Système financier : la Chine donne une leçon à l’occident !

par Roosevelt_vs_Keynes
mercredi 24 janvier 2018

Les dirigeants chinois semblent conscients du tsunami financier qui se prépare, et ils mettent en œuvre une série de régulations afin de s’en prémunir. Au contraire, chez nous, Bruno Le Maire affirme à des députés inquiets qu’il ne faut pas séparer les banques de dépôts des banques d’affaires, et assure que les activités spéculatives sont « aujourd’hui plus limitées qu’elles ne l’étaient à la veille de la crise », tandis que le gouvernement Macron-Philippe pratique une politique de saccage social s’inscrivant, en pire, dans la droite ligne de Sarkozy et Hollande.

Dans un entretien réalisé le 16 janvier avec le quotidien chinois du People’s Daily, le dirigeant de la Commission de régulation bancaire chinoise, Guo Shuqing, met en garde contre une possible panique bancaire – ce qu’il appelle un « événement cygne noir » – menaçant la stabilité financière de la Chine. Depuis qu’il a été nommé à la tête de la Commission début 2017, Guo a introduit une flopée de nouvelles mesures afin de réprimer les activités de « shadow banking », ainsi que les fraudes sur les prêts. « Nous devons nous concentrer sur la réduction du taux d’endettement des entreprises, restreindre l’effet de levier des ménages, contrôler strictement les produits du secteur inter-financier [c’est-à-dire, vendus par les banques de l’ombre aux banques et aux investisseurs], et continuer à démanteler le shadow banking ».

Le Wall Street Journal rapporte le 17 janvier que la bulle immobilière chinoise est en train de dégonfler, surtout dans les grandes villes comme Beijing et Shanghai (où l’augmentation des prix est passée de 40 % à zéro en un an), créant des problèmes de dettes toxiques entre les promoteurs immobiliers et les prêteurs hypothécaires. Le WSJ note néanmoins que « la Chine n’a pas le genre de produits financiers risqués qui ont provoqué le crash du marché immobilier américain et qui ont infecté l’économie mondiale il y a dix ans ».

À la fin de l’année dernière, lors de la conférence centrale de travail économique, le président Xi Jinping a souligné la nécessité de se prémunir contre les risques financiers. L’objectif est d’établir d’ici trois ans un « cercle vertueux » entre la finance et l’économie réelle. Et il ne s’agit pas seulement d’interdire le bitcoin : la Commission de régulation bancaire a établi une liste des mesures à prendre, pour « empêcher les banques d’acheminer des fonds vers le marché boursier, le secteur immobilier, les véhicules de financement des administrations locales, ou encore les industries hautement polluantes et surproductives ne respectant pas les politiques industrielles nationales ». Elle va également renforcer la surveillance des conseils d’administration des banques commerciales afin d’empêcher le transfert de bénéfices aux principaux actionnaires et d’empêcher un actionnaire unique de détenir une part excessive d’une participation dans une banque.

Mais par-dessus tout, c’est la régulation active sur les investissements chinois à l’étranger, telle qu’elle a été mise en œuvre en 2017, qui est la plus indicative de l’orientation actuelle de l’économie chinoise. Par rapport aux années précédentes, les investissements liés à l’initiative de la ceinture et la route (« Belt and Road Initiative », ou BRI) ont été relativement constants (14,7 milliards de dollars, par rapport à 18,5 milliards en 2015 et 14,4 milliards en 2016). Mais l’investissement global de la Chine à l’étranger a chuté de 30 % en 2017, pour s’établir à 120 milliards de dollars annuels, grâces aux mesures énergiques visant à décourager les investissements hautement spéculatifs, mises en place à partir de l’été 2017. Ainsi, la part de la BRI dans les investissements à l’étranger représente désormais près de 15 %. Autant pour Bruno Le Maire, qui est allé donner des leçons aux Chinois, lorsqu’il accompagnait Macron en Chine, sur les « investissements de pillage ».

Source : Solidarité & Progrès


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