même s’il reste inachevé, Soral en a largement fait sa part. Il en tire une légitime fierté mais tout se passe comme si cela venait aussi avec un sentiment de désorientation, voire une forme de dépression post partum caractéristique des périodes qui suivent la fin d’un engagement auquel on a consacré corps et âme durant de longues années.

 Le tableau est sans doute un peu plus compliqué ou moins lumineux qu’il n’y paraît car Soral a beau avoir fait de son mieux, il n’a pas trouvé la clé pour mettre à bas ce dragon infernal qu’est l’Empire. Comme l’affirmait en substance et en toute impudence Warren Buffet, la lutte des classes est une réalité et c’est sa classe, celle de l’élite mondiale, qui a gagné : ils ont l’argent, les médias, les politiciens à leur botte, ce qui leur permet de contrôler les masses en leur laissant croire que ce sont elles qui agissent [5] ou qui décident. [6]

 A part une intervention divine ou extra-terrestre, on ne voit pas trop ce qui pourrait changer l’ordre des choses. L’humanité est allongée dans le cercueil du Nouvel Ordre Mondial. Le couvercle est en place, il ne manque que les clous. Soral se déclare prêt à tout pour arrêter ça : devenir Roi de France aussi bien que collabo d’un Poutine envahisseur/sauveur de l’Europe. Pourquoi pas ? Mais on comprend surtout que le tableau qu’il a contribué à dresser est tellement accablant qu’il en est décourageant. Nous sommes dans les mâchoires du N.O.M. et nul ne voit comme lui faire lâcher prise.

Le fait de le sentir disposé à passer la main n’a donc rien de surprenant. Non seulement il peut avoir le sentiment d’être allé au bout du chemin mais, de surcroît, il n’a pas pour habitude de se projeter dans l’avenir.

Il est déjà surpris d’avoir atteint les soixante ans et doute d’arriver à soixante-quinze. Il envisage assez sereinement de quitter la vie les yeux ouverts, à la romaine. Dans ce contexte, le combat contre Ouslimani sentirait presque le sapin et pourrait être comme une revanche masochiste du fragile « petit Alain » contre le flamboyant chevalier Soral sans peur et sans reproche.

 Cela risquerait d’être très dommageable car toute l’œuvre de ce dernier pourrait être mise en balance, c’est-à-dire, ternie, dénaturée ou enterrée si, d’aventure, ce combat se terminait mal et entrainait Soral dans une sortie ou une fin d’autant plus ignominieuse qu’elle serait, il faut bien le dire, passablement ridicule.

 Réfléchissons un instant : qu’elle image aurait-on du chevalier Bayard si on le pensait enclin à combattre chaque braillard venu le provoquer en chemin ? Nous savons tous instinctivement que, comme la caravane proverbiale, Bayard passerait sagement son chemin en laissant Satan derrière lui. Mais encore faut-il pour cela ne pas s’être laissé prendre à son propre piège, celui de son narcissisme.

Car, à l’évidence, le Soral vertueux, raisonnable s’est fait piéger par le Soral victime, revanchard et donc maléfique. La dimension tragique de cette situation vient en effet de ce que Soral a, lui-même tendu la perche pour se faire battre en menaçant en premier Ouslimani d’une correction s’ils étaient amenés à se rencontrer.

Or, une fois que l’on a soi-même lancé un défi, comment ignorer celui qui le relève sans paraître se défiler ou plutôt se renier ? Comment ne pas donner l’impression que l’on manque à sa parole, et que, dès lors, on salit ses propres valeurs ainsi que soi-même ? Bref, une fois un défi lancé, il n’est plus possible l’arrêter sans de douloureuses conséquences au plan narcissique.

Autrement dit, on PEUT parfaitement sortir de cet engrenage mais il faut en payer le prix : celui du renoncement à soi-même. Non pas dans la dérobade mais en donnant une explication qui ne peut que prendre la forme la plus exigeante, celle de sacrifice de soi, c’est-à-dire, cette mise en cause de soi-même consistant à reconnaître que l’on s’est trompé.

 La plupart des narcissiques, et ils sont légions, en sont parfaitement incapables. Ils ne reconnaîtront jamais qu’ils sont fautifs car il y aurait là pour eux une mort symbolique qui confine à l’anéantissement de leur personne — leur image sociale — ce que, justement, en tant que narcissiques, ils craignent plus que tout au monde, davantage que la mort physique.

 Alain Soral est déjà venu à des formes de « repentance » car, au cours de ces dernières années, une évolution est intervenue dans sa manière de parler de lui-même ; une capacité à reconnaître qu’il a été insuffisant sur tel ou tel point est apparue et même si les déclarations de ce genre lui étaient manifestement très coûteuses, il a été capable de passer à l’acte.

 Toutefois, il est hautement improbable qu’il en vienne à réaliser celle qui consisterait à reconnaître qu’il a eu tort de réagir aux attaques d’Ouslimani en le menaçant d’une correction. Ce serait pourtant l’attitude chrétienne par excellence, celle qui consiste à reconnaître ses errements plutôt que de polariser l’attention sur les agissements des autres ou, simplement sur les circonstances. Nous connaissons tous son opposé, le pharisianisme qui consiste, avec un culot (une chutzpah) formidable à nier l’évidence pour continuer à se présenter comme impeccable, sans tâche aucune. Entre les deux, il faut choisir.

Ce n’est pas le lieu pour insister sur la question mais disons qu’il est possible de reconnaître l’essence même du message de paix que sont les Evangiles dans l’invitation qui nous y est faite de prendre chacun sa patate chaude plutôt que de la refiler à son voisin ou de lui « jeter la pierre ». Il est très clair que cette repentance sincère n’a rien à voir avec la repentance moderne réalisée sous la pression des puissants, comme dans les procès de Moscou ou comme lorsqu’actuellement les médias manipulent l’opinion publique pour exiger — généralement des européens blancs et chrétiens — une soumission sous la forme d’une repentance qui condamne sans jamais racheter car, à l’évidence, le devoir de mémoire étant ce qu’il est, jamais il ne sera question de pardon.

Conclusion

En allant se colleter avec Ouslimani, quelle que soit l’issue de cet affrontement, Soral prend le risque de donner raison à ses adversaires en prouvant qu’il s’est trompé de combat, en prouvant qu’il se bat d’abord pour son égo et non pas pour la vérité qui nous libérera de l’Empire et autres « puissances de ce monde. »

Ce faisant, il prend le risque de considérablement affaiblir la portée de son message au point de le rendre inaudible en raison la perte de crédibilité qui devrait fatalement s’ensuivre. Car on peut compter sur ses adversaires pour donner un maximum de publicité à ce moment d’égarement et comme rares sont ceux qui savent faire la part des choses pour s’en tenir au seul plan des idées sans laisser interférer les jugements que l’on peut avoir sur la personne de leur auteur, on peut escompter un impact désastreux.

Qu’il soit bien clair que cet article n’entend nullement influer sur le cours des choses. Le voudrait-il qu’il ne le pourrait pas. Ces décisions à haute énergie se prennent d’abord avec les tripes. A l’heure présente, même s’il est possible qu’il y réfléchisse encore, je n’imagine guère Alain Soral disponible pour ce genre de considérations.

Mon ambition se limite à tirer de son cas une morale édifiante pour le commun des mortels étant donné que nous avons chacun nos petits et grands démons à dominer.

L’idée à retenir ici serait que, même si elle n’est pas politiquement et même psychologiquement correcte, la formule « la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe » n’est pas faite pour les cochons. Je veux dire par là que c’est aussi « aimer ses ennemis » que de reconnaître en eux une posture infantile qui ne mérite pas d’être prise au sérieux et sur laquelle on peut fermer les yeux à défaut de pardonner.

Encore une fois, en passant sur l’anachronisme, on pourrait dire que Bayard aurait dédaigné les provocations de manants en quête d’un moment de gloire. Et même à supposer qu’une bouffée d’orgueil l’ait piégé dans un vain duel, je me fais à l’idée que ce chevalier « idéal » aurait eu la force de se dominer, de se vaincre lui-même pour venir à ce qui lui est le plus difficile — tâche qui, selon Rainer Maria Rilke est notre devoir à tous — en reconnaissant son erreur ou sa faute.

Tout mettre en jeu, sa carrière, son statut, sa vie pour sauver la veuve et l’orphelin, voire le monde, c’est la noblesse par excellence. Tout perdre parce qu’on a pas su se maîtriser soi-même, voilà bien l’infâmie dont il faut se garder.

Nous sommes tous porteurs d’une dimension tragique, nous ne luttons en définitive qu’avec nous-mêmes, nous sommes notre meilleur ennemi. Toute la question est de savoir ce qui, en nous, va dominer : ou bien ce sera le fond victimaire, infantile, pulsionnel et violent — qui, source du narcissisme, veut constamment prendre sa revanche mais perpétue en même temps la situation victimaire, c’est-à-dire, une situation d’échec — et tout ira au pire, ou bien ce sera l’adulte [7] et la paix pourra advenir.

Dans sa magistrale analyse de la littérature romanesque, Girard a pointé l’existence d’un moment de conversion, lorsque le héros, vieillissant, malade ou affaibli prend conscience de la folie narcissique qui a été la sienne et renonce à ses ambitions passées comme, par exemple, Don Quichotte qui renie ses charges endiablées contre des moulins à vent ou Julien Sorel qui, dans ses derniers instants, voit la vanité sa quête de jeunesse et s’abandonne à un amour sincère pour Mme de Rénal.

Tout orgueil a alors disparu. Les leçons de vie qui devaient être apprises l’ont été. L’effort d’inflation de l’égo qui nous tient constamment sur le qui-vive est abandonné, la paix envahit l’âme, enfin !

Dans la petite légende personnelle que nous nous confectionnons chacun pour notre usage personnel, nous nous croyons tous volontiers des Don Quichotte tout en occultant l’avertissement de Cervantès : au terme de son parcours, Don Quichotte renonce à lui-même. Il renonce au narcissisme et à ses démons. Il est guéri. Il s’est accompli. Tout est accompli.

C’est tout le mal que je nous souhaite à tous et à Alain Soral en particulier : trouver la sérénité de l’accomplissement, ce que l’on appelle aussi la réalisation. Il ne faut pas avoir peur des sacrifices que cela exige car il y a une vie après la mort... de l’égo.

 

[1] Bien qu’au regard du thème de cet article, cela serait tout à fait non pertinent, il est à craindre que le fil de commentaires soit encombré d’innombrables témoignages de réaction épidermiques à la personne de Soral.

[2] Il aurait ainsi déclaré : « À propos de la procureur, je n’ai jamais entendu autant de mensonges et de malhonnêteté sortir de la bouche d’une femme, et pourtant des salopes j’en ai connues ! En 1994, j’en avais déjà baisées plus de 700... »

[3] Citation attribuée aussi bien à Golda Meir, Roland Topor, Henri Kissinger, etc.

[4] Il s’agit en somme d’être comme le pape un « premier entre ses pairs » (primus inter pares).

[5] Toutes les révolutions depuis le XVIIIe ont été « colorées », c’est-à-dire, apparemment spontanées bien que téléguidées par les « puissances de ce monde ».

[6] cf. cet ersatz de la démocratie dite représentative qui n’est qu’une forme d’aristocratie élective

[7] C’est-à-dire, cet état où les valeurs du surmoi ont su contenir les impulsions du ça pour laisser les valeurs guider la conduite


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