Taubira à ONPC, le show d’une grande communicatrice

par Elliot
lundi 8 février 2016

Hier soir dans ONPC, ceux qui l'espéraient auront attendu vainement une exécution en bonne et due forme de François Hollande : Christiane Taubira a marqué énergiquement son désaccord sur la déchéance de nationalité, une dénaturation des valeurs républicaines selon elle qui a provoqué sa démission mais elle s'est refusée aux petites attaques mesquines, aux petites phrases assassines, au Hollande bashing.

« Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne « avait dit J-P- Chevènement. Christiane Taubira n'a ouvert la sienne que pour expliciter les raisons de son désaccord sans autrement s'abaisser à rejoindre la meute.

Pourquoi n'a-t-elle pas démissionné plutôt sur ce sujet qui la fâchait tant ?

Avec le recul, on peut trouver peu convaincants ses atermoiements mais on peut aussi lui laisser le bénéfice du doute quand elle avoue avoir espéré un geste présidentiel.

Christiane Taubira a restitué la chronologie des événements et elle a plus d'une fois insisté sur un élément qui n'est pas anodin : Hollande a proposé la déchéance de nationalité à Versailles devant les chambres réunies deux jours seulement après les attentats.
De son insistance à rappeler les dates on peut risquer une interprétation qui vaut ce qu'elle vaut mais qui n'est pas, me semble-il, inepte : le Président et ses conseillers ont agi sinon dans la précipitation du moins dans l'urgence et Chistiane Taubira ne s'est pas précipitée pour les condamner de leur empressement.

Il fallait une parole forte pour répondre au traumatisme de la nation et ceux unanimes qui ont applaudi le mâle discours présidentiel ont cédé à l'affect et là encore, tout moutonnier qu'il soit, ce comportement n'est pas indigne.

Après le temps de la colère qu'expliquait le contexte mais qui ne permettait pas de porter un jugement lucide sur les choses, vient celui de la réflexion.

Et de l'analyse.

Le pourquoi, le « comment est-ce possible ? « devraient par la suite agiter les méninges de ceux qui se donnent la peine de réfléchir : se poser la question, par exemple, des racines de cette haine que de jeunes Français ont pour leur patrie, s' interroger, comme Michel Onfray, sur la pertinence de ces corps expéditionnaires divers et variés envoyés sur des terrains de guerre civile où jusqu'à présent ils ne font qu'accroître que le chaos et la désolation même si BHL, toujours optimiste et si peu enclin à se déjuger, entrevoit des lendemains d'harmonie.

Bref soigner les symptômes du mal par la pleine connaissance de ses origines car expliquer un mal, ce n'est pas l'excuser, c'est se donner les moyens de le combattre.

 

Peut-être le Président Hollande considérait-il qu'il ne pouvait sans dommages à sa fonction se dédire mais alors on comprend mal les allers-retours de ce projet de loi de commissions en commissions qui rendent finalement le texte de plus en plus sinon incompréhensible du moins inopérant.
Déchoir de leur nationalité des Français et en même temps ratifier la convention qui interdit de créer des apatrides, c'est doter l'arsenal judiciaire de dispositions dont l'application est hasardeuse.

 

Finalement ne serait-ce pas un peu comme si on caressait le secret espoir que ce projet se perdît définitivement dans ces va-et-vient afin de mourir de sa belle mort retoqué par le Conseil d'état ?

 

Léa Salamé et Yann Moix souhaitait visiblement en découdre, ils étaient là pour ça, ils ont insisté lourdement pour obtenir de Madame Taubira une manifestation d'apostasie politique, une autocritique de son compagnonnage avec François Hollande ; ils ont usé et abusé d'arguments, ma foi ! assez peu pertinents.

Comme par exemple, quand Léa Salamé, vite envoyée dans les cordes, tient Christiane Taubira comptable de décennies de reniements de la Gauche qui ouvrent la voie au Front National ou quand l'autre chroniqueur, Yann Moix, s'étonne du choix du mot « Murmure « dans le titre ( la réponse de Madame Taubira évoquant la plus grande attention accordée aux chuchotements qu'aux gueulantes l'a laissé pantois ) ou quand il moque le style lyrique, selon lui ampoulé, illustré dans l'opuscule par l'évocation toute en recherche du « bruit des madrépores « dans les atolls, au prétexte que l'on n'a jamais entendu des coraux émettre le moindre son.

Pourtant le feuillage bruisse, la mer clapote, le vent hurle, la maison craque …

J'ai ainsi appris hier soir que le madrépore est un cœlentéré coralliaire et je n'en suis pas devenu plus bête...

En tout état de cause, évalués à cette aune, les ouvrages de La Fontaine, Ésope et tous les autres rêveurs qui prêtent un langage aux animaux, voire aux plantes, de tous les animistes de fiction ou de foi doivent de toute urgence être achevé au pilon afin que nos têtes blondes ou brunes se familiarisent avec l'utile, le rationnel, le terre-à-terre.

On aurait pu attendre autre chose comme critique littéraire de la part d'un écrivain réputé pas malhabile de sa plume.


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