Tout va pour le mieux dans le meilleur des nouveaux mondes

par R-sistons
lundi 10 mai 2010

Tout va très bien, Mme la Marquise !

 Le monde se porte à merveille. La preuve, c’est qu’on nous le dit dans les Médias. Elle est pas belle, la vie ? Et les Médias sont dignes de confiance, naturellement ! La preuve, nous arrivons en 43 e position en matière de liberté d’information. Il y a pire ! Donc, soyons heureux. De gré ou de force !

 Et en Europe, tout va très bien Mme la marquise, comme ailleurs : Les monnaies plongent, les Etats sont surendettés, ils sont même au bord de la faillite. Toutes les protections sautent, et les citoyens perdent leurs emplois, leurs activités, leurs foyers, leurs familles. Tous sdf ? Et alors, c’est la liberté ! A nous le toit du monde ! Le bonheur est dans la rue. Certains lanceront les pavés de la colère ? Le Traité de Lisbonne, imposé aux bonnes gens, a prévu leur cas : Peine de mort pour les émeutiers. Le bonheur est dans le cimetière !

 Comme je l’ai écrit récemment, en actualisant un peu : Le Pouvoir en Allemagne tangue, l’Anglais est divisé, la Belgique est au bord de la scission, la Grèce est sur le point d’exploser, la France de Sarkozy est contestée, la Pologne est décimée, et le tout est incapable de faire front commun à l’heure des périls, sauf pour s’enchaîner à l’OTAN et donc aux guerres impériales. La boucle est bouclée ! En Europe, tout va très bien Mme la Marquise. Et ailleurs ?

 Les marées sont noires, le climat se réchauffe et on grelotte comme jamais, les peuples premiers sont chassés de leurs terres par les employés des Compagnies pétrolières, les eaux des rivières sont polluées, et les récalcitrants sont parqués, enfermés, torturés ou exterminés, comme au bon vieux temps des Peaux-Rouges. Le bonheur est dans ce qui reste des forêts tropicales... 

 Aux Etats-Unis, l’American Way Of Life se résume au document que je viens de voir sur les Chaînes Parlementaires : Les retraités travaillent jusqu’à la mort. Une dame de 93 ans est filmée en train de travailler, le document lui est dédié ; elle est morte pendant le tournage, en pleine activité. Le travail ne tue pas, le ridicule, oui. La première valeur moderne, aujourd’hui, c’est le travail (quand il y en a, ce qui est un autre débat). Cotisez pour votre retraite, bonnes gens, vous ferez la fortune des Caisses de Retraite. Au moins ! Donc, soyons heureux. Au fait, les gangs ne se sont jamais portés aussi bien. Les jeunes peuvent, s’ils préfèrent, s’enrôler pour l’Armée, premier employeur aux USA. On a les emplois que l’on peut ! Vous ne pouvez pas payer les frais d’inscription à l’Université (quelques milliers d’euros ) ? Direction l’Armée. Même chose pour les candidats à l’intégration. C’est le moyen le plus sûr, si vous revenez du champ de bataille, si vous ne devenez pas fou au retour, si vous n’êtes pas handicapé pour toujours. Vous êtes passés au travers des gangs, de l’Armée, des guerres, de l’Hôpital, du cercueil, de l’Asile ? Soyez heureux, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. C’est ce que doivent penser, aussi, tous les Américains qui dorment aujourd’hui à la belle étoile, au mieux dans leur voiture ou sous tente. Le bonheur est dans les prés ! 

 En Inde, les OGM se répandent, progrès oblige. La plus grande démocratie du monde, américaine bien entendu, les impose aux paysans. Ils les goûtent, puisqu’on les y a contraints, et ils se suicident après avoir été ruinés. Tout va pour le mieux, dans le meilleur des mondes possibles ! Anglo-saxon, cela va sans dire.

 A Gaza, la prison est à ciel ouvert. Oui, à l’air libre, et tout le monde y a droit. De quoi vous plaignez-vous, bonnes gens ? Vous pouvez vous baigner et même pêcher, à condition de ne pas vous éloigner de quelques mètres. Le bonheur pour tous ! Et vos enfants n’ont pas besoin de billes. Ils jouent à lancer des pierres sur les soldats qui stationnent dans leurs villes, et reçoivent des balles. Et puis, ils n’ont pas besoin de s’amuser à la guerre, elle est partout. La surpopulation ? Pas chez eux, bientôt ! Gaza est le champ d’expérimentation favori des nouvelles armes du peuple élu. Avec à la clef des malformations pour tous les nouveaux nés. L’eau ? Détournée. Et retournée au fournisseur malgré lui polluée, usée. Inutile de construire une maison, une fac, une usine, un aéroport , ils sont aussitôt bombardés. Les enfants jouent dans les ruines, pas besoin de parcs d’attractions. Vous êtes écologiste ou cultivateur ? Regardez les oliveraies ou les champs, ils franchissent la frontière. A moins que les frontières ne franchissent les lois internationales... Vous avez dit flexibilité ? C’est ça, la modernité, sans doute. Votre conjoint fait un voyage à l’étranger ? Adieu le conjoint. La loi du retour est pour le peuple si bien élu. De qui, au fait ? Ah, de Yahvé. Ya bon Yahvé ! Allez, la vie est belle, à Gaza, puisque les Médias ne nous disent pas qu’elle ne l’est pas.

 En Afrique, les âmes charitables de France, ont partagé leurs réserves de sang contaminé avec les descendants des esclaves. 30 % d’Africains malades du Sida ! Au moins. Ceux qui ne le sont pas sont priés d’accueillir les décharges nucléaires, ou les VIP d’Areva, ou les spécialistes du pillage des ressources. Et de bien les accueillir, s’il vous plaît ! S’ils s’avisent de choisir un Lunumba, pas de quartier ! Et s’ils ne sont pas contents de leur sort, s’ils rêvent de goûter aux bienfaits de l’Occident, voici les requins, le désert ou les camps de transit ou d’internement. Tout est décidément pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles !

 Les guerres ne sont plus locales, défensives, exceptionnelles, elles deviennent planétaires, préventives, permanentes, nucléaires même, en tous cas avec les armes de destruction massive les plus modernes. On peut même se mettre devant un écran et viser, de chez soi, confortablement installé, les petites créatures humaines. Et nouveauté suprême, les guerres sont silencieuses ; pas de publicité, surtout ! Le coup de l’Irak, très médiatisé, très spectaculaire, c’est fini. Le progrès, là encore ! L’American way of life happy.

 L’Irak ? Oui, un million et demi de morts, sans compter toutes les victimes de l’embargo. Et les blessés, les handicapés, les réfugiés (quatre millions, dit-on)... Le bonheur complet, apporté par les missionnaires anglo-saxons, grands amateurs de liberté, disent-ils, et pourvoyeurs de démocratie devant l’Eternel, chargés par ce Dernier, cela va sans dire, mais en le disant cela va mieux, de répandre le Bien sur la planète, en implantant partout des bases militaires pour permettre aux autochtones de goûter leurs bienfaits, et en bombardant les récalcitrants à leurs Révolutions permettant à chacun d’en voir de toutes les couleurs...

 Après la Yougoslavie, en Europe même - mais en Europe slave ! - , voici les bombardements en Irak ou en Afghanistan, au Yemen, au Pakistan, au Soudan, etc etc, ils sont partout, ces bons soldats Américains ! Même à Haïti, où ils font de l’aide humanitaire à la pointe des fusils. Pour les remercier, on les reçoit en déroulant des tapis bien rouges. Oui, très rouges... Le rouge est la couleur du bonheur ! Couleur sang, pas couleur pouvoir populaire. Chavez porte une chemise rouge... pour combien de temps encore ? Au Honduras, le rouge est celui du sang des martyrs. Ils ont osé soutenir leur Président ! Les Américains ont imposé leur vision du bonheur. Allons, tout va pour le mieux dans le monde du Nouvel Ordre, imaginé par les Anglo-Saxons !

 Encore une marque de leur sollicitude ? Des murs partout. Entre les hommes, entre les groupes religieux, entre les ethnies, entre les riches et les pauvres, entre les militaires et les civils, entre les autochtones et les étrangers... Choisissez votre mur, Msieur-Dame ! Pas de bonheur sans mur. On a célébré la chute du Mur de Berlin ? Celui de l’argent l’a remplacé. Et celui-là est coriace !

 Allons, bonnes gens, réjouissez-vous ! Les Décideurs, les vrais, pas ceux qu’on met en avant, les vrais, donc, s’amusent à programmer des conflits militaires, des pandémies, des crises, des guerres économiques... Ils ne savent plus quoi inventer pour faire notre bonheur : Les pesticides, Haarp, le Codex Alimentarius, les boucliers fiscaux ou anti-missiles, etc, etc ! Et le bonheur passe évidemment par la compétition. Citoyens, battons-nous les uns contre les autres ! C’est l’ultime forme de la félicité moderne. Aimons notre prochain à condition qu’il soit terrassé, par terre, et aimons surtout l’argent. L’Argent ! L’Argent-Dieu. Dieu-Mâmon, bien sûr ! C’est la foi d’aujourd’hui. Elle nous promet le bonheur sur terre, et une éternité de délices avec le Bon Dieu... ou le diable. On n’arrête pas le progrès ! 

 Réjouissez-vous, bonnes gens. Tout est pour le mieux dans le meilleur des nouveaux mondes. Et décidément, plus que jamais, tout va très bien, Mme la Marquise ! 

 Eva R-sistons à la barbarie de cette civilisation

 http://r-sistons.over-blog.com 

 

  La civilisation moderne : Barbarie ?

 

Tout Va Très Bien Madame La Marquise !

Allô ?
Allô, allô, James ? Quelle nouvelle ?
Absente depuis quinze jours
Au bout du fil je vous appelle
Que trouverai-je à mon retour ?

Tout va très bien, Madame la Marquise,
Tout va très bien tout va très bien


Pourtant il faut il faut que l’on vous dise
On déplore un tout petit rien...
Un incident, une bêtise,
La mort de votre jument grise
Mais à part ça, Madame la Marquise,
Tout va très bien tout va très bien.

Allô, allô, Martin ? Quelle nouvelle ?
Ma jument grise morte aujourd’hui ?
Expliquez-moi, cocher fidèle,
Comment cela s’est-il produit ?

Cela n’est rien, Madame la Marquise,
Cela n’est rien tout va très bien
Pourtant il faut il faut que l’on vous dise
On déplore un tout petit rien...
Elle a péri dans l’incendie
Qui détruisit vos écuries
Mais à part ça, Madame la Marquise,
Tout va très bien tout va très bien.

Allô, allô, Pascal ? Quelle nouvelle ?
Mes écuries ont donc brûlé ?
Expliquez-moi, mon chef modèle,
Comment cela s’est-il passé ?

Cela n’est rien, Madame la Marquise,
Cela n’est rien tout va très bien
Pourtant il faut il faut que l’on vous dise
On déplore un tout petit rien...
Si l’écurie brûla, Madame,
C’est qu’le château était en flammes
Mais à part ça, Madame la Marquise,
Tout va très bien tout va très bien.

Allô, allô, Lucas ? Quelle nouvelle ?
Notre château est donc détruit ?
Expliquez-moi, car je chancelle,
Comment cela s’est-il produit ?

Eh bien voilà, Madame la Marquise
Apprenant qu’il était ruiné
À peine fut-il rev’nu de sa surprise
Que M’sieur l’Marquis s’est suicidé...

Et c’est en ramassant la pelle
Qu’il renversa toutes les chandelles
Mettant le feu à tout l’château
Qui s’consuma de bas en haut
Le vent soufflant sur l’incendie
Le propagea sur l’écurie
Et c’est ainsi qu’en un moment

On vit périr votre jument

Mais à part ça, Madame la Marquise
Tout va très bien tout va très bien !

 

À l’origine, les paroles de cette chanson furent attribuées à Paul Misraki (musique de Ray Ventura) mais comme elle ressemblait étrangement à un sketch créé quatre ans auparavant par Bach et Laverne, en l’espace de quelques mois, les noms de ces deux compères furent ajoutés aux éditions subséquentes.

Dans le livret accompagnant le coffret Bach et Laverne, la compil ! (EPM 984482) Jean Buzelin cite en effet ceci :

"Un soir, raconte Saltano, Laverne rentre affolé dans la loge de son partenaire en s’écriant : As-tu entendu ? Le sketch ! Paul Misraki en a fait une chanson !" [...] Lorsqu’il écrit ses souvenirs durant l’été 1941, Henry Laverne reste très évasif et revendique avec Bach l’idée de la mise en musique de "Tout va bien... M’sieur l’Marquis..." [...] De son côté, Jacques Hélian, dans son son livre sur les grands orchestres français, en attribue l’idée à Louis Gasté (*) qui, racontant l’histoire aux membres de l’orchestre, se la serait fait piquer par Misraki.". (Merci à Artemisia-college.org pour le texte, auquel d’ailleurs je fais souvent référence dans mes blogs, eva)

 


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