Stratégie « anti-système » entre dérives diverses et désintérêt des problématiques écologique

par Daniel MARTIN
samedi 2 mars 2019

S'enfermer dans une stratégie "anti système" pour créer une majorité servant de point d'appui à un changement radical et égalitaire ne peut que conduire à un populisme nationaliste avec avec des dérives dangereuses aux antipodes des problématiques écologiques et des bouleversements climatiques qui en découlent.

 

« Le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde », Bertolt BRECHT dans les années 1930.

Une stratégie "anti système" qui caractérise aujourd'hui le mouvement des gilets jaunes, ceux qui les soutiennent, tel la FI de Mr. MELENCHON, ou l'instrumentalisent dans l'ombre, l'ex FN avec les conseils avisés de l'ex stratège de TRUMP, Steve BANNON et dont l'objectif tendrait à fédérer toutes les victimes "des élites qui sont au service de l’oligarchie politico - financière et économique » pour créer une majorité politique qui serait le point d’appui d’un changement radical et égalitaire. Cette stratégie a tristement marqué l'histoire, car elle n'est ni plus ni moins celle inspirée par le juriste et philosophe Allemand Carl CHMITT (1888 - 1985) juriste influent du Parti NAZI de 1933 à 1936, date à laquelle il fut écarté et qui consiste à désigner un ennemi et à le combattre en réunissant contre lui une coalition.

Toute stratégie "anti système " ne peut que conduire à de tristes bégaiements de l'histoire

Pour les gilets jaunes et leur soutien, ici c'est bien contre Emmanuel MACRON, la démocratie représentative, les élites voire contre les "étrangers" qu'il faut se liguer en réclamant "le pouvoir au peuple" par le RIC, notamment .... ils sombrent dans un populisme de type nationaliste balayant du coup les règles les plus élémentaires de l'Etat de Droit et oubliant également que nous sommes dépendant du Droit Européen, en particulier la charte des droits Européens qui prime sur le Droit national, interdisant notamment la peine de mort qui est réclamé par certains. Non seulement le peuple n’a pas toujours raison et les élites n’ont pas toujours tort, mais Inévitablement pour les partisans "anti système", il faut se "liguer " contre ceux qui ne partagent pas leur point de vue ou sont différents d'un point de vue culturel ou cultuel et qui deviennent dès lors "des collabos", des ennemis à combattre... C'est ainsi que va se développer, voire s'amplifier le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie, cela peut aussi aller jusqu'à des profanations de lieux de cultes et de cimetières, le tout traduisant ainsi un triste bégaiement de l'histoire...

Attention : aujourd'hui, en plus des phénomènes récurrents d'antisémitisme et de racisme qui caractérisent depuis longtemps quelques groupes extrémistes de nos sociétés Occidentales (1853, déjà le Comte de GOBINEAU avec son traité sur "l'inégalité des races" aller générer des hordes racistes) il y a une dérive de la part de l'Islamisme de type sunnite salafiste, c'est à dire un Islam qui ne retient que la partie de la période Médinoise où il devient politique et violent, contrairement à la période Méquoise où l'Islam se fonde sur des dogmes religieux de bonté, de miséricorde et d'éthique. Avec le retour de Syrie ou d'Irak des "combattants" égorgeurs Islamistes de Daech, plus ceux qui vont sortir de prison munis d'un gilet jaune, nous ne sommes pas au bout de nos peine, y compris les populations Françaises de culture Arabo - Musulmanes, dont la grande majorité est étrangères aux dérives salafistes et qui risquent cependant, par des phénomènes d'amalgame, d'être aussi des victimes, car considérées comme des traîtres.

Il va de soit que la lutte contre l'antisémitisme concernant les populations de culture Hébraïque est indissociable de la lutte contre toutes les formes de ségrégation et de racisme dont peuvent être victimes des populations Arabo-Musulmanes (les Arabes étant aussi d'origine sémite comme les Juifs) ou les populations de la négritude (formule chère à Léopold Sédar SANGHOR). Il faut toutefois éviter le piège qui consisterait à amalgamer l'antisionisme qui est une opinion politique et une condamnation de la politique expansionniste du gouvernement Israélien en Palestine avec l'antisémitisme qui est un délit raciste. bien que la limite avec l'antisémitisme soit parfois faible, vouloir sanctionner l'antisionisme équivaudrait à sanctionner l'antilibéralisme, l'antifascisme, l'anti Stalinisme etc.

La stratégie "anti système" des gilets jaunes se concentre toutefois plus vers une critique de l’État providence que du libéralisme économique tout en ignorant la gravité de la situation écologique

Le mouvement social "anti système" initié par les gilets jaunes, dont il faut rappeler qu'il n'a d'ailleurs strictement rien d'homogène d'un point de vue revendicatif avec des demandes aussi variées que contradictoires, au-delà du classique pouvoir d'achat, de la contestation fiscale ou du référendum d'initiative citoyen (RIC) pour demander le départ d'Emmanuel MACRON ou la dissolution du parlement, il ne remet pas en cause les fondements actuels de la société libérale. Il exprime simplement une réelle crise de confiance à l'encontre des élites et porte surtout une critique du fonctionnement de nos systèmes représentatifs, notamment, de tous les représentants traditionnels (syndicats, associations, partis politiques...) qui ne seraient plus susceptibles de « parler et agir au nom du peuple »…

Nul doute qu'avec le Web par les réseaux sociaux, ils considèrent que ces systèmes représentatifs ne sont plus nécessaire, seul compte pour eux la démocratie directe via ce « support Web des réseaux sociaux ». Au fond n'est-ce pas plutôt une critique de l’État - providence par les gilets jaunes qui s'exprime, plutôt que le libéralisme économique ? La conjonction de la mondialisation économique et de la nouvelle révolution industrielle par l'innovation du numérique et des « intelligences artificielles » créait une situation inédite à laquelle s'ajoute la déliquescence des services publics qui illustre l'incapacité des élites à proposer des perspectives susceptibles de donner du sens à l'exigence de changement comme de l'accompagner efficacement. La France, comme d'ailleurs l'Europe, doit donc se réinventer, faute de quoi, avec une situation écologique par une croissance démographique aux effets climatiques catastrophiques, le mouvement des gilets jaunes risque de générer par l'inculture un régime autoritaire des plus violents.

Les partisans de la stratégie "anti système" n'ont à l'évidence que faire de la situation écologique et de ses effets irréversibles sur le climat

« Le sujet démographique est presque tabou en Europe continentale parce qu’il est lié à cette religion de la croissance : croissance des familles = croissance économique = bonheur. Ce qui fut vrai, ce qui est maintenant faux. » Yves COCHET ancien Ministre Vert

Au delà du discours de certains gilets jaunes qui vont jusqu'à s'associer aux manifestation pour le climat, alors qu'en réclamant et obtenant la suppression d'une taxe carbone qui se traduisait par l'augmentation de moins de trois centimes du prix des carburants, pour pouvoir rouler toujours plus en voiture, ils contribuent à aggraver les dérèglements climatique.

En leur donnant satisfaction sur ce sujet, le Gouvernement et le Président de la république, non seulement transgressent les objectifs de la COP 21 qu'ils ont eux même initié, ce qui est un comble ! mais semblent oublier qu'aujourd'hui avec une heure de salaire au SMIC on achète plus du double de litres d'essence qu'en 1980. Exemple :

En 1980, le SMIC horaire brut était de 14,76 francs, soit 2,25 euros, le prix moyen de l'essence étant de 4,17 francs, soit 0,63 euro, avec une heure de travail on pouvait s'acheter un peu plus de 3 litres d'essence (3,4 L). En octobre 2018 le taux horaire du SMIC est de 9,88 euros le prix moyen d'un litre d'essence est de 1,539 euro. Autrement dit avec une heure de travail en 2018 on peut acheter un peu plus de 6 litres d'essence (6,4 L). A lire mon article publié par Les Echos. fr le 01/11/2018 : https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-188292-opinion-actions-contre-le-prix-des-carburants-il-faut-cesser-de-se-tromper-2218283.php En Février 2019 le taux horaire brut du SMIC étant de 10,30 euros le prix moyen de l'essence étant de 1,484 euros, avec une heure de travail on peut acheter 6,76 litres d'essence.

On pourrait également rappeler aux partisans de la stratégie "anti système " qui proteste contre le prix des carburants et veulent toujours plus de pouvoir d'achat que le prix d'une voiture neuve en 1980 valait l'équivalent de 13 à 14 mois de salaire au SMIC pour l'achat d'une 2 CV Citroen neuve, alors qu'aujourd'hui, un véhicule neuf type Dacia Sandéro vaut environ 6 à 7 mois de ce salaire. En mars 1980, le SMIC était de 309,40€ (il a vite augmenté pour passer à 341,25€ en décembre). En janvier 2018, il est passé à 1498,47€ et en Février 2019 il est de 1521,25 euros brut.

En 1980 le nombre total de véhicules en France était de 21 millions de véhicules, en début 2019 il est de près de 40 millions. 1 kilo d'équivalent C02 est émis toutes les 4 secondes par les voitures européennes : ce sont donc 4,9 milliards de kilos de C02 qui s'ajoutent à l'atmosphère du fait des voitures chaque année en Europe.

Que dire de la bombe démographique et ses explosions successives, avec des impacts sur la biodiversité et le climat

En l'an 1000, la population atteignait 310 millions d'habitants

En 1500, la population atteignait 425 millions d'habitants

En 1815, la population atteignait 1 milliard d'habitants et jusqu’à cette date la population augmente au plus de 4 millions d'habitants par an. (Forte mortalité infantile + espérance de vie inférieure à 40 ans). On peut toutefois noter que les guerres et les pandémies n'ont eu que peu d'effets négatifs sur la croissance démographique globale.

En 1850 (première révolution industrielle) la population mondiale est 1,26 milliards d’habitants, en 1900 1, 65 milliard, en 1927 2,00 milliards. Selon les estimations de l'ONU, la population mondiale est passée de 2,54 milliards d'habitants en 1950 à plus de 7,7 d'habitants au début 2019.
En 65 ans, la population mondiale a progressé de 291,10% avec une moyenne de plus de 75 millions d'habitants par an

La population humaine explose actuellement parce qu’elle traverse une période qui se caractérise par une chute brutale de la mortalité et du vieillissement, le nombre de naissances dépassant de loin, dans l’intervalle, celui des morts. Même si elle est suivie avec retard par une baisse également de la natalité dans de nombreux pays, ce qui n’est pas exactement le cas de la France et de certains pays du sud, sauf que, vu leur niveau économique, l’impact écologique de ces pays est moindre que ceux du Nord plus riches (souvent 15 fois inférieur), même si la population est moindre. Les Nations unies ont publié de nouvelles projections démographiques. En partant de trois scénarios différents (fertilité haute, moyenne et basse), elles chiffrent la population mondiale en 2100 à respectivement 15,8, milliards, 10,1 milliards et 6,2 milliards. A titre de référence, elles indiquent que si le taux de fertilité restait à son niveau actuel, la population mondiale s’élèverait en 2100 à près de 27 milliards. Actuellement nous avons une croissance de un milliards d'habitants par décennie (6,7 en 2008, 7,7 en 2018), or cette période risque de se réduire par chaque croissance de un milliard d'habitants.

Force est de constater que depuis deux siècles, nous sommes en train de nous extraire de l’Holocène, une période interglaciaire commencée il y a plus de 10 000 ans et qui a fourni des conditions environnementales extrêmement stables, permettant le développement mondial que nous connaissons. Par une expansion démographique non maîtrisée et grâce aux énergies fossiles, en particulier le pétrole qui lui ont permis un développement considérable, l’Homme est devenu une force géologique qui nous fait entrer dans une nouvelle ère que les scientifiques dénomment « l’Anthropocène ».

Désormais, depuis la révolution thermo- industrielle, avec les explosions successive de la bombe démographique, nous filons vers l’inconnu. Il a fallu plusieurs millénaires pour atteindre le premier milliard d’habitants et moins de deux siècles pour dépasser les sept milliards, dont un milliard pour une décennie entre 2008 et 2018. Notre planète a progressivement basculé vers une situation inédite. Les traces de notre âge urbain, consumériste, chimique et nucléaire resteront des milliers, voire des millions d’années dans les archives géologiques de la planète et soumettront les sociétés Humaines à des difficultés considérables, si tant est qu’elles puissent y survivre…

A combien faudrait-il limiter le nombre d'humains pour vivre sur les seules ressources que la planète peut générer sans puiser sur son stock ?

Pour que l'humanité vive comme :

Les Américains, il faudrait limiter la population mondiale à 1,54 milliard d'habitants

Les Russes, il faudrait limiter la population mondiale à 2,26 milliards d'habitants

Les Français, il faudrait limiter la population mondiale à 2,57 milliards d'habitants

Les Espagnols, il faudrait limiter la population mondiale à 3,21 milliards d'habitants

Les Chinois, il faudrait limiter la population mondiale à 3,37 milliards d'habitants

Les Indiens, il faudrait limiter la population mondiale à 12,83 milliards d'habitants

Les Africains, il faudrait limiter la population mondiale à 23,10 milliards d'habitants. Mais Selon les données 2016 de la banque mondiale, les pays de l’Afrique subsaharienne (Guinée équatoriale, Niger, Angola, Ouganda...) connaissent actuellement les taux de croissance démographique les plus élevés du monde. Selon les projections des Nations-Unies, l’Afrique représenterait 54 % de l’augmentation de la population mondiale entre 2015 et 2050 et 83 % de l’augmentation entre 2015 et 2100.

Perte des terres arables, d'animaux sauvages et spéculation des richesses naturelles

Au cours des quarante dernières années, la population de la planète a quasiment doublé, tandis que l'on enregistre une diminution de 58% de la population d’animaux sauvages et parallèlement, selon B. SUNDQUIST de l’université du Minesota, à l'échelle du globe, les pertes de surfaces arables sont estimées en moyenne à 100 000 km2 par an. Autrement dit, en quarante ans c’est la superficie des 27 pays Européens. En France c'est 26 m2 de surfaces agricoles par seconde qui disparaissent...

Mais plus grave encore, avec la raréfaction des ressources et la disparition programmée de certaines espèces, la loi de l'offre et de la demande s’applique maintenant aux richesses naturelles. Ainsi, des banques et des fonds d'investissements qui échappent désormais à tout contrôle du pouvoir politique achètent d'immenses zones naturelles riches en espèces animales et végétales menacées. Monétarisées et financiarisées, ces réserves sont transformées en produits boursiers spéculatifs, pour être ensuite jeter sur les marchés pour des opérations foncières diverses.

L’explosion démographique dans les métropoles et mégapoles régionales mondiales, outre la spéculation boursière, participe fortement à l’artificialisation des terres arables par la densification urbaine avec ses effets inévitable d’étalement vers les zones rurales péri- urbaines, ce qui induit également de forts rejets de gaz à effet de serre tout en aggravant la consommation de pétrole.

Loin de résoudre les problèmes, la nouvelle révolution des "intelligences artificielles", bien qu'elle puisse contribuer à réduire les mobilité par le travail à distance, va inévitablement les aggraver avec l’explosion de la consommation et de la production accrue par l’explosion démographique et ses besoins correspondant… Quelques exemples de production depuis 1965 : en 1965 : 5 000 tonnes, 1975 : 20 000t, 1985 : 30 000t, 1995 : 55 000t, 2005 : 110 000t, 2015 : 145 000t.

Pour conclure

Une stratégie "anti système" type gilets jaunes pour créer une majorité servant de point d'appui à un changement radical et égalitaire ne peut conduire qu'à un populisme nationaliste et ses dérives dangereuses. Cette stratégie ignore forcément les problématique écologiques, leurs effets et impact environnemental. Par sa croissance démographique et la croissance économique, bien qu'en continue elle soit désormais impossible, "l'homo faber consumméris" est responsable des effets désastreux engendrés sur la biodiversité, le climat, ou les ressources naturelles. Naturellement ces stratèges "anti système", valseurs des ronds points, semblent ignorer qu'aucune espèce ne peut proliférer indéfiniment au détriment des autres espèces comme le fait l'homme, sans se mettre elle même en danger.

 


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