Travaillons moins

par Phil Antrope
mercredi 11 mai 2016

Vous l’aurez deviné, l’idée est de présenter pourquoi et comment travailler moins. Commençons donc sans plus attendre par le pourquoi.

Le temps de travail en France est théoriquement de 35h. Théoriquement car ce n’est applicable qu’à une petite tranche de la population. D’expérience, ayant travaillé en hôtellerie restauration, il s’agit plus de 50 heures que 35. Sur les chantiers, c’était plus 42 heures que 35. Maintenant que je travaille dans un bureau, il n’est pas question de 35h mais minimum 39 heures quand ce n’est pas un taux journalier pour les cadres. Donc en dehors des fonctionnaires et autres salariés du publique, les 35 heures sont une utopie.

Pourquoi ?

35 heures donc, quand des millions de personnes sont sans emploi. Concernant les emplois non qualifiés, un temps de travail de 30 heures permettrait de faire travailler beaucoup plus de personnes puisque pour 6 personnes passées de 35 à 30 heures, un emploi est créé sans impacter la productivité si chère au patronat. Il s’agit donc principalement de réduire le chômage mais également de permettre à tous de vivre mieux en travaillant moins.

J’entends d’ici les protestations : “On est les seuls à faire 35 heures ! C’est une honte ! On nuit à la productivité et à la rentabilité ! ….”. En fait non, loin de là. Prenons un exemple utilisé régulièrement : la Chine. Les chinois (même les enfants de 5 ans) travaillent au moins 10 heures par jour pour un salaire de misère. Sont-ils plus heureux ? Non. Sont-ils plus riches ? Certainement pas. “Au moins ils travaillent tous !” Je vous invites donc à voyager. Constatez par vous même les emplois asiatique. Il y a un “gardien” devant chaque magasin qui passe sa journée assis sur une chaise. Dans les restaurants, des familles entières travaillent et sont parfois plus nombreux que les clients. Comparer un indicateur unique est trop subjectif : il faut prendre en compte le niveau de vie, la qualité de production, le prix de vente de ce qui est produit, le taux de pauvreté, les indicateurs de santé, … Sans parler de la culture, qui est radicalement différente.

Si vous enviez nos voisins allemands, n’oubliez pas que 16.1% de la population vit sous le seuil de pauvreté (16.2% au Royaume-Uni) contre 14.1% en France, quand bien même ils ont une politique de l’emploi flexible. A méditer.

En France, comme dans de nombreux pays développés, les moyens de productions ont évolués. L’automatisation dans les usines est de plus en plus répandues et la nature de l’emploi s’en voit modifiée. Il faut évoluer en tenant compte de ces moyens de production, s’adapter au contexte.

Comment ?

Il faudrait certes une réflexion sur les cotisations sociales mais qui dit moins de chômeurs dit moins d’allocation chômage. De plus, il existe des systèmes un peu différents concernant le chômage comme dans les pays nordiques mais j’y reviendrai dans un autre billet. Comme l’ont prouvé de nombreuses études, le bonheur du salarié a une influence directe sur la qualité et la rapidité du travail. L’idée est également d’augmenter le salaire minimum horaire pour que tout le monde puisse vivre décemment même en ne travaillant que 30 heures par semaine. Pour ce qui est du financement, confère un autre billet (“Ah si j’étais riche !”). Certains emplois nécessitent des compétences plus élevées et d’être soumis au taux journalier. Cette façon de faire n’est pas gênante et justifie en partie les différences de salaire dans la limite du raisonnable.

 

Il faudrait également faciliter le travail des TPE/PME pour permettre plus d’embauche. Il existe aussi le principe de SCOP (Société Coopérative et Participative) qui semble une bonne alternative à l’actionnariat.

Il n’existe pas de solution idéale, seulement un choix dans l’équilibre des budgets. Un pays comme la France créé assez de richesse pour que toute la population vive dans de (très) bonnes conditions. Mais la société nous endoctrine sur fond de “marche ou crève”, prétendant qu’il faut bouffer les autres pour s’en sortir. Cette mentalité n’a qu’un seul objectif : permettre à ceux qui se gavent sur le dos du peuple de continuer.

Enfin, n’oubliez pas une notion importante : soyons philanthrope !

Humainement vôtre,

Phil Antrope

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