Tripatouillage d’otages à la Squarcini
par morice
mercredi 18 avril 2012
Non, franchement, ça suffit là, les Sarkozeries et les Squarcineries, les deux travaillant visiblement comme les deux doigts de la main (le troisième doigt s'appelant Guéant). Après l'épisode Merah, voila la manipulation Aqmi. Car, si vous vous souvenez un peu, il n'y a pas si longtemps que cela, celui que l'on surnomme le "Squale" censé être redoutable et redouté et que je commence de plus en plus à prendre pour un requin pélerin étant donné son appétit de pouvoir et sa balourdise, nous avait mis en garde. Après les salafistes, la palme du terrorisme passerait selon lui dans les jours qui suivent aux preneurs d'otages de l'Aqmi en plein Sahel, nous avait-il prévenu. Et qu'a-t-on vu arriver dans les rédactions sur les téléscripteurs ce week-end ? Je vous le donne en mille : une "vidéo" plutôt frelatée de deux des fameux otages sahéliens... Soigneusement choisis. A ce stade de la manipulation qui en fait la seconde en moins de 15 jours, bientôt l'équipe présidentielle va faire passer la triplette Rumsfeld-Cheney-Bush, jamais en reste d'inventer une histoire à faire peur à la populace lors de l'élection de 2004, pour des joueurs de bac à sable. Là, ce n'est plus gros, c'est énorme, c'est colossal... de bêtise crasse, cette annonce. Car en prime, "ils" sont assez idiots pour nous dire que... tout vient "d'eux" en fait !!!!
N'importe quel crétin aurait relevé la date de tournage du document : le 22 février, soit il y a plus de sept semaines. Le moindre abruti de rédaction poserait simplement la question de savoir pourquoi elle n'est disponible que depuis hier. Ce à quoi les sbires squarciniens répondent dans le communiqué que ça n'aurait été transmis "que cette semaine" ... tout en précisant du fond de leur insondable bêtise que cela proviendrait, comme information sûre et fiable... je cite, "d'une source sécuritaire", dans laquelle tout le monde normalement constitué aura reconnu la DCRI... dont le patron est un certain Squarcini, rappelons-le. Révéler que l'on fait de la rétention manifeste de savoir, c'est avouer que l'on utilise un pouvoir... tout simplement. Voilà deux pékins instrumentalisés de plus, aprés Merah. Et voici révélé par la même l'insondable bêtise d'un Squarcini.
En novembre 2011, un autre événement ravivera l'idée de manœuvres de l'ombre menées dans la région directement par le trio désormais habituel Guéant-Sarkozy-Squarcini : "un Français, négociateur dans la libération des otages enlevés en septembre 2010 par Aqmi dans le nord du Niger, a été blessé ce mercredi 23 novembre 2011, dans le nord du Mali. Selon les informations recueillies par RFI, cet homme aurait été légèrement blessé à l’épaule par des hommes armés dans la région de Gao. Il était accompagné d’un élu régional malien. Le Français blessé ce mercredi 23 novembre 2011 dans le nord du Mali n’est pas un inconnu en Afrique. Colonel de l’armée française, âgé de la soixantaine, il a été durant les années 2000, conseiller militaire du président tchadien Idriss Deby (*)." Visiblement, les journalistes savent déjà plein de choses mais n'osent pas dire le nom de l'individu.
Un personnage qui réussit des "coups", donc, mais dont les méthodes douteuses sont sérieusement mises en cause : "mais l’homme ne fait pas l’unanimité. Selon des témoignages recueillis, ses méthodes de négociation, suscitent la méfiance , tant chez ses partenaires touaregs que du côté de certains ravisseurs : la rançon farfelue de 90 millions d’euros demandée par Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) serait l’une de ses inventions. Dans un récent article de l’hebdomadaire français Paris Match, il est présenté comme un émissaire trouble et ripou. Le colonel reconverti se dirigeait une nouvelle fois vers les ravisseurs des Français ce mercredi. Afin de brouiller les pistes, il est entré dans le pays par le désert malien. Son véhicule évitait les barrages officiels. C’est en voulant le contraindre à s’arrêter qu’un groupe d’hommes armés a tiré sur la voiture. L’homme a été blessé légèrement à l’épaule et il a été rapatrié par avion sanitaire en France, le jour même. Le véhicule transportait-il d’importantes sommes d’argent ? La réponse viendra peut-être un jour". Comme viendra un jour l'explication de la remise de la légion d'honneur par Nicolas Sarkozy à Jean-Marc Gadoullet, le 5 juillet 2008 (il l'avait déjà été en 2000), on suppose... car cet émissaire c'est bien lui, en effet.
Un Gadoullet qui pourrait expliquer autre chose, tiens, au passage. Libération a en effet rappelé que lors des négociations, Areva aurait versé de l'argent, pour la libération des otages. Beaucoup d'argent : 12 millions d'euros. Le hic, c'est que les otages n'ont pas été libérés (sauf trois) et qu'on ne sait pas exactement ce qu'il est devenu de l'entièreté de l'argent versé : "L’émissaire touareg envoyé pour récupérer ces otages jugés sans valeur est stoppé à Gao par une autre filière qui apparaît soudain sur le devant de la scène et dont Gadoullet aurait été l’un des maîtres d’œuvre. C’est du moins ce que pensent aujourd’hui nombre d’acteurs impliqués dans les négociations. Lesquels affirment aussi que le second réseau a, lui, monnayé la libération des trois otages, qui aura finalement lieu le 24 février. A quel prix ? Du côté d’Aqmi, la somme qui aurait été demandée est estimée à 2 millions d’euros. Mais des anciens d’Areva affirment que l’entreprise aurait versé 12 millions d’euros. Si ce scénario se révèle exact, que sont devenus les 10 millions de différence ?" De l'argent d'une rançon d'otages du Sahel qui aurait disparu ? Dans quelles poches ??? C'est encore plus fort que le système Bettencourt, cette filière !
Il semble bien exister, dans cette région "une filière Gadoullet", qui s'est superposée à celle existante depuis longtemps : "l'officier, qui s’était déjà fait remarquer en 2008 au Tchad comme conseiller du Président, Idriss Déby, soupçonné à l’époque d’avoir participé à la disparition d’un opposant, continue à faire peur. Une enquête de Paris Match, publiée il y a deux semaines, révélait que le responsable d’Air France du premier réseau avait reçu, malgré son retrait, de curieuses menaces depuis qu’il avait découvert l’existence d’un second réseau dans cette étrange négociation qui se perd dans les sables du désert.' Le "premier" réseau étant celui d'un des dirigeants d’Air France surnommé là-bas "le directeur". On retrouve vite qui se cache derrière, dans le journal Le Monde : "Jean-Marc Gadoullet promet de poursuivre en justice ceux qui " salissent son nom ". Son ennemi principal se nomme Guy Delbrel (**). Introduit dans les présidences d'Afrique de l'Ouest, celui-ci travaille auprès de Jean-Cyril Spinetta, le PDG d'Air-France-KLM, dont il a été le " Monsieur Afrique ". Il semble mener une tentative de négociations parallèles à celles de l'équipe de Jean-Marc Gadoullet. La dispute franco-française fait du bruit et des dégâts dans le nord du Mali. A Paris, on tente de la juguler. Un haut responsable de la DGSE convoque les deux hommes pour un déjeuner de réconciliation dans une brasserie place de la République. En pure perte. Jean-Marc Gadoullet promet de " transmettre ses coordonnées " à Guy Delbrel. C'est peu." C'est ainsi que l'on apprend surtout que la seconde équipe se heurte à la DGSE... et que c'est donc la DCRI qui fait des siennes, puisque l'individu qui la représente est proche, visiblement, de Sarkozy... la Gadoullet-connexion fait des vagues, visiblement. Et la guerre intestine DGSE-DCRI des ravages...
Et il y a pire encore, comme le raconte de Djamena Abdoulaye Salah : "le 29 juillet dernier, un haut responsable touareg d’Areva est envoyé en mission par le nouveau gouvernement nigérien chez l’émir Belmokhtar, responsable du rapt, en janvier dernier, de deux jeunes Français à Niamey, tués au cours d’une opération française. Après avoir effectué trois voyages dans l’Adrar des Iforas pour rencontrer les groupes de l’Aqmi qui détiennent les otages, l’émissaire touareg se rend, cette fois, à 70 kilomètres de Tombouctou, où il a trouvé l’émir assis tranquillement au pied d’un arbre, entouré d’une vingtaine de combattants. Quand l’émissaire annonce que « le Niger et le Burkina Faso souhaiteraient que l’Aqmi n’utilise plus leurs territoires pour commettre des enlèvements d’Occidentaux », Belmokhtar répond que la discussion est possible. Une fois les trois autres chefs de l’Aqmi informés, il proposera une date pour rencontrer une délégation d’officiels. Mais où le propos de l’émir devient plus délicat, c’est quand il informe l’émissaire nigérien « des démarches effectuées par un Français [il cite le nom de “l’ingénieur”] qui est dans le circuit des négociations pour la libération des otages ». L’émissaire note : « Ce Français a créé une société de sécurité au Mali, il propose aux gens d’Aqmi de travailler avec lui ! Il propose aussi d’être leur intermédiaire pour leur trouver de l’argent… » Un émissaire, si bien en vu à l'Elysée, ayant reçu la légion d'honneur des mains même du Président Sarkozy (et de Chirac !) et qui propose d'aider financièrement l'Aqmi ??? C'est cela, le "second réseau" d'approche de ceux que l'on présente en même temps comme des "terroristes" ??? Ne serait-on pas là dans un cas de figure à la G.W.Bush attisant le terrorisme avec des cassettes de Ben Laden... fabriquées ??? De proposer "d'aider" les terroristes à "trouver de l'argent" n'est-ce pas fort ressemblant déjà aux contrats d'armements où est espéré en retour... un petit versement ?
Et ce qui cloche cette fois dans le communiqué visiblement signé Squarcini, c'est la seule source d'information, encore une fois, comme dans l'affaire Merah : c'est la DCRI qui fait porter le chapeau du retard d'information à l'AQMI, via un improbable "Etat burkinabé" et via un amabassadeur- général, alors que la date d'enregistrement laisse augurer la connaissance de la vidéo bien avant cette toute récente révélation. Et le gros balourd qui l'a avoué, avant que l'on en parle, c'est Squarcini, qui le 1er avril n'avait pas pu s'empêcher de nous faire comprendre qu'il savait LUI des choses que NOUS ne savions pas, nous, les humbles mortels, sur les otages : et comme ce n'est vraiment pas l'intelligence qui le caractérise ; il est même allé jusqu'à associer cette "révélation prochaine" à la campagne présidentielle en cours, révélant que chez lui, comme chez son maître, cette prise d'otage sera instrumentalisée, comme l'a été à un point inimaginable la reddition annoncée de Merah, terminée par son élimination physique si pratique pour ceux qui le manipulaient. Son "à mon avis, cela ne va pas tarder à entrer aussi dans la campagne" sonnait clairement comme un... aveu, de manipulation (une de plus). La sienne. Après avoir fabriqué un Merah djihadiste qui ne voulait pas se rendre, voilà que déboulent des preneurs d'otages tout disposés à rendre leurs prisonniers, tant affaiblis,mais qui ne le font pas car on garde en réserve un autre coup médiatique les concernant ? On s'y achemine tout droit là...
Alors la presse va rater le coche, encore une fois, en se trompant de cible et en s'engouffrant dans le pathos... Fourni sur plateau, à en devenir sinon larmoyant sinon un peu... forcé : "les deux otages adressent un message d'espoir à leurs proches, et demandent à Nicolas Sarkozy, à la France et aux associations humanitaires de les aider. 'Il y a une volonté d'apaisement de la part d'Aqmi, une volonté d'ouvrir la porte et une volonté de trouver une solution qui soit dans l'intérêt de toutes les parties', estime Philippe Verdon. 'Toute aide est la bienvenue, Aqmi est ouvert à la négociation', dit Serge Lazarevic. 'Ils (les membres d'Aqmi) ont des hommes prisonniers au Mali, en Mauritanie et ils sont ouverts à la négociation'." Un message qui sonne bien étrangement : si la volonté d'apaisement existait tant, il y a belle lurette que le montant de la rançon ne poserait plus problème de libération il me semble. Et que d'autres contacts locaux de Squarcini (toujours les mêmes, comme à Tarquint) auraient déjà fait remonter l'info, sans passer pour ça par la case vidéo périmée, destinée uniquement... Aux médias. Mais ce message plus qu'étrange dans la bouche d'un des otages, en présentant l'Aqmi comme prêt à négocier deviendrait fort intriguant si demain l'on apprenait qu'une opération lancée par la France pour libérer les deux otages avait bêtement échouée, et que les preneurs d'otages avaient abattu leur prisonniers à l'arrivée de leurs sauveteurs (cela s'était produit en mars dernier au Nigeria, il s'agissait de Christopher McManus, 28 ans, et de Franco Lamolinara, 48 ans, deux ingénieurs travaillant pour une entreprise de construction italienne),. Depuis un scénario nigérien écrit d'avance, ou décidé sans prendre en charge le cas des otages, je suis devenu très suspicieux en effet en la matière. La précédente opération pour libérer par la force deux otages s'est soldée par la mort de ces derniers : la faculté de " négociation" de l'Aqmi s'arrête au son de ses kalachnikovs, semble-t-il. À noter que le message rédigé par les otages ne fait appel qu'à un INDIVIDU : le Président, montrant à l'évidence un acoquinage de départ. Ce sont les États et leur administration qui sont en charge de leurs ressortissants à l'étranger et non le président seul, il me semble. Faire appel à lui exclusivement sonne un peu trop comme un appel à un employeur...
Et ce d'autant plus que l'on fait tout depuis la précédente intervention au Niger pour ne pas faire éclater la dérangeante vérité. Le même jour on a en effet donné cette information : "la famille d'Antoine de Léocour, un des deux otages français tués au Mali en janvier 2011, a été reçue vendredi au ministère de la Défense. Elle y a vu un film de l'intervention militaire destinée à les secourir. « Elle n'a pas vu grand chose, les images étaient prises à 3 000 mètres d'altitude », a expliqué leur avocat. Antoine de Léocour, qui allait se marier avec une Nigérienne, et son meilleur ami Vincent Delory avaient été enlevés le 7 janvier 2011 à Niamey (Niger) par Aqmi et tués lors d'un assaut donné le lendemain au Mali"... Nous rappelle le Figaro. Une annonce significative : le gouvernement avait laissé entendre que le fameux film proviendrait de l'hélicoptère ayant attaqué, on a diffusé à la famille celle prise du Bréguet Atlantic II qui circulait au dessus de l'opération. À 3000 mètres d'altitude. En pleine nuit. Autant visionner une aiguille au milieu d'une botte de foin. Autrement dit encore, autant ne rien montrer de probant. Et ce n'est donc pas demain encore que l'on saura ce qui s'est passé. L'idée de n'avoir montré le film qu'à la famille Léocour est aussi perturbante, celle qui se pose le plus de questions sur la mort de leur fils étant celle de Vincent Delory. Pour l'instant, je n'ai pas déterminer pourquoi seule la famille du second otage a été appelée pour visionner ces images.
Dans le cas du jour, le grand public ne sait toujours pas qui sont ces deux otages si particuliers, présentés partout comme étant de simples "géologues". Tout le monde s'accorde à dire qu'ils n'en sont pas. "Des "mercenaires", selon un proche des milieux de la sécurité. "S'ils sont devenus géologues, c'est qu'ils ont suivi une formation ultra-rapide" ironise un autre. "Des troisièmes couteaux" conclut un autre" avais-je précisé ici dès le 26 novembre dernier en évoquant surtout le CV mirobolant du second, surnommé "l'Araignée" dans le milieu de l'espionnage : "L'homme qui était sur les rangs de l'assassinat de Milosevic se baladait incognito au Mali pour parler "ciment" à voix haute ?" avais-je alors ironisé. En fait, les deux otages sont bien particuliers : soit ce sont des barbouzes de la DGSE (et donc de la concurrence pour la DCRI) ; soit ce sont des mercenaires venus inspecter ce qui se passait dans le coin, au profit d'une agence de renseignement qui pourrait très bien être la DCRI, vu leurs CVs et vu qu'elle recrute d'étranges individus, parfois bien jeunes, qui vont chercher l'information jusqu'au Pakistan... DGSE contre DCRI, la saga est loin d'être terminée semble-t-il. Car la filière Gadoullet-DCRI présente des ramifications que l'on est loin encore d'avoir déterminées en détail : nos deux "cimentiers" pourraient très bien en faire également partie (les "troisièmes couteaux"). Des ramifications qui mènent encore une fois au même trio gouvernemental déjà cité. Squarcini ferait donc aujourd'hui parler ses propres hommes à distance... En évoquant une " source sécuritaire" qui ne peut être... que lui-même. On tourne en rond complètement avec cette affaire : deux envoyés de Squarcini, pincés sur le fait, sont utilisés par ce même Squarcini pour monter en épingle l'Aqmi : c'est du recyclage d'échec, ce genre de performance médiatique !!! Encore plus fort que du Merah, à ce stade !!!...
Et ce n'est pas pour autant totalement fini avec cette utlime révélation du Monde : les français ne seraient pas les seuls dans l'histoire. La prisonnière française revenue a laissé un témoignage fort troublant sur la personnalité du preneur d'otages : "Avant de la laisser s'en aller, Abou Zeid l'a convoquée pour une discussion, par le truchement du " traducteur ", déjà identifié par les précédents otages. Selon une bonne source qui l'a eu au téléphone lors des négociations, l'homme est un Mauritanien polyglotte dont le père occupait un poste dans la sécurité de l'ambassade des Etats-Unis à Nouakchott. Ce n'est pas la seule étrangeté de l'affaire"... signalait Le Monde. Si en plus, la CIA s'en mêle...