Taubira – Roselmack : « SOS racisme » ?
par MUSAVULI
mercredi 6 novembre 2013
Le racisme serait-il en progression spectaculaire dans la société française ? C’est en tout cas la première impression qu’on a en revenant sur le « cas Taubira » amplifié par les sorties médiatiques du journaliste Harry Roselmack. Dans sa tribune, qui fait échos au cas Taubira, le célèbre présentateur de TF1 déplore un climat qui le ferait ramener à sa « condition de nègre ».
Une cible privilégiée
Il faut dire que Christiane Taubira subit des attaques racistes d’une assez rare violence et qui peuvent difficilement laisser indifférent. Comparée à un singe sur la page Facebook d'une candidate Front national, la garde des sceaux a été par ailleurs traitée de « guenon » par des enfants lors d'une manifestation contre le mariage homosexuel.
Au-delà du cas Taubira, il faut bien admettre un racisme structurel matérialisé, entre autres, par les inégalités des chances en matière d’accès à l’emploi ou au logement. En politique, une certaine liberté de parole se développe et donne lieu à des dérapages mémorables des personnalités, jusqu’alors au-dessus de tout soupçon, compte tenu de leur attachement aux « valeurs de la République ».
Au-delà d’un cas
Pourtant, il faut avoir l’honnêteté d’aborder la question du racisme en prenant en considération un certain nombre d’aspects complémentaires pour éviter de tomber dans le piège d’un manichéisme contre-productif.
Avoir du racisme une lecture qui se limiterait au cas Taubira aboutirait à une forme de réquisitoire destiné à accabler une catégorie de la population, les « Français de souche ». Il faut ainsi constamment prendre du recul et ne jamais se focaliser sur un seul aspect de ce mal social.
Tout d’abord, s’il y a racisme, il s’agit du fait d’individus et non de la société dans son ensemble. Ce n’est pas rien de le rappeler, mais la France est une société plutôt très avancée sur cette question avec un arsenal juridique bien fourni et une opinion qui réagit de façon plutôt exemplaire, par la réprobation, chaque fois que les actes de racisme sont rendus publics.
Et le racisme « anti blanc » ?
Il faut aussi rappeler que le racisme n’est jamais en sens unique. Toutes les communautés y sont confrontées. Si les victimes « noires » ou « arabes » font les gros titres de la presse, le quotidien de très nombreux « Français », dans certains quartiers, n’est guère enviable. Des responsables politiques se font parfois les porte-voix des victimes de ce racisme « oublié », communément appelé « racisme anti-blanc » ou « anti-français », mais trop souvent à des fins d’exploitation politicienne.
On devrait en parler plus souvent ne serait-ce que pour contribuer à faire reculer la fausse impression que seules les « minorités visibles » seraient victimes de racisme en France.
L’autre élément à prendre en considération est le contexte. La crise économique, la montée du chômage et l’absence de réponses politiques adaptées, alimentent la tentation du bouc émissaire. L’« autre » est perçu comme étant, en tout ou en partie, responsable des difficultés auxquelles on est confronté.
En mettant tous ces éléments en perspective, on aborde avec un peu plus de recul les cas Taubira et Roselmack, ce qui ne veut pas dire qu’il faut les minimiser.
Boniface MUSAVULI