Souveraineté et réalisme : adresse aux Snowflakes Français et Européens

par Renaud Bouchard
vendredi 27 janvier 2017

A toutes les pleureuses que l'on entend encore à longueur de journée critiquer l'affreux D. Trump et l'horrible V. Poutine, à tous ceux qui s'indigneront encore de la « scandaleuse » élection de D. Trump après qu'il aura achevé son deuxième mandat, qu'ils sachent bien une chose, que cela leur plaise ou non... Le 45ème Président des Etats-Unis d'Amérique est élu. Il a pris ses fonctions et a décidé de gouverner en montrant très clairement à la face du monde, que cela plaise ou non, qu'il entend désormais défendre et restaurer son pays. Par tous les moyens. Sans état d'âme.

ll n'est pas le seul.

Il a surtout donné avec un émouvant discours d'investiture une belle leçon à toute une caste politico-médiatique européenne en général, française en particulier, en s'adressant à tous les perdants de la mondialisation, à tous ces fossoyeurs mondialistes européistes qui ont laissé nos industries quitter son pays comme le nôtre et plongé des millions de familles dans l’humiliante situation d'un chômage considéré - en France - comme une maladie chronique incurable.

Il a alors décidé de restaurer la prospérité comme la puissance perdues de son pays.

On ne peut que l'approuver.

Il demeure toutefois une limite à ne pas franchir et un danger que l'on sent déjà monter. Ce danger est celui que représente la volonté du nouveau président, dans sa volonté d'atteindre son objectif, d'user de tous les moyens à sa disposition et, dans son désir de restauration économique, politique et financière, en luttant contre toute forme de supranationalité, de démembrer l'UE en tant que puissance politique et économique.

 

Face à cette menace que nous pourrions parer, si nous avions des dirigeants européens vraiment fidèles à l'Europe et à son destin, plutôt qu'une oligarchie ploutocratique complètement déconnectée des réalités, voici ce qu'il conviendrait de faire sans tarder plutôt que de prendre le risque de se laisser dicter par un allié encombrant un emploi du temps qui n'est pas le nôtre et se révèlera très rapidement contraire à nos intérêts européens spécifiques si nous n'y prenons pas garde.

Ces dirigeants n'existant pas, voici donc très exactement ce que je ferais en abordant avec l'intéressé deux domaines fondamentaux d'une pleine et entière souveraineté, d'ordre politique et économique (I), d'ordre diplomatique et stratégique (II).

 

I- Souveraineté d'ordre politique et économique

 

Après le voyage de Mme T. May, Premier Ministre Britannique à Washington, j'inviterais M.D. Trump à Paris, avec tous les dirigeants européens malgré leurs réticences, pour lui dire que si nous accueillons sa nouvelle élection comme son désir de restaurer l'Amérique, la même idée prévaut désormais en Europe.

-Je lui dirais à quel point l'Europe en général et la France en particulier sont heureuses de saisir l'occasion de devenir pleinement ce qu'elles ont vocation à devenir : un ensemble politiquement majeur, un géant politique après un géant économique.

-Je lui dirais tout comme au PM Britannique Mme May qui sera elle aussi présente, que la formule des voyages à Canossa-Washington pour recevoir sa nouvelle feuille de route dans le cadre d'une « ère nouvelle post-Brexit » ressemble furieusement aux voyages que les secrétaires des partis communistes « frères » faisaient au siècle dernier en se rendant à Moscou en tremblant pour se faire remonter les bretelles et dicter la ligne du Parti à suivre.

-Je lui dirais que cette époque est définitivement révolue et que la technique des accords bilatéraux entre Etats-Unis et pays européens n'est pas plus acceptable que celle des accords commerciaux imposés unilatéralement désormais caducs, du type CETA, TAFTA, TTIP, selon les acronymes choisis.

-Je lui ferais part de notre volonté de restauration européenne en procédant à notre tour à un complet changement de nos représentations diplomatiques européennes aux Etats-Unis, le tout étant parfaitement réorganisé pour parler d'une seule voix.

-Je lui expliquerais notre volonté commune de voir effectivement nombre de dirigeants politiques obsolètes débarrasser prochainement et définitivement le plancher, à commencer par Mme A. Merkel en Allemagne et M. F. Hollande en France, mais n'oublierais pas de lui dire qu'il commettrait une maladresse sinon une grave erreur en croyant pouvoir dépiauter l'Europe morceau par morceau en profitant des faiblesses et des rejets d'une supranationalité mal conçue, mal conduite et mal comprise.

-Je lui rappellerais alors à cette occasion notre volonté de maintenir, développer, renforcer au mieux de nos intérêts respectifs bien compris (The Art of the Deal...), nos relations économiques avec les Etats-Unis bien sûr, mais aussi avec l'Eurasie (Russie et Chine) et l'Afrique (nos deux profondeurs géopolitiques et géoéconomiques continentales, traduisez notre chasse gardée en ce qui concerne l'Afrique...), mais insisterais surtout sur l'erreur à ne pas commettre en nous sous-estimant.

-Je lui dirais par exemple quel soin nous attachons, nous Européens, à ne pas perdre la position qui est la nôtre vis-à-vis des Etats-Unis, en lui rappelant des indicateurs économiques implacables tels que :

 

- Le déficit commercial des USA avec l'UE, d'environ $150 milliards par an ($134 milliards de Janvier 2015 à Novembre 2016.

- Le déficit commecial des USA avec l'Allemagne, d'environ $65 milliards par an (légèrement supérieur à celui du Mexique, comme quoi tout est relatif...).

- Le déficit commercial des USA avec le Royaume-Uni, d'environ $1.7 milliard par an.

Source : (http://www.census.gov/foreign-trade/balance/c0003.html)

 

II- Souveraineté d'ordre diplomatique et stratégique

 

Dans le droit fil des thèmes précités, j'aborderais ensuite les questions très opportunes de l'OTAN et de l'indépendance militaire et stratégique de l'Europe et inviterais notre partenaire et allié à clarifier quelques points majeurs.

- Evoquant la question du coût de fonctionnement de l'OTAN, j'indiquerais à mon interlocuteur qu'un choix devra être fait entre la participation sinon la prise en charge d'une organisation désormais devenue obsolète dans sa forme actuelle mais qui, compte tenu de son importance face à d'autres organisations telles que l'Organisation de Coopération de Shanghaï et l'Organisation du Traité de Sécurité Collective, devra demeurer et changer, obligeant à un transfert complet de ladite OTAN sous commandement réellement européen et plus particuièrement Français (en tant que puissance nucléaire membre du Conseil de Sécurité).

-J'aborderais bien évidemment les anomalies et les contradictions que constituent les ingérences des Etats-Unis dans les relations bilatérales de coopération militaire (conseil, assistance, vente de matériels) avec des pays membres de l'UE (Pologne, Pays Baltes) ou non-membres (avec le cas désormais problématique et ingérable de la Turquie, 2ème armée de l'OTAN, désormais prises dans des liens complexes avec la Russie), les bases militaires, le stationnement d'armes nucléaires en Roumanie, le Kosovo, la Macédoine, les Balkans en général et bien évidemment la question de l'Ukraine.

Comme on le devine, il ne s'agit là que d'une simple propédeutique, une introduction non pas à des pourparlers ou des conversation exploratoires, car le temps est compté, mais bien à des décisions à prendre d'urgence.

S'agissant de l'urgence, précisément, il est encore plus évident qu'un principe de coopération commune entre l'Europe, les Etats-Unis et la Russie ne pourra que naître dès lors qu'il s'agira de monter en puissance pour régler définitivement et là encore sans tarder la question du terrorisme islamique, ladite question, désormais liée à un problème migratoire majeur - ancien comme nouveau - ne pouvant faire l'objet de concessions ou de quelconques accommodements, son but comme son issue n'étant pas négociables quoique que puisse en penser une classe politique française prête à toutes les compromissions électorales.

 


Lire l'article complet, et les commentaires