Sur le Trocadéro il pleuvait des cordes et les larmes de Marianne

par gruni
dimanche 5 mars 2017

Il pleuvait le 12 mai 2012, le jour de l'investiture de François Hollande ; déjà un mauvais signe pour les superstitieux. 4 ans et quelques mois plus tard, le passager de la pluie décidait de ne plus se mouiller et renonçait à se présenter pour un second mandat. Dimanche 5 mars au Trocadéro, alors que les supporters de Fillon commençaient à se rassembler, il pleuvait des cordes, peut-être pour pendre les juges et les médias. Mais du ciel tombaient peut-être aussi les larmes d'une Marianne attristée par le spectacle d'une campagne électorale épouvantable. Est-ce un mauvais présage pour François Fillon, le candidat désigné par les primaires de la droite et du centre à l'agonie qui tentait l'opération de la dernière chance pour sauver sa candidature au palais ?

Fillon qui a maintenant bien plus d'un quarteron de félons contre lui pour l'empêcher d'atteindre le sommet ou de faire sombrer sa famille politique dans une élection qui semble perdue d'avance. L'ex Premier ministre qui dans le passé détestait les manifestations de rue, cherche aujourd'hui à lui donner la fonction de juge suprême. Faut-il lui rappeler quelques-unes de ses citations...

- "Quand c'est la rue qui décide dans un pays, c'est que la démocratie et le choix du peuple ne sont plus respectés

- "Dans ma vie politique, j'ai été confronté à d'immenses manifestations, je n'ai jamais cédé à la rue. C'est une question de principe".

- "Céder a la rue ce serait accepter que la loi du plus fort fasse voler en éclat l'heritage républicain et la représentation nationale".

- "Céder à la rue, c'est accepter que la démocratie a échoué et cela menace nos institutions".

Mais ça c'était avant le Penelope Gate, depuis de l'eau sale à coulé sous les ponts d'une triste République. Lundi aura lieu un autre épisode d'une campagne électorale hors norme que le monde entier regarde avec effarement ou moqueries. Le parti Les Républicains a annoncé la convocation de son comité politique pour "évaluer la situation" catastrophique dans laquelle il se trouve. On sait que le plan de remplacement de Fillon AJ, et que cela cogite dur chez LR pour qui l'échec du parti aux élections ne fait plus guère de doute. D'ailleurs, "les rats quittent le navire" se désolait une sympathisante de Fillon interrogée par un micro qui passait opportunément par là. C'est vrai que la fuite des caciques LR est plus importante de jour en jour et semble irréparable.

Petit entracte sous la pluie pour remonter le moral des troupes fillonesques rassemblées sur la place du Trocadéro-et-du-11-Novembre, "avec la force calme et la force assurée de ceux qui respectent les institutions". Penelope Fillon a déclaré qu'elle soutiendra son mari jusqu'au bout. L'inimitable Anna Cabana se dira même surprise par la force de caractère de la dame. Allez, coupez ! Les médias auraient-ils subitement comme un remord d'en avoir trop fait. Sûrement pas, mais il faut bien faire vivre le feuilleton journalier qui tient en haleine la France entière.

À 15 heures, miracle ! Un rayon de soleil sur la place du Trocadéro qui était noire de monde et très colorée en drapeaux tricolores. François Fillon attendu le soir même au JT de 20 heures de France 2 pourra toujours se vanter de la forte participation à sa manifestation de soutien. Ce qui ne changera rien au risque d'un fiasco au premier tour, même si les responsables LR cherchent désespérément une solution de sortie de crise.

15h37 - Arrivée triomphale de François Fillon et un discours sans surprise... (extraits)

 

"Chers compatriotes, ils pensent que je suis seul. Ils veulent que je sois seul. Est-ce que nous sommes seuls ?

La France ce qui vient de loin, la France des paysans, des châteaux. La France qui impose aux terroristes sa force morale. Vous êtes la République qui fait de chacun d’entre nous le compagnon de l’autre. (...) la République n’est que mouvement, si elle tombe elle se relève, tel Gavroche sur sa barricade."

Vous êtes une certaine idée de la France (...) Une idée éternelle plus grande que moi (...) Je suis devenu la cible de tous. On vous a oubliés, on a oublié pourquoi vous vous battiez. Même si toute cette charge contre moi est injuste, révoltante, instrumentalisée, je vous dois des excuses. Dont celles de devoir défendre mon honneur et celui de mon épouse alors que l’essentiel c’est de défendre mon pays.

Moi, c’est de la France et des Français que j’ai voulu et que je voudrai toujours me soucier. Et je crois que les millions de voix qui se sont portées sur moi lors de la primaire me permet de dire : “On en veut plus de vos histoires”.

Je crois que notre pays décline et que l’heure est à un dépassement collectif. Je comprends votre inquiétude, elle s’est d’ailleurs amplifié pendant cinq ans. Cinq années où nous avons vu notre pays descendre dans un long hiver. Toutes les décisions lourdes importantes, reportées, la nomination des amis parce qu’ils sont des amis, le mépris de la vérité qui dérange. Tout ça nous l’avons vu dans un monde qui se fait plus incertain.

On m’attaque de toute part et je dois en conscience vous écouter. Je dois écouter cette foule immense. Mais je dois aussi m’interroger sur ceux qui doutent et qui fuient le navire. Leur responsabilité est immense, la mienne aussi.

Vous êtes le peuple qui tous les jours est au travail, qui croit à la famille, qui respecte le drapeau tricolore. Vous êtes le peuple qui ne fait pas de bruit mais qui a du bon sens.

A cette inquiétude légitime, s’est ajoutée cette chasse à l’homme qui me vise et qui cherche à affaiblir la droite. La démocratie vous appartient, à vous qui êtes ici. Vous ne devez pas céder

"détermination totale" face au totalitarisme islamique. "La France ne peut pas servir de sanctuaire à l’islamofascisme. Nous ne pourrons jamais accepter que sur notre sol que les femmes soient assignées à résidence et traitées comme des citoyennes de seconde zone."

Ce qui se passe actuellement donnerait presque à croire que nous sommes dans une comédie si durant ces cinq années ne s’était pas présenté un terrible danger, je veux parler du terrorisme islamique. Toulouse, "Charlie", L’hyper Cacher, Nice, le Bataclan.

Mon examen de conscience, je l’ai fait. Je ne souhaite à personne de le faire dans de telles circonstances. Aux hommes et aux femmes politiques de mon camp, il vous revient maintenant de faire le vôtre."

 

Combien étaient-ils sur la place du Trocadéro, 100 ou 200 000, en tout cas Fillon n'a pas l'intention de renoncer. À suivre !

 


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