Trois esclavagistes reçoivent le Nobel de l’économie

par Bernard Dugué
mardi 12 octobre 2010

Si les sages scandinaves ont joué la carte des droits de l’homme, accordant le Nobel de la paix à Liu Xiaobo, ils n’en n’ont pas moins attribué le Nobel de l’économie à trois défenseurs de l’esclavagisme moderne. Ces trois économistes, les Américains Peter Diamond et Dale Mortensen, ainsi que Christopher Pissarides, un chercheur britannico-chypriote, ont été récompensés pour "leur analyse des marchés et des frictions" entravant la rencontre entre l’offre et la demande. Ces travaux entrent dans une optique dénoncée comme néo-libérale.


Commentaires extraits du Parisien  : « "Ils ont mis au point des outils formidables, des modèles qui rendent compte de l’économie telle qu’elle est", affirme à l’AFP Etienne Wasmer, professeur à Sciences-Po à Paris dont Christopher Pissarides fut le directeur de thèse. "C’est une contribution fondamentale qui a permis de mieux comprendre les frictions du marché du travail : pourquoi il peut y avoir au même moment des chômeurs qui ne trouvent pas d’emploi et des offres d’emploi qui ne trouvent pas preneur", renchérit Stefano Scarpetta, responsable des politiques de l’emploi à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Le constat de départ, formulé par les trois économistes, soulève le problème de l’"appariement", en clair la rencontre de l’offre et de la demande sur le marché du travail, lié une mobilité et une information imparfaites.


Cela permet de décrire un chômage structurel dû en partie, selon ces théoriciens, à l’inadéquation du code du travail et des institutions qui régissent le marché de l’emploi » Je précise de plus que l’un d’entre-eux a été le mentor de Bernanke, actuel directeur de la FED et qu’il fut pressenti par Obama pour être membre de la FED, décision rejetée par le Sénat américain. Ne voyez pas dans ces détails une malice mal intentionnée. Juste une évocation des bons et loyaux services que se rendent ces maîtres du système. La décision du Sénat semblant signifier à Diamond qu’il est un has been. Mais cela ne nous concerne pas. La cuisine politique américaine étant parfois exotique pour un européen qui y voit du chinois ou de l’hébreu.


Esclavagisme, pourquoi ce mot ? Les analystes sont bien plus circonspects. Je ne suis pas analyste, je dis ce que je pense. Ces trois économistes participent à un courant idéologique faisant de l’homme l’instrument d’un système. Leurs recherches ont pour objectif celui de réduire le chômage en rendant la flexibilité la plus souple possible. Autrement dit, réduire les allocations de chômage et leur durée pour inciter les gens privés d’emploi à accepter de travailler dans des conditions les plus drastiques pour le plus grand bien de la croissance. Bien que Diamond ait amendé ses conclusions en admettant que des allocations élevées conduisent les chômeurs à trouver des emplois mieux payés et donc d’être plus efficaces dans le champ économique, on ne peut éviter de penser à une démarche interprétable comme relevant de l’esclavagisme contemporain, de la pression sur les travailleur et pour être franc, d’un authentique chantage économique. Cette attribution du Nobel d’économie est un scandale, une insulte à la dignité humaine, une incitation adressée aux gouvernants pour mener une politique sévère à l’encontre des privés d’emploi pour qu’ils deviennent corvéable à souhait, servant de variable d’ajustement, de chair à profit, dans le contexte de cette crise et de cette guerre économique.


Autant le dire avec force, ce Nobel d’économie est une provocation, une honte. Ces sages sont des clowns. D’un côté la leçon de démocratie aux Chinois, de l’autre, la récompense de travaux justifiant l’esclavagisme. C’est à la fois dans le sens de l’Histoire des dominations et exploitations, et contre l’Histoire qui veut affranchir l’homme et rendre une dignité à la civilisation, laissant à chacun le choix de travailler sans être sous la coupe d’un chantage à la rémunération. Ces trois Nobel sont au bout du compte des s. ordinaires, comme le sont la plupart des dirigeants et des conseillers. Ces économistes si distingués ont tronqué, pour ne pas dire truqué leurs analyses. Ils n’ont pas intégré dans leur calcul la solvabilité, les inégalités de revenus, le déficit de solvabilité dans la tierce économie. Si les chômeurs ne veulent pas travailler à n’importe quel prix, c’est qu’ils ont une dignité et que le système n’a pas les moyens de les payer. Trois Nobel pourvus d’œillères, comme du reste les responsables de la FED ou de la BCE. Le temps n’est plus à résoudre le chômage mais à résorber, par des moyens inédits, les inégalités de solvabilité. Conclusion, le Nobel a couronné des incompétents face aux enjeux de civilisation, des esclavagistes tout simplement. Des scientifiques qui ignorent le sens de l’existence humaine et se complaisent dans des calculs dont se servent les marchands de profits et les managers étatiques pour rendre malléable et corvéable la masse humaine. Ce qui va à contre courant des élans de l’Histoire. Ces conclusions sont rétrogrades et le comité Nobel s’est franchement déconsidéré avec son verdict de 2010. Signe qu’il faut renverser les choses et faire une véritable révolution copernicienne en économie, du moins si on veut s’inscrire dans la longue tradition de ceux qui ont su trouver les chemins de la liberté et faire en sorte de créer les sillons de l’affranchissement de l’homme contre les exploitations et l’esclavagisme quel qu’il soit. Il faut prendre les problèmes économiques sous un angle différent. Ne plus être obsédé par le travail. Reconnaître l’inventivité humaine et ses droits économiques. J’ai pour ma part quelques pistes mais pas de soutien éditorial. A bon entendeur !



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