Super monstres et super héros de l’Amérique crépusculaire…

par camus
vendredi 7 septembre 2012

Sommes-nous parvenus au règne de la Fausse-semblance précurseur de l’Antéchrist ! Le système bâti sur le sable du mensonge se fissure en effet de toutes parts. Ne serait l’emprise qu’il exerce sur les esprits et les âmes par le truchement de son industrie mortifère de l’image et de l’imaginaire – celle du cinéma… entreprise létale pour l’esprit et les corps dans bien des cas, mais que d’aucuns, aveugles ou insensés, exaltent follement – il y a beau temps que le joug eut été secoué… Au fond peut-être l’Occident attend-il lui aussi son “Printemps arabe“ pour jeter à terre les fausses élites qui, de mandatures en mandatures, se révèlent être de plus en plus moralement et intellectuellement pitoyables, mais également de plus en plus nuisibles.

En attendant la crépusculaire Amérique-monde continue d’engendrer des monstres tous fils puînés des délires communautaristes, pluralistes, égalitaristes de la Nouvelle Babylone messianique et vétérotestamentaire de Breivik à Batman, d’Armstrong le sélénite à Armstrong le dopé, ex septuple vainqueur du “Tour“, grand winner et truqueur devant l’Éternel.

… Aussi l’on en vient à se demander quand l’infernale bulle spéculative de la fiction mensongère et triomphante, finira par éclater emportant avec elle la charogne et les parasites, ceux-là mêmes qui n’en finissent pas de proliférer sur la carcasse de feu la civilisation.

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La première couverture de “Captain America“ 20 décembre 1940

Breivik et Batman d’Utøya à Aurora

Le 22 juillet 2011 Breivik, sioniste, franc-maçon paladin terroriste du meurtre en rafale, tire comme des lapins 77 jeunes gens pro palestiniens sur l’île d’Utøya … En cela le monstre Breivik, dont il a été beaucoup question au cours de l’été est bien le digne rejeton de l’utopie meurtrière – toutes les utopies sans exception sont meurtrières – qui fonde l’Amérique depuis la guerre de Sécession. Mais il est dans la réalité et la sanie ce qu’est Batman dans l’envahissante sphère virtuelle qui formate l’imaginaire collectif des nouvelles générations.

Breivik et Batman sont à ce titre les enfant adultérins des divagations communautaristes, pluralistes, égalitaristes, hygiénistes, politiquement correctes de la Grande Amérique héritière de la sanglante et génocidaire Angleterre du Lord Protecteur Cromwell… Monstres nés également par la main gauche de l’idéologie du chaos fertile par laquelle règnent des oligarchies cosmopolites prêtresses de la religion du nouveau millénaire, le monothéisme du Marché… élites corrompues ou nouveaux “commissaires politiques“ qui donnent le ton et fixent la ligne à suivre sans écart possible par et pour toutes les nations féales.

Vendredi 24 août 2012 Breivik était putativement condamné à 21 ans de réclusion criminelle dans un pays où la philosophie sociétale se préoccupe essentiellement de “n’exclure personne définitivement“… À l’exception des victimes évidemment ! En fait Breivik n’est véritablement puni que d’une peine de sûreté de dix ans… Nous voici donc revenus à l’ostracisme décennal des anciens. Breivik mis sur le banc de touche jouait en réalité sur du velours : il ne risquait rien ! Nada ! Mais surtout son geste à bien y regarder signifiait rien et n’était sans doute destiné qu’à amorcer le brasier naissant d’une guerre civile européenne… laquelle – si elle devait se déclarer, ce qu’à Dieu ne plaise – devrait être l’acmé, non de la reconquête, mais du processus d’autodestruction final qui a commencé avec la Première Guerre mondiale… Car, si l’on consent un effort minimum de lucidité, ce sont pas contre ou sur les immigrés qu’il s’agit de reprendre le pouvoir, mais contre ceux qui ont colonisé et tiennent aujourd’hui toutes les strates et rouages de la puissance publique et privée… qu’elle soit politique, financière, juridique, intellectuelle, médiatique et in fine, morale.

Un Dr. Frankenstein littéraire dénommé Millet

Signe des temps, c’est le “monstrueux“ Brevik que le dénommé Richard Millet, Dr. Frankenstein littéraire de la maison Gallimard, érige cet été au rang de super héros façon Batman… cette créature hybride, semi pékin moyen, mi justicier implacable : l’homme ordinaire n’est-il pas un héros qui s’ignore ? Batman est né comme il se doit de l’imagination tordue d’un Frank Miller, graphiste néoconservateur et promoteur dans la bande dessinée et au cinéma du Choc des cultures. “Choc de cultures“ : chaussez vos lunettes et vous déchiffrerez le sens exacts de mots… à savoir conflit civilisationnel = mortel contentieux israélo-palestinien, destruction des souverainetés et nationalismes orientaux, menace de frappes nucléaire contre l’Iran, justification des guerres du pétroles…

 C’est Millet qui en 2006 avait accouché de cet immondice scriptural que sont les “Bienveillantes“ publié sous la signature d’un certain Jonathan Littell… opus glaireux immédiatement couvert de gloire et auquel il ne manqua que le “Nobel“ quoiqu’il ait fait une prodigieuse moisson de prix, du Goncourt à l’Académie française… montrant ainsi, s’il en était besoin, à quel degré de déréliction sont parvenus ces autrefois respectables institutions. Suite logique, Millet nous livre à présent un dithyrambique éloge du tueur d’Oslo1. Las, un texte qui agite fort le petit landernau parisianiste des gens de plumes, de sac et de corde qui se prétendent être le sel de la terre !

Faux pavé dans la mare, Richard Millet nous présente donc Brevik comme le chantre « désespéré par la fin annoncée de la civilisation en laquelle il avait cru si fort » [Le Monde 29 août 2012] et voit en lui « un enfant de la ruine familiale autant que de la fracture idéologico-raciale que l'immigration extra-européenne a introduite en Europe… il y a une beauté fascinante du Mal… C'est un homme qui écrit merveilleusement bien... Ses idées discutables ne réduisent pas ses qualités littéraires ». Conclusion : « Breivik est sans doute ce que méritait la Norvège » [Tribune de Genève 30 août]. Amen !

En vérité, il faut prendre l’écrivain parisianiste au pied de la lettre et au premier degré : son commentaire esthétisant est un vrai soutien sans détour au “monstre“ Brevik, monstre ayant ici son plein sens étymologique, celui de “montrer“. Car Brevik est un monstre d’exhibitionnisme… N’a-t-il pas en quelque sorte conduit son procès en mettant en scène son personnage, poing tendu à la manière de feu les Black Panthers2 ? Indigent spectacle digne des pires “performances“ du théâtre contemporain au cours duquel il abondamment usé de sa gestuelle de pacotille. En résumé un pur produit de la société du show biz tout droit sorti de la sous-culture des Marvel Comics qui sent le fagot et la fabrication, car Breivik a-t-il finalement agit seul ? Est-il un surdoué de la queue de détente ou possède-t-il le don d’ubiquité ? Bref un coreligionnaire de Batman & Cie en quelque sorte volant au secours d’un Norvège Titanic… Mais qui peut y croire vraiment ?

Les Marvel Comics, drogue dure et amphétamines mentales des années Trente

Pour mémoire, les Marvel Comics sont ces illustrés inventés à la fin des années Trente dans l’intention explicite de conditionner mentalement les jeunes américains pour la grande tuerie à venir. Illustrés spécialement conçus pour que les jeunes américains se sentent pousser des ailes nietzschéennes, celles de Superman, de Captain Amerika, avant de faire allégrement le grand saut sur les îles exotiques du Pacifique ou sur les plages de Normandie. Les super-héros auront été – sans emphase – à la jeunesse américaine ce que la gnôle avait été dans les tranchées avant l’assaut sous la mitraille.

Après guerre se sont succédées les superproductions cinématographiques aussi schizoïdes que mégalomaniaques qui commencèrent à diffuser à l’échelle planétaire le thème de ces super men incarnations prodigieuses de la vertueuse et omnipotente Amérique… injectant par la même occasion dans l’imaginaire collectif des peuples des doses massives d’héroïne virtuelle et d’idéovirus d’une toxicité intellectuelle et morale toujours croissante, toujours sous couvert d’Entertainment, de divertissement et de dépaysement !


Tout cela n’était et n’est évidemment pas gratuit. Le but dépasse évidemment, et de loin les enjeux commerciaux et financiers. De ce point de vue Batman, aujourd’hui plus que jamais, relève d’une opération d’intoxication massive, promotrice avouée des antivaleurs de l’Amérique et selon un processus d’inversion accusatoire propre à la rhétorique néoconservatrice, autrement dit du trotskisme reconverti chez Goldman Sachs… tout comme les 1500 pages du Manifeste du tueur d’Oslo, censées être un chef d’œuvre littéraire qu’encense l’essayiste Richard Millet après les avoir dévorées avec une assidue délectation ! Certes de la part d’un homme qui a publié – et sans doute “réécrit“ Les Bienveillantes, rien en principe, ne devrait devoir surprendre !

Manipulation et trucage au sein du Tout-Paris littéraire

Tout cela sent la construction. Ceux qui viennent au secours de Millet pourraient d’ailleurs bien le trahir, le but de l’opération serait d’ouvrir une brèche dans le mur de la bienpensance multiculturaliste – actualité et guerres au Levant obligent, Syrie et Iran – afin de jeter les bases d’une offensive idéologique de grande ampleur… préalable à l’importation sur notre propre sol de conflits durs intercommunautaires. Ce n’est évidemment pas gratuitement que l’on fait l’apologie d’un tueur de jeunes travaillistes militant de la cause palestinienne. Ne pas aimer les arabes et l’Islam est une chose – c’est le cas de Millet – cela ne conduit pas à les tirer à vue ni à perpétrer un massacre digne du caveau des Patriarches3. D’ailleurs cela est radicalement étranger à nos traditions, à nos mœurs et à nos coutumes de guerre [voir encadré] !

Que nous dit ainsi l'écrivain et journaliste Pierre Assouline [AFP] qui appartient à la même écurie - Gallimard où il a publié récemment “Vies de Job“ – qui s’empresse de le dédouaner en minimisant la portée de son libelle : « Voir un geste esthétique dans le massacre de 77 jeunes Norvégiens, c'est évidemment choquant, obscène… [Mais] l'exclure du débat d'idées en le traitant de fou, de fasciste, revient à en faire un martyr. Un ostracisme qui ne serait pas pour lui déplaire mais ne présente aucun intérêt… Millet est un provocateur mais il ne faut pas le réduire à cela. Il a un projet littéraire, avec une idée globale de la décadence, de la perte de l'identité nationale ». M. Assouline, habile praticien de l’antiphrase commence par condamner pour mieux exonérer, c’est habituel et quotidien chez les sophistes de son acabit… Au demeurant les mots ne lui font pas peur quand il n’hésite pas à s’émouvoir de « la décadence, de la perte de l'identité nationale »… idées jugées il y a peu encore, repoussantes et “nauséabondes“ par les mêmes ! Non ? Les temps ont bien changé avec la crise et l’imminence d’un embrasement général… les mots ne revêtent donc plus pour ces brillants opportunistes le même sens qu’hier. Il faut savoir d’où souffle le vent !

Esthétiser le mal et faire subrepticement de Breivik un super héros
 
À ainsi esthétiser le mal et la terreur – à ce titre, question, Millet ne tombe-t-il pas sous le coup de la Loi pour apologie du terrorisme ? On en a traîné devant les tribunaux pour moins que cela ! – ne cherche-t-on pas à faire de Breivik une sorte de super héros de chair et d’os catalyseur de toutes nos peurs et de tous nos espoirs de renaissance. Un piège malin bien digne de ces scénaristes style Frank Miller, père du Dark Knight qui nous occupe [voir article annexe]. Tout se passe en effet comme si ces gens - les agents littéraires de Breivik - avaient flairé la bonne affaire, senti le vent de l’histoire – celle qui se scénarise dans les think tanks neocons de Washington et les studios hollywoodiens – et commençaient à tisser une légende vivante !

Parce qu’enfin pourquoi cet emballement de Millet à l’égard de Breivik auteur ? À vue de nez, il s’agirait plutôt d’afficher un certain scepticisme en attendant que soit démontrée l’exceptionnelle qualité d’écriture de la logorrhée du tueur. Gageons à ce propos – et Millet peut-il l’ignorer - que les écrits monumentaux de Brevik ne sont peut-être - certainement ? - qu’une pâle resucée, une démarque de l’œuvre originale – et indéniablement profonde – d’un autre terroriste meurtrier engendrée par la frénétique Amérique. Un critique authentique celui-là de la postmodernité… Une sorte de Thoreau moderne et rebelle cherchant le salut dans un recours aux forêts3… Même s’il figure, tout autant que l’homme d’Utøya et son épigone le tireur des salles obscures d’Aurora, au palmarès de ces entités obscures, ces lémures qui sortent désormais à jet continu du cauchemar américain. Car la liste des tueries civiles est longue et s’allonge tous les jours dans l’hystérique Amérique…

Il s’agit, vous l’aurez deviné de Theodore Kaczynski4 alias “Unabomber“, arrêté par un concours de circonstances - presque par hasard - en 1996 au bout de dix-huit ans de traque. Reste que Kaczynski, au contraire de son narcissique imitateur norvégien avait eu au moins le bon goût – c’est une façon de parler – de cibler ses victimes. Reste que l’imitateur a surpassé en efficacité ses prédécesseurs américains ou ses suivants comme le titreur d’Aurora dans l’ombre de Batman. N’importe qui ne s’improvise pas tueur médiatique, aussi ne peut que rendre hommage à ceux qui aujourd’hui nous offrent le Grand-Guignol de provocation à l’échelle du sous-continent européen. La mise en scène était presque parfaite quand au crime il ne nous convainc pas… la fiction continuera pour le moment à dépasser la réalité : Batman semble a priori idéologiquement plus efficace que Breivik ! Encore que : tout deux ne visent pas les mêmes marchés ni les mêmes segments sociologiques de ces grand corps maladse en quasi décomposition que sont devenues l’Europe et l’Amérique. Batman pour les masses, Breivic pour les intellos laborieux et les émules de Jonathan Littell…

Notes :

1 - Richard Millet « Éloge littéraire d'Anders Breivik », texte de dix-huit pages in « Langue fantôme » Éd. Pierre-Guillaume de Roux
 
2 – Écrit au singulier il s’agit d’un personnage tardif des Marvel Comics né en 1966, la même année que le mouvement politique éponyme.

3 – Le 25 février 1994, le colon fanatique de nationalité israélo-américaine Baruch Goldstein membre de la Ligue de défense juive, ouvre le feu à Hébron sur les fidèles en prières au Tombeau des Patriarches – abritant selon la légende les quatre doubles sépultures d’Adam et Ève, d’Abraham et de Sarah, d’Isaac et Rébecca, de Jacob et Léa - au cours du Ramadan. Goldstein qui a “abattu“ 29 palestiniens et fait 125 blessés fait l’objet d’un véritable culte dans la colonie de Kiryat Arba. Sur sa tombe l’on peut lire « Ici gît un saint, Dr. Baruch Kappel Goldstein, bénie soit la mémoire d'un homme juste et saint, que Dieu venge son sang, à celui qui dévoua son âme aux juifs, au judaïsme et au pays juif. Ses mains sont innocentes et son cœur est pur. Il fut tué en martyr de Dieu le 14 Adar, jour de Pourim de l'an 5754 ».

4 – Henry David Thoreau 1817-1862. Auteur de “Walden ou la Vie dans les bois“ 1854. Ernst Jünger 21895-1998, "Le Traité du Rebelle ou le recours aux forêts" 1951.

5 - « L'Effondrement du système technologique » - écrits complets et autorisés – Éd. Xenia, Vevey, Suisse, 2008… partiellement inspiré de l’aveu même de l’auteur - mais très supérieur dans son contenu - à l’essai « La Technique ou l'Enjeu du siècle » de Jacques Ellul – 1954. Sur le même sujet on lira fructueusement Martin Heidegger “La Question de la Technique“ 1953.
 
Batman, Aurora et Frank Miller  

Batman, sorte de justicier masqué façon Zorro, naît comme par hasard en mai 1939. À l’origine il se nomme élégamment “Bat-Man“ l’homme chauve-souris ou encore The caped crusader et The Dark Knight… Le croisé à la cape et le chevalier noir ! Il sévit dans un futur proche à Gotham City, laquelle, dans la production américano-britannique des frères Nolan n’est autre que l’île de Manhattan déjà amputée de ses Tours jumelles ! Wall Street donc, temple planétaire du Veau d’Or, coupée du monde par d’ignobles mercenaires terroristes nihilistes qui n’ont qu’un seul désir : tout atomiser et eux avec. On voit d’emblée la crédibilité de l’hypothèse ! Au moins les djihadistes croient-ils, en ce qui les concerne, prendre l’ascenseur pour le paradis au mille vierges et où coulent des rivière de lait et de miel !

Inspiré de « l'œuvre la plus connue et la plus achevée de Frank Miller », ce film ne vaudrait pas une seconde d’attention tant il remarquable par sa profonde débilité, s’il n’était un authentique fait de société : pour témoignage la tuerie d’Aurora* qui eut pour cadre théâtral la première diffusion publique du film aux États-Unis. Avouons-le on sort épuisé du visionnage de l’opus et il faut à coup sûr une certaine abnégation pour supporter une grosse couple d’heures une telle avalanche d’images et de scènes abrutissantes… rendons pourtant justice au seul élément positif de ce méga navet à 250 millions de $, sa bande son assez remarquable.

Or derrière le parti pris de confusion mentale qui de toute évidence préside à la réalisation de ce morceau de bravoure schizophrénique, se cache un message particulièrement fort. Autant dire que Batman n’est pas qu’un pur produit commercial – chiffre d’affaires de 510 millions de $ aux É-U - destiné au divertissement des arriérés mentaux que le système s’attache à conditionner à grande échelle sous couvert de fiction…

Nous venons d’écrire ici “parti pris de confusion“ : c’est exactement cela dont il s’agit, l’incohérence du scénario, son irréalité destructurante, son absence de sens immédiatement saisissable, la perte de tous les repères et références identifiables – une chatte n’y retrouverait pas ses petits : gauche et droite, haut et bas se confondent, deviennent indiscriminables ! – n’est pas l’expression d’une hébéphrénie virulente chez les auteurs et réalisateurs (les frères Nolan) mais le moyen de faire passer sous forme de clichés, d’images forces, d’émotions, des messages et des idées bien précises.

La communication du message idéologique - que le père de Batman Frank Miller a pour sa part le mérite d’exprimer sans fard hors écran, voir infra – ne passe plus par le mode discursif, la démonstration logique, le déroulé d’un récit réaliste ancré dans la vraisemblance d’une fiction reconstituant un réel relativement crédible. Batman s’inscrit par sa contexture irrationaliste au rang de ces œuvres qui ciblent exclusivement, ouvertement et délibérément l’archéocortex limbique… Nous nous trouvons à la limite du conditionnement mental par bombardement d’images et association symboliques, jusqu’au mitraillage d’images de surimpression subliminale : une brève séquence montre des pendus sous un pont au bout de long filins ! Image rappelant celle des pendus de Bagdad le 27 janvier 1969, l’une des causes lointaines et oubliées des guerres de 1991 et de 2003 et de la destruction finale et totale de l’Irak – voir plus bas à ce propos les positions de Miller - ou encore les pendaisons de criminels notoires fréquentes dans la République islamique d’Iran… durement étrillée par Miller dans le film “300“ où la bataille des Thermopyles se trouve outrancièrement revisitée et caricaturée ! Ici ce sont également de saints innocents qui sont branchés en la personne des pacifiques habitants de Manhattan-Gotham par des hordes anarchistes directement échappées de l’univers de Mad Max ou du Silence des agneaux…

“Pour les amateurs de comics, le dessinateur et scénariste Frank Miller est un héros. Il a déringardisé Daredevil, l'avocat-justicier aveugle de Marvel, il a inventé la série Sin City [viscéralement anti-chrétienne] qu'il a portée à l'écran, et fait entrer Batman dans le XXIe siècle“ Le Monde.fr 27 juil. 2012. En 2006, dans un entretien diffusé par la “National Public Radio“, Miller présentait la guerre d’agression contre l’Irak comme une guerre livrée au fascisme : « J'entends souvent les gens se demander pourquoi nous avons attaqué l'Irak. Eh bien, nous nous en prenons à une idéologie. Personne ne demande pourquoi, après Pearl Harbor, nous avons attaqué l’Allemagne nazie. C'était parce que nous étions confrontés à une forme de fascisme global, et nous faisons la même chose aujourd'hui [...] Ces gens-là coupent des têtes. Ils traitent leurs femmes en esclaves, infligent des mutilations sexuelles à leurs filles : ils ne se comportent en aucune façon selon les normes culturelles auxquelles nous sommes sensibles ».

Sauf que l’Irak baasiste avait très largement promus les femmes et n’a jamais pratiqué de mutilation sexuelle sur les filles ! Ce que ne disent pas les néoconservateurs, c’est leur absolue répugnance pour l’ordre social et la prospérité des nations, puisqu’ils ne prospèrent que sur la charogne, les décombres, le chaos, en un mot la ruine matérielle, intellectuelle et spirituelle des nations. 

En 2011, Miller va nous livrer dans un texte titré “Anarchie“ où il tire à boulets rouges sur le mouvement Occupy Wall Street – les Indignés à la mode Grosse Pomme - la clef du blockbuster des frères Nolan, ce qu’il faut y voir et ligne entre les lignes : « Occupy n'est rien qu'un ramassis de malotrus, de voleurs et de violeurs, une masse indisciplinée nourrie à la nostalgie de Woodstock et empreinte d'une fausse vertu putride. Ces clowns ne font rien d'autre qu’affaiblir l'Amérique face à la menace d’Al-Qaïda et de l'islamisme. Cet ennemi doit ricaner si ce n'est pas éclater de rire en regardant votre spectacle vain, infantile et suicidaire ».

Reste là encore qu’Al-Qaïda est un Golem américain fabriqué de toute pièce – ce qui est désormais de notoriété publique - qui n’a cependant pas tout à fait échappé au contrôle de ses créateurs puisqu’il a combattu à leur initiative en Bosnie, au Kossovo et maintenant en Syrie. De quoi se plaint donc M. Miller ? Que des armes chimiques risquent de tombent entre les mains de ces « mauvaises gens », salafistes de tout crin que ses coreligionnaires ont eux-mêmes créés et activés à l’instar du Golem de la légende praguoise ? Lequel Golem ressemble comme deux gouttes d’eau à l’odieux adversaire, Bane, du miraculeux, humain trop humain, Batman et Marion Cotillard quant à elle entre dans la peau d’une super salope ! Aux States les Français n’ont décidément pas la cote !

* La fusillade d'Aurora intervient dans la nuit du 19 juillet 2012 au 20 juillet 2012 au cours d’une “première“ du mortel navet The Dark Night Rises, dans une salle de projection publique de la ville d’Aurora dans l’état du Colorado… et dans le voisinage de l’agglomération de Littleton où avait déjà eu lieu la fameuse fusillade de l’école du second cycle Columbine, le 20 avril 1999, événement passée à l’écran par les bon soins de Michael Moore - Bowling for Columbine À Aurora ce sont douze personnes qui trouvent la mort et cinquante-neuf blessées par un tireur apparemment isolé - et en état de choc ou d’hypnose ? - âgé de 24 ans.
 


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