The long and winding road to decency and justice...

par uleskiserge
samedi 7 mars 2020

        "The identification of women with the prey is partly connected with the beginnings of the sex struggle, which may be described as the first class struggle of history. 

The sexuel act and the piercing of the prey, the bleeding woman and the bleeding animal, merged in the imagination of primitive man

                     Ernst Fischer - The necessité of Art  - a marxist approach  : analyse touchant la période mésolithique

bleeding : saignement, saigner (sang) / struggle : lutte / prey : proie

/ piercing : transpercer 

***

      Il est clair que la cérémonie des César ne pouvait pas ne pas faire l'objet d'une contestation bruyante de la part de celles (et ceux - manifestement moins nombreux) qui n'acceptent plus cette complaisance scandaleuse à propos du silence qui a trop longtemps accompagné des comportements délictueux (chantage sexuel, harcèlement) et les crimes commis (le viol n'est pas un délit mais un crime) au sein de l'industrie cinématographique, sans oublier la parole des victimes moquée ou bien remise en cause. 

Avec le renoncement du réalisateur Polanski qui s'avère avoir été des années durant un violeur multi-récidiviste d'ados et de jeunes femmes (quatorze témoignages l'attestent), à honorer ou à déshonorer la cérémonie des César de sa présence, l'essentiel a été obtenu : Polanski a renoncé enfin à parader même s'il a fallu lui expliquer cent fois la raison. 

Aujourd’hui encore, sa lettre de renoncement prouve une fois de plus qu'il n'a toujours pas compris. Il faut dire qu'il y a autour de lui une telle complaisance à son égard... son positionnement victimaire (typique des hommes en faute) explique bien des choses : cet homme n'a tout simplement pas idée !.... Idée de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas.

Quant au soutien majoritairement féminin dont Polanski bénéficie, reconnaissons ce qui suit : nous les hommes avons toujours su, tout en le regrettant, qu'il n'y a pas mieux qu'une femme pour cracher au visage d'une autre femme ! Cracher sur l'agression sexuelle dont elle a pu être la victime... 

Voyez toutes ces actrices (et acteurs) qui refusent de se prononcer ou qui soutiennent ouvertement Polanski : Deneuve, Ardant, Huppert (elle déclarera : "J'ai pas suivi cette affaire !"), Kiberlain et combien d'autres... 

         Les faits sont têtus... plus on les nie plus ils vous éclaboussent... moralement...

Force est de constater qu'il y a vraiment quelque chose de pourri dans cette industrie... car le chantage sexuel, le harcèlement et le viol n'auraient pas pu être si longtemps recouverts d'un voile tout en bénéficiant d'un silence honteux sans la complicité de tous : acteurs, actrices, producteurs, réalisateurs.

      Sur les réseaux sociaux, c'est la presse de droite - Atlantico, Figaro, Le Point - et d'extrême droite - Causeur (les mêmes qui sont pourtant d'une intransigeance sans limite à propos des accusations portées contre Tariq Ramadan soutiennent Polanski et dénoncent un lynchage du réalisateur) - qui accueille et recueille les commentaires de soutien au réalisateur et à celles et ceux qui dénoncent le lynchage dont Polanski serait la victime... les femmes en priorité. 

Sans doute est-ce là un phénomène générationnel : ce soutien massif féminin semblent concerner les femmes de plus de 60 ans (si tant est que l'on puisse en juger à partir de leur prénom) qui s'expriment sur les pages FB de médias situés à droite.

Des femmes, une génération en particulier donc, qui n'ont sans doute jamais appris à dire "Non" car... il faut leur rappeler à toutes qu'il y a harcèlement, il y a chantage sexuel, il y a viol quand on dit "Non !".... 

On notera aussi un soutien d'une nature communautaire : sur leurs sites à tous (sites de la communauté juive), on observe 99% de soutien en faveur de Polanski et de ceux et celles qui le défendent ou font l'autruche...

Autant pour la République et la capacité de l'être humain de se libérer d'un réflexe communautaire dont il ne sortira que trop rarement grandi, plus encore quand il est question de justice et de morale. 

***

       Voilà donc l'état des lieux que l'on peut présenter en toute impartialité...



       Le combat de ces femmes qui militent sans relâche pour le droit qui est le leur de dire "Non !" sans que leur carrière à toutes soit ruinée (actrices, journalistes femmes, mannequins, animatrices de télé, femmes employées et cadres dans des centaines d'entreprises) est loin d'être gagné (1). 

Qu'elles sachent toutefois qu'une majorité d'hommes les soutiennent sans réserve.

 

1 - Sur les réseaux sociaux, 80% des commentaires qui concernent l'affaire Polanski sont publiés par des femmes ; 80% de ces commentaires sont défavorables à celles qui refusent de se taire à propos des délits et des crimes commis dans l'industrie cinématographique ; 100% de ces commentaires-là sont publiés sur les pages FB d'une presse de droite (Atlantico, Figaro, Marianne - et pour l'extrême droite : Causeur). 

 

PS  - 

Faut-il dissocier l'homme écrivain, l'artiste... de son oeuvre ?

Sans doute car on ne compte plus les artistes, les écrivains les plus brillants avec lesquels on aurait beaucoup de mal à échanger ne serait-ce qu'une poignée de main (quand ils sont encore de ce monde) sans avoir le sentiment de se salir. 

L'indifférence méprisante de Polanski à la racine de laquelle on trouvera la recherche systématique d'une impunité qui défie le droit et la morale, la nature du soutien dont il bénéficie, la complaisance d'une arrogance inacceptable qui accompagne chaque intervention de ses soutiens... interdit, hélas, cette dissociation. 

Artistes, écrivains… une fois trépassés, cela peut et doit changer sensiblement la donne à condition toutefois que de leur vivant, aucune complaisance, voire une complicité, n’ait accompagné leurs délits ou leurs crimes (le viol est un crime !).

Or, encore une fois : Polanski a bénéficié des années durant, et aujourd’hui encore, d’une complaisance aussi honteuse qu’impardonnable. 

Notez au passage que tous les films de Polanski, les meilleurs de ses films, ne parlent que de ça : trouble de la personnalité, ligne rouge franchie sous l’emprise de pulsions aussi opportunistes qu'irrépressibles ; pensez à Chinatown et la confession du personnage joué par « John Huston » qui, soit dit en passant, vole la vedette à tous les acteurs masculins de la distribution. Confession comme suit : « Peu d’hommes, au cours de leur vie, seront amenés à réaliser que dans certaines circonstances, on peut commettre le pire des outrages  » - référence à l’inceste et au viol en ce qui concerne Chinatown. Voyez Le locataire, Répulsion, Tess (encore le viol), La Jeune Fille et la Mort - confession du violeur : « J’ai aimé violer et le faire avec ces femmes terrorisées »...

Comme quoi, quand on ne veut pas voir... ni établir un lien entre l'œuvre et le comportement tel qu'il nous est révélé, de l'artiste...


Lire l'article complet, et les commentaires