Taxis : emmerdo, ergo sum !

par VICTOR Ayoli
jeudi 28 janvier 2016

Avec une régularité méritoire, une corporation - celle des taxis – fout le bordel. Circulation bloquée, affrontement avec les forces de l’ordre, violences à l’encontre des chauffeurs de VTC (véhicules de transport avec chauffeurs) et de chauffeurs « Uber ».

Les taxis défendent leur gamelle : prix de la bagnole, prix des carburants, prix des assurances, prix de la licence… On peut comprendre qu’ils luttent contre une concurrence. D’autant plus qu’ils n’y sont pas habitués, jouissant d’une situation de monopole confortable mais totalement aberrante.

 

Prix de la voiture : les taxis, en société ou en se groupant pour les individuels, peuvent négocier de sérieuses remises.

Prix des carburants : les exploitants de taxi bénéficient d'une détaxation partielle de la taxe intérieure sur la consommation des produits énergétiques (TICPE), sous la forme d'un remboursement a posteriori en fonction de la consommation réelle de carburant (gazole ou super sans plomb), utilisée pour les besoins de leur activité professionnelle 

Prix des assurances : artisan taxi propriétaire ou non de leur véhicule et de leur licence, la profession entre dans le cadre du transport de personnes. Il leur est donc indispensable de souscrire une assurance professionnelle spécifique. Avec la encore une force de négociation conséquente.

Prix de la licence : c’est en quelque sorte le fond de commerce des taxis. La licence est chère. Mais elle a été voulue par la corporation, ceci afin de renforcer le numerus clausus, de protéger la profession contre toute concurrence. Ce protectionnisme se retourne contre les taxis.

 

Á quoi servent-ils ? Á transporter des personnes d’un point à un autre. Comme bien d’autres moyens de transport : la marche à pied, le vélo, le scooter, la moto, la voiture particulière, les autobus, les trains, les avions, les bateaux.

 Le font-ils bien ? Faire rouler une grosse bagnole pour un seul client, c’est une aberration aussi bien économique qu’écologique. Ils encombrent les rues, ils polluent pour un service cher et souvent mal rendu : ils ne sont jamais là lorsqu’on a besoin d’eux, ils ont une conception « pittoresque » des itinéraires, ils sourient toutes les années bissextiles... Mais ils se tiennent, constituent un lobby puissant et ont jusqu’ici toujours réussi à bloquer toute concurrence, que ce soit les taxis collectifs, les véhicules dit de tourisme et même les vélos taxis ! Alors la concurrence des VTC et – pire pour eux - d’UberPop, c’est la guerre !

 Mais pourquoi n’ont-ils jamais voulu évoluer ? Pourquoi n’ont-ils pas mis au point eux-mêmes, en collaboration avec les services municipaux des villes où ils travaillent, une application électronique permettant au client de trouver très vite, sur son i-phone, un taxi ? Ce qu’a fait Uber, pourquoi ne le font-ils pas ?

 Non. Ils se contentent de refuser toute avancée, de repousser toute concurrence, de s’arc-bouter sur leur numerus clausus (nombre de taxis fixe). Parce qu’ils se sentent forts. Parce qu’ils ont une arme, comme les routiers ou les exploitants agricoles : ils peuvent bloquer la circulation, donc les échanges économiques. Et ils s’en servent de cette arme. Les gouvernements reculent plus vite devant ces emmerdeurs, leurs bahuts, leurs bagnoles et leurs tracteurs que devant les infirmières et leur blouse blanche ou les enseignants et leur stylo…

 J’emmerde, donc je suis.

 

 Illustration X - Droits réservés


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