Starbucks coffee où la logique du dumping salarial : comment exploiter la misère par « humanisme » fumeux

par Coeur de la Beauce
mardi 31 janvier 2017

La logique du système capitalisme ne changera jamais. Vers 1860, des associations patronales françaises vantaient déjà le recours à la main d'oeuvre étrangère pour casser les salaires et accroître davantage les profits. Nos amis américains, dont la nation est née d'une insurrection libérale au XVIIIème siècle, assument sans honte, protestantisme oblige, cette triste logique qui consiste à mettre les pauvres en concurrence pour faire du business...

Starbucks coffee est l'illustration même de l'entreprise "miracle" issue du libéralisme. Elle vend de la restauration rapide, sauf que les sandwichs industriels remplacent ici les hamburgers. On peut y boire du café ou un chocolat chaud dans un espace impersonnel, froid, où les clients ne communiquent pas entre eux. La convivialité n'a pas sa place dans ces structures, loin de l'esprit brasserie à comptoir en zinc ou du saloon de western. Le but est de faire tourner un maximum de clients en exploitant au maximum les salariés "à charge", selon la formule consacrée.

Quiconque est entré consommer un kawa dans un Starbucks a pu constater le triste état des serveuses, hyperactives et soumises à toutes les basses besognes. En octobre dernier, à Malaga, je fus témoin d'une scène pittoresque où une employée en uniforme vert foncé devait nettoyer les déjections d'un marginal devant l'entrée d'une franchise locale. Vu le montant des clopinettes qu'elle devait toucher à la fin du mois, on peut la féliciter d'avoir choisi un travail "honnête" quand la plupart de ses potes devaient choisir de gagner du pognon autrement, ce qui se comprend très bien vues les circonstances.

Donc, ce n'est pas un hasard si le seigneur, pardon, le PDG de Starbucks, le dénommé Howard Schultz, a annoncé qu'il recruterait 10000 réfugiés sur cinq ans dans ses restaurants, pour contrer le protectionnisme de Donald Trump. Cela en réponse au refus d'accorder des visas aux citoyens de certains pays du Proche Orient. Les pauvres gars, fuyant les guerres et la misère provoquées par Schultz et ses congénères de par le monde, ne seront pas trop regardants sur leur salaire et leurs conditions de travail. Les droits syndicaux, ce ne sera pas pour eux. Voilà un très bon exemple de dumping social, au détriment des jeunes chômeurs locaux, qui résume bien la logique libérale ; le droit, les frontières et les identités culturelles sont des obstacles au profit, il faut donc les abattre.

Certes, Trump le milliardaire est un personnage très contradictoire, qui n'a rien d'un humaniste. Mais Schultz est encore plus dangereux : le sort des gueux lui importe peu, tant qu'ils consomment sa daube ou qu'ils triment pour ses actionnaires. Le patriotisme est son ennemi au même titre que le code du travail. C'est donc un formidable pied de nez qu'il adresse aux souverainistes comme aux démocrates, car il se fiche des règles et des frontières. Plus grave, et surtout plus cynique, il donne un alibi humanitaire à ses provocations.

Verra-t-on le prochain prix Nobel de la paix décerné à Howard Schultz, pour avoir sauvé quelques milliers de migrants par l'exploitation et l'avilissement au travail semi-forcé ? A moins que Mme Merkel, qui offre des jobs à un euro de l'heure à son contingent de boat people ne lui rafle la récompense ? L'avenir nous le dira. Au moins, l'attitude de ces patrons sans foi ni loi a le mérite de rappeler les fondamentaux de la logique libérale...

 


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