Surprise post-confinement : avez-vous reçu votre facture d’électricité ?

par Coeur de la Beauce
vendredi 29 mai 2020

Personne n'y avait pensé, et nos amis distributeurs énergétiques nous l'ont rappelé. Vous avez certainement reçu votre facture d'électricité (et de gaz pour les plus malchanceux) correspondant à votre consommation printanière, couvrant la période du confinement. Et PAN ! Celle-ci est beaucoup plus corsée que d'habitude. 150 euros de surplus par rapport à la normale pour votre narrateur, qui pourtant chauffe à 19 degrés sa baraque T3. 

Habituellement, le chauffage est en veille durant notre journée de travail. Ce ne fut pas le cas de la mi-mars à la mi-mai, fin de l'hiver oblige. A moins de courir le marathon autour de la table du salon (chose vue sur youtube), il fallait bien mettre du chauffage pour répondre au froid en regardant la télévision ou en lisant un bon bouquin. Le télétravail a aussi un coût, le PC et le smartphone tirent aussi à l'electricité. Difficile aussi de se passer de l'éclairage, à moins de s'éclairer à la bougie.

Curieusement, personne n'a abordé ce problème. Pourquoi ne pas décréter un moratoire sur les factures énergétiques de la période du confinement ? Peut-on reprocher à nos compatriotes assignés à résidence d'avoir consommé de la TV, de la chaine HIFI et autre passe-temps durant deux mois ? 

Certes, votre narrateur n'est pas le plus à plaindre. J'ai été payé intégralement durant le confinement et je peux régler ma facture. Cependant, comment vont faire les français mis au chômage technique (ou définitif !), au salaire réduit de 25% pour ne pas aller sur leur lieu de travail, déjà éprouvés par les difficultés du quotidien ? Pouquoi les médias n'abordent-ils pas ce douloureux problème ? Par peur de réveiller le spectre des gilets jaunes ?

Alors que l'économie est parait-il sinistrée par deux mois d'inactivité forcée, on nous demande de consommer pour relancer la machine. Est-ce une sinistre plaisanterie ? Mes 150 euros perdus en électricité échapperont au circuit commercial, aux petits commerces notamment. Nous rappelerons cependant que tout le monde n'a pas souffert de la situation. La grande distribution n'a jamais autant vendu, de même que les entreprises de vente par correspondance (Amazon etc.). Pourquoi ne pas taxer davantage ceux qui ont fait du profit, pour baisser la fiscalité des autres et favoriser la "relance" ? Est-ce de l'utopie ?

La question des vacances d'été est d'ailleurs elle-aussi une bonne farce. Après deux mois de vaches maigres, nombreuses seront les familles qui ne pourront se payer un hôtel ou des places de camping. L'argent partira dans les dépenses immédiates : loyers, factures énergétiques, essence de la bagnole, bouffe bon marché des grandes surfaces. Ainsi vivent les trois quarts des français de cette première moitié du XXIème siècle.

Nos princes obsédés par l'éco-développement, les trottinettes électriques, les taxes carbone et autres douceurs de bobos n'ont pas conscience des conséquences de leurs actes. Ces deux mois de confinement laisseront des traces et des trous dans le budget des ménages. Et ce ne sont pas les compagnies d'électricité privatisées ou regroupées qui nous feront le moindre cadeau : la loi du profit, c'est bien plus grave que le coronavirus. On nous parle des petits vieux terrassés par ce covid à la noix. A quand des statistiques sur ceux morts de maladies liées au manque de chauffage, d'une bronchite ou d'une pleurésie par exemple ? 

Durant le confinement, j'ai visionné l'excellent film est-allemand Les assassins sont parmi nous (1946). Un titre toujours d'actualité, et qui ne s'adresse pas qu'au vilain covid, mais aussi à ceux qui tuent à petit feu autrement, les distributeurs d'énergie privatisés, les marchands de sommeil etc. Espérons que ce système finira un jour en court-circuit général...


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