Sortir du déni

par Rémy Mahoudeaux
jeudi 8 septembre 2022

Combien parmi nos concitoyens s’y complaisent encore ?

Combien sont encore persuadés que l’Ukraine incarne le champion du camp du bien ? Qu’elle a été irréprochable et que l’invasion de son territoire par l’armée russe est inexplicable ? Combien pensent que la résurgence d’une idéologie bandériste, la dé-russification manu militari du Donbass et son nettoyage ethnique sont des politiques acceptables, même par une puissance garante des accords de Minsk II comme la France ? Combien imaginent que nul sacrifice n’est trop coûteux pour soutenir ces héros de la liberté face à la Russie ? Combien souhaitent augmenter l’aide militaire à un pays qui a déjà perdu la guerre, au risque de voir se retourner un jour contre nous les armes et munitions généreusement données et détournées par une oligarchie corrompue ? Combien acceptent de bon cœur la paupérisation de notre économie déjà exsangue avec des sanctions contre-productives ? Combien se doucheront à l’eau froide, se transformeront en bibendum à force de couches de vêtements pour lutter contre un froid de saison, mais seront heureux de faire ainsi la nique à Poutine ? Combien balayeront négligemment les objections de ceux qui affirment qu’un gaz de schiste américain extrait par fracturation hydraulique ou une importation d’électricité produite en brûlant du charbon, c’est incompatible avec les ambitions écologiques affichées par notre pays, et qu’un surcroît d’éoliennes ne palliera jamais au désastre annoncé ? Combien garderont le petit doigt sur la couture du pantalon face à l’OTAN et aux États-Unis, qui, pourtant, n’ont pas les mêmes intérêts que le peuple de France ?

Combien continuent à croire les docteurs Diafoirus de plateau ou de ministère qui agitent le grelot de la menace sanitaire et obéissent aux injonctions de Big Pharma ? Combien accepteront encore toutes les panacées proposées par des charlatans, mais estampillées par une officialité corrompue ? Combien se soumettront de bon gré à un contrôle social réduisant drastiquement les libertés, parce qu’il aura été vendu comme l’illusoire contrepartie d’une société exempte d’une maladie érigée en totem démoniaque ? Combien sacrifieront la santé de leurs enfants qui ne sont pas menacés, pour obéir à l’injonction de conformité à la norme ? Combien applaudissent à l’ostracisme qui frappe ceux qui refusent d’accorder foi à ce narratif anxiogène, à ces politiques ineptes ? Combien, comme dans l’expérience de Milgram, pousseront le curseur jusqu’à 450 volts pour punir ces dissidents récalcitrants ?

Combien ferment encore les yeux sur le morcellement de notre nation, sur la multiplicité des antagonismes ? Combien acceptent que cessent d’exister des citoyens et des corps intermédiaires avec au premier rang la famille, et qui laissent place à des monades isolées de producteurs – consommateurs. S’offusqueront-ils de les voir disparaître rapidement quand ils ne produiront plus et ne seront pas assez solvables pour consommer assez ? Combien applaudissent aux délires transhumanistes de l’homme qui s’invente lui-même ? Combien pour nier que l’éducation sombre, que des territoires dits perdus font sécession, que la justice est indigne de confiance ? Combien pour trouver normal que l’égoïsme préside à chaque décision, et que le bien commun soit aux abonnés absents ?

Combien pour penser que nos élections sont sincères et reflètent la diversité d’un pays où un citoyen sur deux ne vote pas ? Combien sont persuadés que la dégradation des finances publiques et celle corrélative des services publics ne sont pas une anomalie ? Combien pour imaginer que le contrôle des médias par l’état et une oligarchie n’est en rien un outil pour notre propre asservissement ? Combien pour encore croire que l’état veut le bien du peuple, de la nation ?

Je ne sais pas combien, ni surtout combien de temps il faudra pour qu’assez de monde sorte de ce déni pour que la nation reprenne son destin en main.

Cliché Michael Maggs CC BY-SA 2.5

 


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