Sur les lettres des généraux

par GERMES
vendredi 7 mai 2021

 

 Cette première « lettre ouverte à nos gouvernants » envoyée le 14 avril à la presse n’a été publiée que le 21 avril dans le magazine « Valeurs actuelles ». Le 21 avril 1961, c’est la date du putsch des généraux à Alger, c’est certainement pour cette raison que ce magazine, classé bien à droite, a publié cette lettre le 21 avril, voulant entretenir une certaine ressemblance entre les idées des patriotes de 2021 et celles des putschistes de 1961, alors qu’il n’y a aucune relation ni d’intentions ni d’idéologie entre les deux. On trouve cette lettre sur le site « Place d’armes » où l’on peut lire les noms des 20 généraux et des 1500 premiers signataires militaires. Actuellement, 5 mai, le compte global des signataires de cette lettre est de 24 508 personnes.

 

 

 Cette lettre a déchaîné les passions dans de nombreux médias, réactions des journalistes ou des hommes politiques :

La « gôche » de Mélenchon crie contre les vilains fascistes, tombe dans le piège et pousse les généraux dans les bras de la droite, comme pour les Gilets jaunes caricaturés comme des « fachos » par la « gauche institutionnelle ».

 Certains journalistes des médias « mainstream » la critiquent, comme émanant de vieux militaires réactionnaires, fascistes (souvent, dès que les militaires s’expriment, ils sont qualifiés de fachos, car ils sont à peu près tous patriotes, ce qui n’est pas la même chose, mais la confusion est souvent entretenue entre « fachos » et « patriotes », souvent par des gens qui se réclament de la gauche, or depuis 1983, celle-ci adhère au système ultra-libéral et elle n’a de gauche que le nom…). Au moins, une chose est sûre avec les militaires, c’est qu’eux ils défendent leur pays, leur nation, ce qui n’est pas vraiment le cas de nombreux hommes politiques, plus aptes à se vendre à la haute finance étrangère qu’à gérer leur pays, faire leur boulot.

 Cette lettre n’est pas une demande faite aux militaires de prendre le pouvoir, mais une exhortation faite aux gouvernants de défendre leur pays face à des dangers mortels. Ce qui est le contraire d’une insurrection !

 Le rédacteur, le capitaine Jean-Pierre Fabre-Bernadac, dénonce trois formes de délitements qui, selon lui, frappent notre patrie :

 - Sous couvert d’antiracisme, une guerre raciale entre communautés, amplifiée par des déclarations tonitruantes de certains hommes politiques.

 - Des endroits, comme les banlieues, « zones de non-droit » où les forces de l’ordre ont beaucoup de difficultés à faire régner les lois de la République.

 - Le laxisme du pouvoir, dans les manifestations, surtout celles des Gilets jaunes, à l’égard d’individus « infiltrés et encagoulés » qui font de la provocation, saccagent des commerces.

 Ces constats ne sont pas faux, ils résultent de causes multiples, dont la principale est certainement la dégradation sociale des populations les plus fragiles, la création de véritables ghettos dans les banlieues, à la base pour que les entreprises disposent d’employés sous-qualifiés, taillables et corvéables à merci, stabilisés par le rapprochement familial, mais dont les enfants qui ont grandi, se retrouvent bien souvent au chômage, à cause de l’idéologie ultra-libérale, de la rentabilité, à la merci des idées intégristes. Ce qui a posé des problèmes d’intégration moins prégnants auparavant.

D’où la constitution de communautés qui fractionnent les citoyens français, et des problèmes accrus d’intégration.

 Les mauvaises réponses du pouvoir à sa politique ultra-libérale qui met de plus en plus de gens au chômage , disposant de moins de ressources pour vivre. Dans les manifestations, l’emploi de provocateurs encagoulés et casseurs pour discréditer les manifestants Gilets jaunes ou autres, provoque des réactions brutales des forces de l’ordre, qui ont carte blanche pour décourager les gens de manifester leur mécontentement., au lieu d’écouter les revendications et d’y remédier. Les gouvernants savent bien qu’ils ne peuvent pas solutionner les revendications du peuple, à moins de changer vraiment de politique, ce qu’ils ne veulent pas. Le système ultra-libéral délocalise à tours de bras, axant les entreprises sur la rentabilité, les bénéfices à court terme pour satisfaire les actionnaires, au mépris des travailleurs.

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  Un groupe d’officiers a répondu à cette lettre, faisant le même constat, d’une France en danger de mort, mais n’étant pas d’accord sur les causes, les dangers qui la menacent, et sur les solutions à apporter, car dans la lettre des 1500, la solution restait entre les mains des gouvernants, il suffisait juste qu’ils changent de politique. Là, les officiers ne se font aucune illusion sur la bonne volonté des gouvernants puisqu’ils disent que c’est eux qui, depuis au moins 40 ans , ont créé et augmenté les problèmes jusqu’à aujourd’hui. Leur adhésion au système ultra-libéral a cassé l’Etat, dissout nos frontières pour faciliter le libre-échange, privé notre pays d’un levier important pour l’économie, la monnaie (cette monnaie unique et commune, l’euro, pas du tout adaptée à des économies différentes, a contraint les gouvernants à pratiquer une politique de rigueur, sans marge de manœuvre, et a ruiné notre économie). La création de l’Union européenne, entité supranationale, commandée par une Commission non élue, est la conséquence de la mondialisation qui nous prive de notre souveraineté, de notre indépendance. La mainmise de la haute finance sur les politiques est évidente, ses diktats relayés par les réseaux internationaux, le Bilderberg, Davos,, etc. écrasent notre pays.

 Les hommes politiques, les hauts fonctionnaires trahissent allègrement leur pays en se vendant au plus offrant, comme lors d’un mercato financier où ils emportent avec eux des morceaux de leur pays dans leur short, pantouflant, rétropantouflant, à l’exemple de Macron, passé de l’ENA à la Banque Rotschild, puis par le secrétariat de l’Elysée , le ministère de l’économie (où il a activement participé à la vente d’Alstom, un de nos fleurons, à la multinationale américaine General Electric, entre autres méfaits ...Il a fait ce sale boulot à la place de Montebourg qui refusait, et auquel il a succédé) et aboutir à la présidence.

 On peut donner quelques exemples de ces « élites » qui ont trahi leur pays, comme si l’évolution de leur compte en banque était un atout pour la France :

· Sarkozy, avec l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle par l’intermédiaire d’Alexandre Djouhri.

· Henri Proglio, patron de Véolia, puis d’EDF, maintenant conseiller de l’agence atomique russe ROSATOM.

· J-F Cirelli, ancien conseiller de Jacques Chirac, patron de Gaz de France, maintenant à la tête de Black Rock France, redoutable fonds d’investissement américain aux multiples actionnaires, qui a ses entrées régulières à l’Elysée pour mieux nous rouler.

· J-C Trichet, ex-directeur de la Banque Centrale Européenne, qui déclare tout de go : « I’m not a frenchman », comme si c’était honteux d’être français aux oreilles des mondialistes !

· J-P Jouyet, ancien secrétaire de l’Elysée et éminence grise de Macron avec Attali, qui navigue entre la direction du Trésor, la tête de Barclays France, l’Inspection générale des Finances.

· Alexis Kohler, futur secrétaire général de l’Elysée de Macron, a permis à une boîte américaine deux fois moins importante de fusionner avec Technip, fleuron français du pétrole, et nous a fait perdre nos brevets, mettant au chômage beaucoup de Français. De plus, il a accepté l’installation du siège social à Londres !

 Et il y en a bien d’autres qui croient qu’ils sont recrutés pour leur intelligence alors qu’ils sont choisis par les multinationales pour leurs carnets d’adresses qui facilitent l’entrée dans les allées du pouvoir...Ce sont de super-lobbyistes qui se vendent sans aucun scrupule. Ils ne voient aucun inconvénient à aller faire du fric en se moquant pas mal de l’intérêt général et de celui de la France. On peut ajouter qu’heureusement tous les hauts fonctionnaires ne sont pas des traîtres, il y en a, qui d’ailleurs protestent pour une meilleure défense des intérêts français, mais ils ne sont peut-être pas en nombre ou en pouvoir suffisant pour empêcher l’hémorragie de nos entreprises importantes…

 Les Américains font pareil mais à une grosse différence près : ils ont toujours l’intérêt de leur pays en arrière-plan…

Les diktats de l’étranger sont nombreux, relayés par l’U.E., composée de 25 000 fonctionnaires « investis de l’autorité que leur confèrent les traités » et d’une Commission non élue, avec les GOPE (grandes orientations politiques et économiques) qu’ils nous envoient régulièrement et auxquelles le gouvernement obéit sans sourciller…

 Alors, dans tous les secteurs, la classe politique au pouvoir agit dans l’intérêt des grands groupes, prétextant la théorie idiote du ruissellement (plutôt un ruissellement de bas en haut…), cassant notre nation, ce qu’avait très bien vu Henri Verneuil en 1982, dans son film : « Mille millions de dollars »...C’était pourtant seulement le début de la mondialisation…

 C’est évidemment le libéralisme effréné qui met notre pays en péril mortel, et tout y contribue : la langue, les médias, la publicité, l’éducation nationale en faillite, la santé publique (on en sait quelque chose avec la fermeture de milliers de lits et des hôpitaux qui sont une des causes, avec l’ouverture des frontières, et l’interdiction de soigner faite aux médecins de la déroute sanitaire, face à cette « pandémie »), notre énergie nucléaire (les centrales nucléaires sont entretenues par les Américains et les turbines nucléaires sont la propriété de General Electric).

 Les « élites » françaises ne ratent pas une occasion de s’auto-flageller, c’est la conséquence de notre alignement servile atlantiste sur la doctrine politique et économique anglo-saxonne.

 Ce texte se termine en faisant allusion aux Gilets Jaunes. On se demande si c’est une insurrection qui serait la seule solution, le « traitement curatif », car le projet salvateur n’est préconisé par aucun « grand » parti politique : sortir de l’U.E., retrouver notre souveraineté , notre indépendance et nos frontières pour relocaliser, réécrire une Constitution du peuple, pour le peuple, comprenant le RIC révocatoire , la rupture avec l’atlantisme en sortant de l’OTAN et la relocalisation de nos entreprises avec du protectionnisme, et surtout récupérer notre monnaie en sortant de l’euro…

 Ce ne sont pas directement les djihadistes qui entrent chez nous pour faire exploser leurs bombes, ou ceux qui égorgent les professeurs, qui représentent le véritable danger mais ceux qui, par pensée, par action, par omission, baissent le pont-levis pour y laisser entrer l’ennemi.

 On peut toujours dire que certains galonnés signataires sont connotés extrême droite, cela n’empêche pas de constater que les déclarations de Parly (fonctionnaire nommée ministre malgré ses conflits d’intérêts, n’a aucune compétence pour être ministre des Armées) , de Pannier-Runnacher (responsable de la mise en place du paiement à l’acte avec Castex, donc de la ruine des hôpitaux), du général Lecointre ( piètre chef d’état-major accablant servilement ses camarades et les menaçant car ils ont osé dénoncer une situation incontestable) sont débiles et insultantes.

 La « gôche » de Mélenchon crie contre les vilains fascistes, alors que ce qui est dit dans ces lettres reflète uniquement les inquiétudes de militaires concernant un pays qu’ils sont chargés de défendre et qu’ils voient attaqué sur de nombreux plans. Leurs propos ne reflètent pas l’idéologie d’un parti, même si Mme Le Pen a approuvé leurs dires...il en est de même avec le drapeau tricolore que ses partisans se sont octroyé... Ce n’est pas parce que des idées sont approuvées par un parti qu’il faut se dispenser de les dire ou croire que le drapeau français est celui du RN ! Il en était de même pour les Gilets jaunes caricaturés comme « fachos » par la « gauche institutionnelle » ( il y a longtemps que cette prétendue gauche qui pratique la même politique que la droite quand elle est au pouvoir n’est plus crédible). La 1ère lettre n’est pas une demande faite aux militaires de prendre le pouvoir, mais elle s’adresse aux politiques pour leur demander de faire leur boulot, agir pour la France, la gérer dans l’intérêt des Français, ce qui n’est pas le cas, beaucoup de Français en sont conscients...Hélas ils traduisent leur mécontentement en s’abstenant de voter, il faut dire à leur décharge que le choix offert aux élections est entre la peste ou le choléra...Mais là, on a franchi un palier qui discrédite les politiques au pouvoir…

  Concernant le devoir de réserve, il faut se reporter aux articles L 4121-1 à L 4121-8 du Code de la Défense. La loi garantit la liberté d’opinion chez les militaires mais la liberté d’expression est légalement plus limitée Les forces armées sont au-dessus de l’esprit partisan (est-ce que défendre la France c’est manifester un esprit partisan ?). L’obligation de réserve strictement entendue n’est définie par aucun texte, elle est laissée à la jurisprudence, elle est faite pour subordonner l’Armée à l’autorité civile avec exigence de neutralité politique (Charles de Gaulle ne l’a pas respectée le 17 juin 1940 quand il est parti à Londres car il estimait qu’un danger important menaçait la nation, en l’occurrence Pétain et les Allemands). Il faut distinguer devoir de réserve légal et légitime : s’ils doivent observer un devoir de réserve légal pour ne pas nuire au chef des Armées, le président de la République, ni à l’efficacité opérationnelle des armées, ni à la cohésion des troupes, rien ne les empêche de lancer un signal d’alarme légitime quand ils sentent que le pays est menacé (à l’intérieur ou à l’extérieur), c’est même un signe de vitalité démocratique et un sûr auxiliaire de victoire, comme ils le font dans ces lettres. Les procédures contre les signataires ne sont pas aussi simples, la seule sanction opérante étant la révocation, ce qui n’enlève pas leur droit à la retraite.

 Généralement, l’Armée ne se fait pas entendre, c’est pour cela qu’elle a été surnommée « la grande muette », ce qui fait qu’elle est respectée.L’Armée est aussi taxée de « conformisme idéologique » car on ne peut nier qu’elle soit de tradition plutôt conservatrice, étant habituée à obéir et respecter la hiérarchie.

 Mais aujourd’hui la participation du militaire au débat national se présente sous un jour nouveau, car l’obéissance aveugle et l’absence de critiques mènent à des drames, comme lors de la Première Guerre mondiale (les généraux assassins ont refusé d’écouter les nouvelles du front, leur tactique conduisant à des vagues mortelles). L’autorisation préalable pour toute prise de position publique sur des sujets politiques ou internationaux à laquelle le Statut de 1972 soumettait les militaires n’a plus cours depuis le Statut de 2005.

 Il existe des APNM (associations professionnelles nationales et militaires) pas vraiment comparables à des syndicats, mais jouant un peu le même rôle d’intermédiaire avec la hiérarchie.

La devise du militaire est : discipline, loyalisme, neutralité, mais elles n’empêchent pas une analyse critique car aucun engagement ne vaut vraiment sans réflexion ni contestation.

 L’article 1er du Statut des militaires est : « L ‘Armée est au service de la Nation ».

 La loyauté du militaire s’exerce vis-à-vis du peuple, de la Nation et non vis-à-vis d’options politiques qui mettent en jeu l’indépendance de la Nation. Ce loyalisme ne doit pas être compris comme une injonction d’alignement inconditionnel au pouvoir politique, mais au peuple, à la Nation. Le lien entre l’Armée et la Nation est fondamental bien qu’il se soit un peu délité depuis la fin de la conscription en 1997 (Jacques Chirac, à cause de l’entrée dans l’euro, il fallait faire des « économies » en prévision de 1999). Les politiques voudraient voir les militaires « tenir l’épée plutôt que la plume », mais la sclérose intellectuelle de l’Armée est fatale pour son efficacité (Marc Bloch dénonçait la faillite intellectuelle des chefs militaires dans « L’étrange défaite »)

 Comment recréer du lien entre l’Armée de 200 000 hommes et la Nation de 67 millions de Français ?

 En laissant les militaires exprimer courageusement un ressenti que beaucoup de Français éprouvent, de délitement de leur pays à cause des négligences des politiques au pouvoir, voire du manque de sentiments patriotiques de ces derniers, et des « élites ».

 Alors, quand Macron pleurniche « l’élite économique s’est mondialisée », en pointant une « trahison de la Nation », il oublie qu’il en est lui-même l’incarnation. Il ose tout, décidément, lui le pantoufleur, le rétropantoufleur, l’énarque qui a fréquenté durant deux années les « Young Leaders » de la French American Foundation, lui le membre du groupe Bilderberg, l’ancien banquier de chez Rothschild. Il est mal placé pour juger les militaires qui s’inquiètent, à juste raison, du sort de la France.


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