Tarantino : franchement beauf, même pas bof !

par morice
vendredi 21 août 2009

Non mais c’est incroyable : un cinéaste nous pond un film raté, mal filmé, mal monté, avec un scénario ridicule et voilà que le monde entier s’extasie ? Le cinéma est-il tombé si bas pour encenser pareil navet ??? Car il faut bien le dire, Tarantino, qui « revendique » une culture de films de série Z a réalisé avec Inglourious Basterds un film... au delà du Z. Tarantino, quand il s’attaque au film d’histoire, fait pire que la 7ème Compagnie ou les Charlots de Zidi (cf. « les Bidasses en Folie » !), et il n’y a personne pour oser le dire ! C’est avant tout d’un ridicule achevé, et une sorte de montage de mauvais vidéo-clips accolés, montrant une imprégnation télévisuelle et non cinématographique, contrairement à ce qu’on essaie de faire croire pour ce faux génie. Ce faux branché, qui plaît tant aux faux intellectuels. 

Ou le génie, plutôt, du mauvais goût et de la réalisation bâclée, si vous préférez. Rien n’est historique dans ce gâchis de pellicule (surtout pas les détails vestimentaires dont il se tape comme de l’an quarante serait-on tenté de dire !) : Tarantino fait éternellement des films de cow-boy mais déguise ses acteurs en ce qu’il veut. Aujourd’hui en nazis et en soldats américains. Demain, il nous fera le remake des Sept Samourais en les déguisant en Transformers, pour sûr, c’est de son niveau. Car le problème est bien là : Tarantino est fondamentalement inculte, même si de joyeux drilles s’amusent à vouloir en faire un homme qui aurait une culture "de bande dessinée". Ce n’est pas très sympa pour la bande dessinée, qui ne se résume pas à du L’il’Abner uniquement. Ou alors ce qui en parlent n’ont jamais considéré la BD comme un art.
 
Du pulp, pour les lumpen-lecteurs. Il en vient, il y reste. La seconde guerre mondiale vue par Tarantino c’est du Vigor , du Choc , du Commando , des éditions Artima. Un de ces jours, Tarantino va nous refaire Flesh Gordon, c’est une évidence !!!!! Avec un "e", comme dans "Basterds" !!!! Inculte, et sans remords : dans une interview récente des Inrocks, il cite Danielle Darrieux comme icône du cinéma français, mais on est bien forcé de lui apprendre son voyage à Berlin pendant la guerre, en 1942, à lui, qui, soi-disant aurait fait des "recherches" historiques "poussées" pour préparer son film : "Quand j’ai initié ce projet, il y a pas mal d’années, j’ai fait beaucoup de recherches, j’ai lu beaucoup de livres sur la vie en France sous l’Occupation. Je connaissais déjà assez bien le cinéma français de l’époque. J’ai passé six mois à apprendre un tas de choses très intéressantes, et ensuite, j’ai passé une année entière à essayer de faire entrer toutes ces connaissances dans un scénario, ce qui n’était pas facile". Dans tous les livres sur l’occupation, il y a un chapitre sur la collaboration artistique française. Où l’on parle de ce fameux voyage tant décrié de 1942à Berlin, ou Danielle Darrieux allait voir, elle, son mari Porfirio Rubirosa, emprisonné par les allemands. Elle sera forcée à résidence à Megève pour avoir tenté de le faire. Ce qu’ignorait totalement Tarantino, qui a passé six mois pourtant à "étudier la question", et dont le scénario tient en fait sur moins d’une demi-page.
 
Tarantino est bien un escroc, mais même pas intellectuel : faire la même chose cinquante ans après les pulps est un déni de l’évolution des mentalités : il nie l’histoire, et rend ses pires épisodes au niveau d’une comédie légère, d’une "fantaisie" selon lui, l’extrême violence en plus, car combien de scènes chez lui où il s’appesantit, une nouvelle fois et lourdement, sur cette violence, où il se complait littéralement, où il se vautre avec délices. Tarantino, c’est simple, c’est "Chantons sous les bombes" ou sous les coups de batte de base-ball. Là où un réalisateur intelligent ferait dans l’ellipse, il fait dans le lourd et l’appuyé. Ce n’est en définitive qu’un gros lourdaud muni d’une caméra. Un américain bien moyen, qui baigne dans sa micro-culture de vendeurs de cassettes vidéos de série B. Sa prétendue passion pour le cinéma n’en est pas une : c’est une admiration sans aucun recul des films de mauvaises séries, du péplum italien aux décors en papier mâché aux films de science-fiction bâclés des années 50, refaits -de façon pire ! - dans les années 80 par des tâcherons sans âme. Chez lui, cet autre tâcheron, son fameux "scénario non linéaire", sa marque de fabrique revendiquée, signifie en réalité incapacité totale et flagrante à tenir la droite ligne d’un film. Chacun d’entre eux devient vite un fourre-tout qui obligatoirement ravira ici et là une partie au moins du public. Les films de Tarantino, ce sont des auberges espagnoles cinématographiques sans queue, ni tête... ni scénario. La "théorie du bordel ambiant" de Roland Moreno a été écrite pour lui, pour sûr. Lui, le " geek de la South Bay de Los Angeles" comme le nomment les fameux "Inrocks", toujours prêts à sauter à côté de la plaque !!! Et à glorifier leur cher Quentin ! 
 
Tarantino est un adolescent très attardé, qui rend extravagante une période historique grave : il y a suffisamment de jeux de guerres sur consoles pour ne pas s’en taper un qui dure deux heures trente, sur écran géant, où l’on ne peut même pas piloter le héros.... Tarantino, quand il touche à l’histoire, s’il se serait attaqué à la Guerre Froide aurait pondu un remake de Metal Gear Solid 3, rien d’autre. L’imaginaire historique de Tarantino sur la seconde guerre mondiale s’arrête en effet à Wolfenstein ou à Doom , la violence gratuite copiée : c’est flagrant et ça va jusque l’affiche originale de son film comme sur la jaquette de son DVD. D’ailleurs, certains ont bien fait le rapport, déjà, sur internet en faisant dans l’interactif, façon jeu de console. Et encore davantage dans sa vision du film de propagande nazie, inclus dont son propre film, où l’on distingue bien toute sa flagrante inculture et son mépris le plus total pour les faits historiques. Tarantino ne tourne donc pas des séquences : il bondit de niveau en niveau dans SON jeu personnel. Ces acteurs évoluant depuis Kill Bill comme sur des jeux de plate-forme, chaussures à ressorts en prime, ralentis en promo. Et n’ont qu’un seul souci en tête : se venger. Ce à quoi se résume tout Tarantino.
 
Mais au fait, résumons donc le film en laissant Eli Roth, un des acteurs, de le présenter : « Il y aura beaucoup de scalps. Il ne va pas lésiner sur les scalps, laissez-moi vous dire. Quentin a basé ce que les Basterds font sur ce que les indiens Apache ont fait. Ils feront ce qui est connu actuellement comme la Résistance Apache, où ils capturaient des gens et les mutilaient horriblement, les scalpaient, les torturaient, les découpaient en morceaux et ne laissaient qu’une seule personne vivante. Ensuite, le survivant rentrait à la cavalerie et décrivait ce qui s’était passé. Alors la guerre psychologique allait si loin que lorsque la cavalerie rencontrait des Apaches, ils prenaient juste leur flingues et se tiraient une balle dans la tête ou se tiraient entre eux à cause des horreurs qu’on leur avaient racontés. Ce sera ce que les Juifs feront aux Nazis. Nous prenons ces Nazis, nous les scalpons, puis nous les battons à mort avec une batte de baseball.  » On le voit, les connaissances historiques de Roth ou de Tarantino sont plus que légères, et surtout ils mélangent tout et toutes les époques. Remarquez, leurs interviewers ne valent guère mieux  " l’incendie de la salle (de cinéma) fait penser aux crématoires" ose même dire sans vergogne le journaliste des Inrocks ! Ou va-t-on avec ce genre de comparaison hasardeuse ?
 
S’il aurait fallu faire une seule référence historique en rapport avec les indiens, il aurait fallu parler du rôle des Apaches, des Navajos, des Cherokee, des Choctaws, dans le cryptage des messages, et non pas ces fumisteries. Les anglais pratiquant historiquement aussi bien le scalp que les indiens, en fait (*1) . Mais cela, notre inculte l’ignore certainement : en ce sens ; la vision qu’à Tarantino de l’indien est donc réductrice... et donc à un certain degré... raciste. C’est la vision qu’à le beauf moyen de l’indien, aux USA comme ailleurs. C’est de la pure bouillie historique. Tarantino arrive à en faire un script de 167 pages, remarquez...  de son histoire de scalps idiots qui résument le film. Quant à son titre avec un "e", (et un "ou" à la place du "o") c’est évidemment un problème de droits, un film datant de 1978 d’Enzo G. Castellari, s’intitulant bien "Inglorious Bastards...."  ayant bloqué l’usage du titre sélectionné au départ. Un autre "gestapo-spaghetti".... un de plus. Aussi mauvais que sa copie Tarantinienne (admirez dans le "trailer" le Focke-Wulf "Long nez" télécommandé, ç’est à mourir de rire !). Michel Constantin y fait une apparition, cependant...
 
Tout l’univers de la pensée tarantinienne se résume en effet à ce principe bête de western et à ce degré zéro de l’âme humaine. Dans les commentaires affligeants sur Tarantino, on cite les grands films de guerre des années 50, dont bien entendu "Les douze salopards" d’Aldrich (1968), qui sont à mille lieues de ce que vient de réaliser le chouchou des cinéphiles branchés. En fait, c’est bien l’éternel remake de l’Ange des Maudits que fait Tarantino, nous explique clairement Pierre-François Peirano, ou celui de "Rancho Notorious" (1952) de Fritz Lang, de "Winchester’73" (1950), d’Anthony Mann).... ou encore d’ "Il était une fois dans l’Ouest " (1968)", signé Sergio Leone. Tarantino n’a effectivement que la vengeance aux lèvres comme vertu et culture principale : c’est dire la faiblesse de sa pensée et en quoi il n’a pas à servir de modèle dans ce bas monde. Les gens qui vont aller voir du Tarantino sont les mêmes qui vont crier au scandale en apprenant les crimes d’honneur de certaines sociétés, sans même s’apercevoir que leur héros cinématographique prêche les mêmes valeurs débiles à longueur de films surfaits. Tout le problème est là : Tarantino glorifie l’usage de la force car il est bien incapable de raison. Il n’est pas le seul à avoir un univers mental aussi limité : Johnnie To n’a pas davantage de jugeote. Le grotesque chez eux n’est jamais loin, mais il y a pire : il y a même des journalistes pour les encenser. Un film "splendide formellement", nous dit notre inévitable chroniqueur maison à propos du film de To, qui parle même"des chorégraphies balistiques" à son propos.
 
A encenser les trajectoires de balles, on en oublie qui les tire et pourquoi : pour ne pas qu’il y ait de justice, pour ne pas qu’il y ait de tribunaux. Pour que chacun se fasse justice lui-même, le degré zéro de la socialisation et de l’humanisme : la loi du talion, qui n’a jamais cherché à savoir pourquoi certains tuaient, ce qui a toujours facilité la récidive. Et au sommet de l’édifice la glorification de l’armement individuel à l’américaine comme viatique pour avoir la paix dans les chaumières. Les réalisateurs qui véhiculent cet état d’esprit sont tout simplement dangereux. Tarantino devrait être élu représentant du siècle, ou à vie, de la NRA en remerciement de ses efforts à promouvoir autant les armes de poing. Ce n’était pas du tout, en tout cas, l’homme de la situation pour parler de ce grave sujet, relèvent bien des commentateurs. On en arrive pourtant à ressortir du Cioran, cette autre tarte à la crème pour cependant justifier cette débauche gratuite de plomb durci : , « la vengeance est un besoin, le plus intense et le plus profond qui existe » (Cioran), nous assène notre ineffable confrère. En fait, on en est bien au stade du film "Les Bidasses s’en vont en guerre"....c’est aussi grotesque en tout cas : alors Cioran, dans ce fatras.... c’est bien pour tenter d’intellectualiser ce qui n’est en définitive qu’un film de beauf, dans toute sa splendeur.
 
PS : même en musique c’en est un autre de beauf : à exhumer du Zarah Leander  et du Jacques Loussier... ! Bientôt, Tarantino va s’attaquer à Robin des Bois, en le mélangeant à Thierry La Fronde, c’est sûr. Pour un gars ayant déclaré "je ne fais pas confiance aux compositeurs" ce sera parfait. Ses connaissances musicales se résument à tout casser à dix albums, qui reviennent invariablement dans ses propos et dans ses films : notre homme tourne visiblement en rond sur sa culture... minimaliste.
 
RE-PS : le film risque en tout cas d’entraîner dans sa chute la société qui est derrière lui : on ne donnait pas cher hier des chances de la Weinstein Company de se sortir de ses problèmes financiers avec pareil navet. Pareil cageot de navets, devrais-je plutôt dire. Et je ne suis pas le seul à le penser, loin de là.
 
(1) "Le scalp permet pour les Européens d’établir un contrôle des pertes adverses et de constater l’efficacité de leurs alliés autochtones, tout en les incitant à combattre plus durement. Cette pratique se retrouve sur d’autres continents, comme en Afrique ou les colons européens pouvaient demander de rapporter une partie du corps de chaque « ennemi ». "

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