Tristes vœux

par Louis Dalmas
vendredi 21 décembre 2012

J'aurais bien aimé, en cette fin d'année, n'exprimer que mes meilleurs vœux. En dressant le tableau d'un avenir radieux. Ou plus modestement, meilleur. Mais comment le faire devant l'indigence de nos gouvernants.

Passons sur les faiblesses de la social-démocratie. Elles ne sont pas nouvelles. Elles ont toujours été marquées par la trahison des promesses électorales et la timidité des réformes. Rien n'a changé. On s'est couché devant la rapacité d'un grand patron dans l'affaire Arcelor-Mittal. On a imaginé un pastiche de séparation entre dépôts et spéculations au sein des mêmes banques, ce qui équivaut à obliger des pillards à ne faire qu'une légère différence entre les victimes qu'ils ont le droit de dépouiller. Et surtout, on a enveloppé dans un silence de plomb les méfaits de l'OTAN et du système néo-libéral que nous impose la fidélité atlantique.

Il y a pire encore. La guerre à la Syrie. Nous avons déjà perdu une centaine de jeunes gens, morts pour rien dans l'aventure d'Afghanistan. Mais cela ne suffit pas à un fou comme Fabius. Voilà un homme présumé intelligent, à qui a été confié notre politique étrangère, pris d'une frénésie inexplicable. Il avait déjà réclamé à cor et à cris qu'on bombarde la Serbie – un pays connu pour son multi-ethnisme et ses avancées sociales – sans qu'on puisse déceler les motifs de sa rage guerrière. Et aujourd'hui, ayant le pouvoir d'engager la France dans une nouvelle expédition coloniale, il recommence à battre le tambour militaire contre Damas. Entraînant notre président, qui visiblement ne comprend rien à la situation internationale, il veut abattre un des rares représentants de la laïcité et du pluralisme dans le monde arabe. Pourquoi ?

Pour un changement de régime ? De plus en plus de témoignages prouvent que la soi-disant résistance à Bashar al Assad est truffée d'intégristes musulmans qui, en cas de victoire, n'auront aucune indulgence pour leurs ennemis occidentaux. Pour le sauvetage d'un peuple et sa liberté accrue ? Tout le monde sait qu'un gouvernement d'émules d'Al Qaeda n'aura rien de plus pressé que d'établir la charia. Pour fabriquer un Etat musulman "modéré" ? Les tentatives américaines de création d'Etats islamisés dépendant de leur contrôle sont des paris dont l'issue est discutable, ou des échecs. Pour le pétrole ? La Syrie n'en est pas une productrice majeure, et l'expérience criminelle de la Libye a montré que la France pèse peu devant la puissance des grandes compagnies anglo-saxonnes. Pour la guerre au terrorisme ? Les humiliantes défaites en Irak et en Afghanistan ne font que renforcer les fanatiques. Pour la défense d'Israël ? Provoquer une explosion dans le Proche-Orient, et peut-être une troisième guerre mondiale, n'est pas la meilleure façon de venir en aide à l'Etat juif. Pour rehausser l'image de la France dans le monde ? Dégrader les relations avec la Russie et la Chine, sans parler de la partie progressiste de l'Amérique latine, ne va pas rétablir la réputation de nation exemplaire dont jouissait jadis notre pays.

Alors pourquoi ? Pour la satisfaction d'un ego surdimensionné et aveugle, comme celui de Bernard-Henri Lévy ? Pour plaire aux intellos parisiens et aux mythomanes des droits de l'homme, qui n'hésitent pas à faire tuer plus de gens dans des batailles inutiles que les "tyrans" qu'ils combattent ? Après Sarkozy, et comme lui, Hollande et Fabius sont-ils tombés aussi bas dans la méconnaissance de la réalité ?

Je suis désolé de tenir de tels propos alors que je devrais vous souhaiter santé, réussite et bonheur, mais les chiens de la politique, tenus en laisse par Londres et Washington, sont trop dangereux pour qu'on puisse les ignorer.

Louis DALMAS. 


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