Thatcher : facile de tirer sur un cadavre...

par Relladyant
mercredi 10 avril 2013

Sauter comme un cabri sur la dépouille de l'égérie de la financiarisation est malsain, surtout quand cela est le fait de gens supportant présentement des politiques similaires mais dans un emballage "de gauche"...

Enfin, Maggie est morte… un personnage politique comme l’Histoire n’en façonne qu’une poignée par siècle. Un héritage politique largement contestable, la figure de proue d’une idéologie que je combat fermement, qui se caractérise par l’omniprésence de la finance sur l’économie réelle ; mais les commentaires sur son trépas, loins de s’en tenir au bilan et aux idées, glissent dans la mesquinerie et donnent lieu à un spectacle dérangeant de gens jouissant sans pudeur sur le cadavre d’une presque nonagénaire rongée par Alzheimer.
 
Tous les personnages politiques ne sont pas des personnages de films. Qui irait faire un film sur des hommes politiques aussi inexistants que F.Hollande, D.Cameron ou G.Brown ? Margaret Thatcher, une fille de petit épicier de province, s’étant élevée par la seule force de son caractère jusqu’au sommet d’une des plus grandes puissances de la planète pour croiser le fer avec les grands de ce monde et laisser chez eux un souvenir impérissable. Pas eu besoin des féministes, la Maggie ! A l’occasion de sa mort, ex-ministres, ex-présidents, ex-diplomates… tous ont une anecdote ou une citation à rappeler aux journalistes qui leur demandent : « parlez-nous de Madame Thatcher ».
 
Au Royaume-Uni ou en France, beaucoup exultent. En général, des petits et des insignifiants, des journalistes sans épaisseurs ni envergure, qui, de son vivant se seraient bien gardés de se frotter à la Dame de Fer, et qui peuvent donc, 20 ou 30 ans après, finalement apprécier leur petite victoire à eux. Les vers sur la dépouille du lion.
 
Il est très facile de tirer sur des cadavres, c’est une spécialité des faiblards et des pusillanimes, qui se déchainent et redoublent d’effort sur du symbolique, de l'inoffensif, et du passé, en croyant que cela compense pour leur complicité avec la même idéologie lorsqu’elle est toujours en mouvement, aujourd’hui et maintenant.
 
Car beaucoup de ceux que la mort de Thatcher met en transe en Angleterre, supportent directement ou indirectement Tony Blair, qui, comme pour toutes les gauches, en a toujours fait trois fois plus que la droite (cf. Monti en Italie, DSK en France et au FMI, Hollande en ce moment en France…). Quand on a voté pour Hollande (fut-ce à l’appel de Jean-Luc Mélenchon), ou qu’on supporte le Labour Party de Tony Blair, on ne peut faire passer la culpabilité d’être complice du système néolibéral, qu’en en faisant deux fois trop sur la mort de Thatcher pour essayer d’oublier sa responsabilité sur la scène politique d’aujourd’hui ! Et de même, il est très facile de s’indigner de l’amitié passée de Thatcher avec Pinochet, car pendant qu’on en parle, on évite de voir l’amitié bien présente de tous nos dirigeants actuels (Hollande ou Sarko, Obama ou Bush, Cameron ou Blair) avec les rois de monarchie absolue du Qatar, de l’Arabie Saoudite, ou du Bahrein (ou Scotland Yard aide le régime contre les émeutiers).
 
En mourrant, Lady Thatcher semble donc accomplir sa dernière fonction de figure expiatoire, de « méchant flic » qui a toujours servi dans l’histoire de nos alternances modernes, à permettre au « gentil flic » de venir à sa suite pour faire pire mais cette fois avec la bienveillance de l’opinion ! (penser Tony Blair, Obama après Bush, ou Hollande après Sarkozy…)

 


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