Tous manipulé(e)s... sur les classes inversées
par OCEANE
vendredi 11 mars 2016
Comment vendre l'école de manière démagogique
Un constat est indéniable : au collège de nombreux jeunes se démotivent. Ils ont entre 11 et 15 ans -parfois plus- et l'écart entre ce que chacun comprend et ce qu'il devrait acquérir se creuse. Alors on remet tout en cause ! Sans nuance, ni juste milieu. On jette tout avec l'eau du bain et on propose : LA CLASSE INVERSEE. Et à lire les présentations toutes plus élogieuses les unes que les autres sur cette nouvelle conception révolutionnaire de l'école, tous les problèmes se résolvent ! Fini l'ennui. C'est LA méthode pour REMOTIVER...
Mais qu'est-ce que la classe inversée ?
Eh bien au lieu de faire cours au collège, chaque enfant apprend chez lui. Chaque professeur peut lui proposer de regarder une video, de lire une page de manuel ou une photocopie de cours ; lorsqu'il revient en classe, fort de son apprentissage il peut alors poser des questions mais surtout envisager d'autres manières de vivre la classe : être en groupes, réaliser un projet sur ce qu'il a étudié seul à la maison. Sauf que ... sur le terrain cette idée ne fonctionne à nouveau qu'avec un très faible pourcentage d'enfants : ceux qui ont un ordinateur à la maison et l'autonomie pour travailler, comprendre seul le cours présenté à l'écran car le plus souvent il s'agit de cours filmé.
Pour les autres, la grande majorité, croire que le cours va être lu, compris, assimilé est une utopie. Croire que l'utilisation de l'écran va favoriser l'apprentissage est un leurre car pour ces générations l'écran est synonyme de "JEUX" "zapping", "sms" appli" mais pas "j'apprends mon cours !"
Encore une fois c'est la variété et la richesse pédagogique qui triomphe : il ne faut ni dénigrer un cours traditionnel, ni se voiler la face sur la réalité ; en effet, certains s'ennuient, sont sous alimentés intellectuellement et il est nécessaire, indispensable de varier les approches, les approfondissements. Mais faire croire à l'opinion que nos jeunes s'ennuient parce qu'ils restent assis toute la journée à écouter des adultes précher la bonne parole, c'est faux. Une journée classique de cours pour un jeune collégien inclut des activités variées :cours classique ou en îlot, CDI, salles d'ordinateur, de dessin ou musique, lieux pour l'EPS, salles de sciences où ils peuvent expérimenter.
Si l'ennui de ces générations est présent, il n'est peut-être pas à chercher uniquement au coeur de l'école où nombre des réflexions, de projets sont menés dans les équipes pour leur réussite ; mais partout autour d'eux, dans un zapping constant qui les rend incapables d'efforts, de concentration et donc d'apprentissage. Vendre l'école au clientélisme serait dangereux. Du ludique, du jeu ? A dose modérée car que dira un patron lorsque quittant l'école le jeune lui balancera " c'est pas assez marrant ton truc, j'veux pas l'faire !" ...Classe inversée ? Non juste pédagogie adaptée.