Terrorisme et Danger des Fondements intellectuels

par Dr. salem alketbi
lundi 25 février 2019

JPEG

Quiconque pense que la défaite d'une organisation terroriste et l'expulsion de ses éléments d'une zone du territoire équivaudrait à vaincre le terrorisme et à l'éliminer complètement aurait tort ! C’est la quintessence de l’expérience du monde au cours des dernières décennies avec les organisations terroristes de la première génération (Djihad, Takfir, Hijra, etc.) à la deuxième génération (al-Qaïda), puis à la troisième génération (Daech). Cette expérience confirme que la défaite d’une génération signifie la prédiction de l’arrivée d’une nouvelle génération plus violente, plus dangereuse et plus radicale. Daech est plus sanguinaire et plus violent comparé à la première génération de terroristes. Il a des capacités de se répandre, de s’étendre, de se développer et de recruter, de manière beaucoup plus importante que les organisations terroristes dans les années 1980. Daech a bien utilisé les moyens de communication sociale et les techniques modernes pour répandre des idées, recruter et transformer l’espace électroniques en une arène virtuelle pour former et recruter ses éléments !

Je rappelle ces conclusions en guise de commentaire sur les débats directs et indirects entre les dirigeants et responsables politiques et militaires de l’Occident sur la défaite et la fin de l’organisation Daech en Syrie. Le débat a pris une orientation politique par excellence, et il y a une volonté de proclamer une victoire militaire sur l’organisation, ce qui est en soi un point de polémique du fait qu’on ne peut établir des critères pour la défaite complète d’une organisation terroriste, parce que la guerre reposait fondamentalement sur une base idéologique et non sur des calculs purement militaires. La défaite et la fuite des éléments terroristes ne signifient en aucun cas la chute de la pensée à la base de l’organisation terroriste, ni sa défaite, ni sa mort ni son déracinement !

Les fondements intellectuels du terrorisme se trouvent dans les plates-formes de ses organisations, dans ses livres et dans le langage des théoriciens qui le promeuvent à des degrés divers. L'objectivité nécessite de dire que les efforts déployés jusqu'à présent pour traiter ces fondements ne sont pas au même niveau du sérieux de ces derniers, de leur complexité ni du degré de leur enracinement. 

Des efforts sont déployés à plusieurs niveaux pour faire face à la menace terroriste, certains sont liés à la pensée et au discours religieux, et afin d’être objectif, il faudrait indiquer que ce genre d’efforts se limite à certains pays et leur nature et leur efficacité varient. Il y a aussi des efforts déployés aux niveaux éducatif, qui sont en voie mais n'ont pas encore donné suffisamment de résultats. Des efforts sont effectués au niveau de la recherche de l’équivalent objectif de l’idéologie extrémiste par la diffusion des valeurs de modération, de tolérance et de coexistence entre les êtres humains. Ces efforts là évoluent avec force et intensité dans certains pays, mais avec peu de force et d’intensité dans d’autres, ne recevant pas assez d’attention et d’intérêt.

Dans le cas syrien, nous remarquons que le président Donald Trump a insisté sur le fait que la restauration de 100% des zones contrôlées par l'organisation Daech constituait une défaite pour l'organisation et qu'elle ne représentait plus une menace. La vérité est qu’il s’agit effectivement d’une défaite militaire pour l'organisation, mais pas une défaite impressionnante pour ce genre d’organisations, qui ont l’habitude de fuir pour mieux rebondir. Sa défaite militaire signifie qu’elle va changer de stratégie et de tactiques utilisées pour continuer à se battre selon ses fondements intellectuels. D’où, son éradication complète a besoin d'une stratégie à long terme, tant au niveau militaire qu'intellectuel. Ces deux aspects doivent être combinés, sans quoi la graine réapparaîtra avec des génération qui auraient assimilé les leçons de la défaite militaire et qui sauraient contourner les erreurs passées, et se reproduiraient, que ce soit à travers la même organisation ou ou à travers la division et la fragmentation de cette organisation en organisations sous forme de mosaïque en raison des possibles divergences de visions entre les dirigeants de la post-défaite, et c'est exactement ce qui s'est passé lors des précédentes vagues d'organisations terroristes.

Nous devons comprendre que le terrorisme n'est plus la défense d'une pensée ou d'une idéologie particulière, mais plutôt une sorte de « business » qui soulève des slogans idéologiques et agit sous l'apparence d'une pensée idéologique ou religieuse et qui est rapidement employé par les États, les agences de renseignement et les organisations qui financent et soutiennent son activité pour réaliser les intérêts stratégiques d'autres pays ou même simplement pour la convergence d'intérêts et d'agendas indirectement, ce qui explique l'existence de dizaines de milliers d'éléments impliqués dans des organisations terroristes dans différentes parties du monde, et on ne pourrait dire qu'ils se battent tous pour la défense de la religion ou de la foi comme ils le prétendent ! Il y a des combattants pour l’argent et d’autres pour la célébrité et l’épanouissement personnel. Certains sont en colère vu le fait qu’ils sont victimes de la marginalisation suite à des pratiques d’exclusion raciale dans certains pays, et il y en a d’autres impatients de vivre dans l’aisance et l’opulence selon les promesses des organisations terroristes à leurs éléments potentiels lors des campagnes de recrutement déployées par le biais des médias sociaux et autres moyens de recrutement et de polarisation idéologique et dogmatique.


Lire l'article complet, et les commentaires