SULLY

par Le421... Refuznik !!
lundi 8 mai 2017

Suivre l'évidence n'est pas toujours la bonne solution.

Cette histoire me trotte dans la tête.

Passionné d'aviation depuis l'âge de 10 ans, et même peut-être avant, j'ai toujours suivi les aventures, les exploits et les catastrophes ayant marqué l'histoire de l'aviation. Il m'aurait paru impossible de ne pas être devant mon téléviseur ce matin de 1969 où Neil Armstrong a mis le pied sur la surface de la Lune. Petite histoire, Apollo 11 a décollé le 16 Juillet, pilepoil pour mon anniversaire !!

A peine entré dans l'Armée de l'Air, vu que j'étais dans les premiers, et même en fait le major de la promo, j'ai été inscrit au vol à voile d'office et passe régulièrement une partie de ma vie en l'air, étant encore pilote d'aéroclub aujourd'hui.

Alors, je fais l'analyse toute personnelle de la fantastique aventure du vol 1549 US Airways du 15 Janvier 2009. Bien que l'adaptation faite au cinéma soit forcément romancée, la réalisation de Clint Eastwood tient plus du documentaire que de la pure production hollywoodienne.

Le traitement de l'accident est remarquable dans le sens où l'on perçoit parfaitement bien l'antagonisme entre la réaction d'un homme dans une situation de détresse terrible, devant faire face avec un sang-froid incroyable à une panne majeure, et l'analyse qui en est faite par des personnes dont le seul but est d'attribuer des responsabilités à une personne qui, pourtant, a vraiment fait de son mieux.

Les simulations faites au moyen de données informatiques démontraient que la réaction de l'humain n'avait pas été la bonne, sauf que...

Justement, ce n'était pas un homme aux commandes mais une machine à laquelle on avait intégré une possible solution immédiate, sans tenir compte de paramètres annexes tels que l'analyse de la situation, le respect de la procédure et le contexte environnemental. Percuter un bâtiment en imagerie 3D ou s'écraser en zone urbaine surpeuplée dans le monde réel n'est pas du tout la même chose !!

Je vous passerais le couplet technique concernant l'appréciation des "AP"* pour déterminer la possible zone de crash en cas de panne moteur, sur mon DR400, en vue latérale, c'est assez facile, mais à l'arrière ou à l'avant - surtout à l'avant d'ailleurs - cela nécessite une pratique certaine.

Et c'est là qu'intervient la magie du cerveau humain. Ce phénomène qui fait que l'on donne une réponse à un problème qui ne correspond pas du tout à ce que tout le monde attends de vous.

Ce moment où le souci de bien faire, la conscience de la responsabilité qui est la vôtre quand vous embarquez avec vous une quantité de personnes en vous souciant de les amener à bon port, ou du moins que tout se passe sans le moindre mal, prends le dessus sur les procédures ordinaires, faisant de vous une personne extraordinaire.

Alors que tout le monde lui proposait des solutions toutes prêtes et conformes à la pensée courante, Chesley "Sully" Sullenberger en a décidé autrement. Je ne sais si il a dit cette phrase, mais je pense sincèrement qu'il l'a fait, "c'est mon avion" ; il a pris la décision terrible de diriger son appareil vers l'Hudson afin de causer le moins de dégâts possible dans une zone avec une densité d'habitation importante.

Le savoir-faire du pilote n'était pas à mettre en doute, au regard de son ancienneté, mais entre la théorie qui décrit systématiquement une désintégration au contact de l'eau et la pratique qui a vu un amerrissage digne d'un canadair, la différence a été immense.

Pour tirer une morale de cette fantastique histoire où tout le monde rêverait d'avoir sur son CV un vol avec "Sully" comme Commandant de Bord, il est important de constater que les personnes avec un sens des responsabilité exacerbé et une authenticité évidente n'agissent pas souvent suivant les standards habituels.

Ca marche ou ça ne marche pas, mais quand ça réussit, on se dit qu'il vaut mieux risquer une catastrophe avec un pilote comme Sullenberger aux commandes que de ne même pas prendre le risque d'un voyage au regard de l'incompétence des possibles responsables de l'appareil.

Toute analogie avec une situation dans un pays quelconque où un dirigeant serait appelé à emmener son peuple en voyage ne serait (peut-être pas) que fortuite...

 

AP Angle de plané déterminant en fonction de la finesse de l'appareil la zone accessible sans moteur.

 

Ah oui !! Comme d'habitude, j'évite les liens qui rendent un texte insipide et impersonnel. Je vous laisse les trouver facilement et à votre convenance sur internet. Je vous conseille aussi l'excellent film réalisé sur ce sujet par Clint Eastwood, "Sully"... Je crois qu'il est sorti en DVD.

Bonne journée aux lecteurs d'Agoravox...

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