TA GAULE SARKOZY

par Robert GIL
samedi 1er octobre 2016

 « Nos ancêtres sont gaulois », selon Nicolas Sarkozy, qui manie aussi bien le glaive que le goupillon. Ne lui dites pas que l’histoire et la génétique nous trouvent des origines affreusement mélangées.

Le 1er septembre Robert Ménard déclarait « être européen, c’est être blanc et catholique bien sûr ». Dans une Europe largement protestante dans sa partie septentrionale, et dans un pays comme la France où les non-croyants sont majoritaires, le propos peut apparaître comme largement outrancier, mais il s’agit du maire, apparenté FN, de Béziers – autrement dit, un multi-récidiviste. Les Républicains ne sont pas en reste et on assiste même à la grande surenchère du n’importe quoi à mesure que s’approche l’échéance de la primaire de la droite.

Le grand gagnant une nouvelle fois du buzz nauséabond demeure incontestablement Nicolas Sarkozy. Engagé dans une campagne qui peut réellement être qualifiée d’extrême-droite, l’ancien président ne cesse de brandir la croix et d’exalter une France éternelle.

De longue date, Nicolas Sarkozy a agité le goupillon. Lors de sa première visite au Vatican en décembre 2007, il avait déclaré « La laïcité n’a pas le pouvoir de couper la France de ses racines chrétiennes. Elle a tenté de le faire. Elle n’aurait pas dû » .Il a, depuis lors, réitéré son propos à de multiples occasions. La campagne pour la primaire de la droite marque cependant une inflexion avec une thématique religieuse strictement identitaire.

En juin 2016, lors d’un meeting à Saint-André-lez-Lille, il a ainsi affirmé que la France est « un pays chrétien dans ses mœurs » plongeant le quotidien La Croix dans un abîme de perplexité. À la fin de l’été, la parution de son livre programme, Tout pour la France, affiche une croix plus explicite que subliminale en couverture. Finie la croix de Lorraine, place à la croix tout cours. À ce sujet, on lira avec profit la tribune de Saïd Marhane parue dans Le Point et intitulée Sarkozy le commandeur des croyants.

Obsédé par la dimension identitaire de sa campagne, Nicolas Sarkozy vient d’affirmer : « Dès que l’on devient français, nos ancêtres sont gaulois », lors d’un meeting dans le Val-d’Oise le 19 septembre. Un esprit joueur, ou disposant d’un minimum de culture historique, pourrait rétorquer que, par Toutatis et Bélénos, gaulois ou chrétien il faut choisir, et que vivent nos racines druidiques !

Rien ne nous sera donc épargné, mais il n’est pas inutile de rappeler quelques éléments. Le premier c’est que « nos ancêtres les Gaulois » est une fabrication du XIX° siècle. Dans la mythologie post-Révolution Française, les Gaulois, ancêtres supposés du peuple français, s’opposent aux Francs ancêtres des nobles. Vercingétorix ne fait ainsi son apparition dans l’histoire nationale qu’avec le Second Empire.

Le terme Gaule lui-même est une création linguistique romaine, et la première Gallia mentionnée correspond à des territoires au nord de la péninsule. Historiquement, ça commence bien, la Gaule initiale est donc en… Italie. Ce n’est qu’avec l’ampleur des conquêtes romaines qu’apparaîtront la Gaule cisalpine (en Italie) et la Gaule transalpine (l’autre côté des Alpes). Notons par ailleurs que « nos ancêtres les Gaulois » exclut du patrimoine national les Basques, qui ne sont pas des Celtes.

Pour les tenants de la France éternelle, quitte à remonter le temps, pourquoi s’arrêter simplement aux Celtes ? Après tout, ces derniers ne sont arrivés sur le territoire de la France qu’au V° siècle avant Jésus Christ. On évitera ici de remonter jusqu’à l’homme de Néanderthal, pourtant bien présent dans le patrimoine génétique des populations européennes et asiatiques, mais dont il est douteux qu’un candidat à la primaire de la droite se réclame.

Mais rions un peu avec les dernières avancées du génie génétique. Hormis les Africains, le reste de l’humanité – des aborigènes australiens jusqu’aux Européens en passant par les Chinois – descend d’ancêtres communs ayant peuplé la péninsule arabique, selon les généticiens. Au risque de produire une terrible vague de suicides à droite, force est de le constater : nous sommes tous arabes.

Il y a plus déprimant encore pour notre droite en quête d’identité. Une étude présentée lors de la réunion annuelle des anthropologues américains du 26 mars 2015 a montré (Science magazine en anglais ou ici en français) que l’homme « blanc » n’existe en Europe que depuis quelques millénaires. La dépigmentation, liée à l’absence de deux gènes (le SLC24A5 et le SLC45A2) est une adaptation génétique qui a, au plus, 8.000 ans pour le Sud de la Suède et beaucoup plus récente pour le reste de l’Europe. Bref, la biologie moléculaire est formelle, l’Européen de souche est un Arabe noir.

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