Trois informations importantes concernant la Russie ont fait la une des médias ces derniers temps

par Pierre
vendredi 9 février 2018

Ces trois informations proviennent de trois dossiers différents et elles prouvent que le système (une forme d’économie libérale dominée par des ploutocrates qui cherchent à l’imposer à l’ensemble de la planète grâce à la globalisation) est en guerre contre la Russie.

Nous, Européens, nous sommes maintenant à la croisée des chemins avec d'un côté, une fuite en avant vers l'inconnu à côté des États-Unis et un conflit militaire mondial possible ou de l'autre, commencer à réfléchir et à dialoguer pour trouver un moyen de vivre en paix dans un monde multipolaire.

 

Bon appétit.

 

Les sanctions anti-russes.

 

Elles ont été prises en 2014 officiellement pour faire revenir la Russie sur sa décision d'accepter l'adhésion de la République de Crimée et de la ville de Sébastopol à la Fédération de Russie et elles ont été renforcées suite à la destruction du vol MH17. La Russie a de son côté adopté des contre-sanctions asymétriques touchant principalement des produits alimentaires européens.

Elles ont coûté entre 40 et 60 milliards d'euros à l'Union européenne, de 1 à 1,5 % de PIB à la Russie et 0,005 % de PIB pour les États-Unis selon une étude du Département d’État qu'on peut lire dans l'UEobserver. i

L'ex-vice-président Joe Biden, plus gaffeur que jamais, a révélé lors d'une intervention au Council on Foreign Relations ii qu'il avait forcé les mains d'Angela Merkel, de François Hollande et de Matteo Renzi pour imposer des sanctions contre la Russie en 2014. Les dirigeants européens concernés étaient conscients des effets négatifs que cela aurait sur les économies de leurs pays respectifs mais ils ont cédé à la pression étasunienne.

Ce dernier « bidenism » handicapera fortement le parti d'Angela Merkel au bénéfice des eurosceptiques de l'AfD en cas de nouvelles élections allemandes.

Ma neutralité de rédacteur d'articles m'interdit de dire ce que je pense exactement de ces dirigeants de pays européens mais il s'agit au minimum d'un mépris des intérêts des peuples qu'ils représentent.

 

 

Le dopage des athlètes russes.

Le maillot des Russes (neutre) pour les JO de Pyeongchang.

 

Le sport au niveau professionnel est devenu un business rentable doublé d'une vitrine de propagande pour un grand nombre de pays.

Des moyens scientifiques sont utilisés par tous et l'industrie pharmaceutique y trouve une opportunité pour ses recherches et pour engranger d'appréciables bénéfices parce que les sportifs professionnels sont prêts à payer d'importantes sommes d'argent pour obtenir des produits qui amélioreront leurs performances et donc leurs gains professionnels.

D'un autre côté, des pays sont prêts à prendre des risques pour que leurs sportifs gagnent le maximum de compétions et battent des records qui viendront augmenter le prestige national.

Pour rendre les compétitions équitables, les fédérations internationales ont établis des listes de produits autorisés et de produits interdits.

En Occident, ce sont généralement (mais pas toujours) les sportif eux-même et leurs soigneurs qui déterminent les soins à donner pour obtenir les meilleurs performances. Dans des pays moins libéraux comme la Chine ou la Russie, les soins des sportifs peuvent être pris en charge par des fédérations sportives ou même organisés au niveau national.

Après ce rappel des règles, venons en au cas russe.

Des indices indiquaient qu'une fraude massive avait été organisée par la Russie aux JO de Sotchi en 2014.

Après une série de révélation dont certaines plus que douteuses, l'Agence mondiale antidopage (AMA) dont le bureau principal est à Montréal demanda au juriste canadien Richard McLaren d'enquêter sur les allégations de dopage institutionnalisé en Russie.

C'est sur base d'un rapport de Richard McLaren, accablant mais lacunaire en preuves irréfutables, que le CIO décida le 27 décembre 2017 d'exclure à vie 43 athlètes russes et d'en priver 13 de leurs médailles de Sotchi.

Le coup de théâtre fut la décision récente du Tribunal arbitral du Sport (TAS) de Lausanne de lever toutes les sanctions contre 28 des athlètes qui avait été condamnés par le CIO. Le tribunal prendra une décision pour 11 autres athlètes plus tard.

Les motivations de cette décision, plusieurs milliers de pages, seront publiées d'ici la fin du mois.

Le président du CIO,Thomas Bach, pourtant avocat de profession aurait du savoir que le droit occidental ne permet pas une condamnation collective sur base d'un dossier général.

Chaque cas doit être examiné individuellement pour que le droit de la défense soit respecté. C'est un principe élémentaire de droit que la Commission de discipline du CIO avait mis de côté dans sa décision d'exclusion.

D'après un avocat des athlètes russes, le lanceur d'alerte Grigory Rodchenkov iii s'est plusieurs fois contredit lors de sa déposition par vidéo-conférence à huis clos devant le TAS. Il est probable que cela a aussi influencé les décisions du TAS.

Quelles que soient les suites de cette affaire de dopage, il restera une impression d'acharnement contre la Russie. Une fois de plus, le sport est pris en otage par des acteurs qui cherchent à complaire à des puissances d'argent (sponsors, droits de diffusion TV etc.) et à des considérations politiques anglo-saxonnes qui sont d'ailleurs étroitement liées entre elles.

 

 

Le mémo Nunes.

 

Du nom du représentant républicain californien Devin Nunes qui préside un Comité de Renseignement de la Chambre.

Ce mémo dévoile que l'équipe de campagne de Hillary Clinton a financé une enquête sur Carter Page, un ancien conseiller de Donald Trump durant la campagne présidentielle. C'est l'ancien agent secret britannique, Christopher Steele, qui se chargea de la mission. Jusque-là, rien de vraiment illégal mais là où cela se corse, c'est que le Ministère de la Justice et le FBI se sont servi de cette enquête pour obtenir une mise sous écoute du conseiller de Donald Trump sans informer le juge de ce détail.

Cela semble être une banale bévue comme on en voit tous les jours dans les séries américaines mais dans le cadre de la campagne anti-Trump actuelle du parti démocrate, c'est une indication que certains hauts fonctionnaires du Ministère de la Justice et certains directeurs du FBI ne sont peut-être pas loyaux au Président et ont comploté contre lui lors de la campagne présidentielle et cela, ce n'est pas de la fiction.

Que Carter Page soit ou ne soit pas un agent d'influence russe n'est pas le problème et d'ailleurs il n'est sans doute pas un agent russe.

Le problème, c'est qu'une administration et la direction d'une agence gouvernementale ont pris des largesses avec la loi et que ce n'est peut-être que la partie émergée de l'iceberg.

Donald Trump et le parti républicain tiennent maintenant une arme explosive pour défendre leurs intérêts mais ils doivent faire vite.

 

 

Dans cette deuxième option, il risque d'y avoir des découvertes à côté desquelles les révélations de Edward Snowden étaient des histoires à l'eau de rose.

Donald Trump a le temps de la réflexion quant-au meilleur moyen d'arrêter la campagne du parti démocrate contre lui mais il n'a pas beaucoup de temps vu que les élections de novembre risquent de voir la majorité de la Chambre passer du côté démocrate.

Cette histoire renforce Donald Trump et peut l'aider à sortir du carcan anti-russe que lui impose le Congrès mais ce ne serait sans doute qu'après le mois de novembre pour ne pas donner du grain à moudre à ses adversaires.

Cela obligera aussi le parti républicain à se serrer les coudes et à soutenir sans réserve le président pour ne pas subir une lourde défaite lors des prochaines élections législatives.

C'est un combat de titans qui s'annonce et l'élimination physique du président Trump va à nouveau devenir une option envisageable pour l'establishment.

Ce mémo Nunes ne concerne pas les accusations d'ingérences russes directes comme des incursions informatiques dans les boîtes émail des partis démocrates et républicains, la soi-disant « propagande » anti-Clinton sur les médias russes anglophones ou le trollage sur les réseaux sociaux.

Les enquêtes sur ces derniers dossiers sont en cours et sont menées par le FBI, la CIA et la NSA.

 

 

Le vol MH17.

 

Ici, au contraire, il n'y a rien de nouveau et c'est justement cela l'information. L'enquête sur l'avion abattu au dessus de l'Ukraine dure depuis trois ans et demi et il n'y a toujours pas de conclusion.

Pourquoi ? Est-ce que l'enquête a été orientée ? C'est fort probable mais encore faut-il le prouver.

Il est très étonnant que les enquêteurs ne se soient pas rendus sur les lieux du crash et n'aient jamais recueilli les déclarations des témoins.

Le site du crash.

 

Il est aussi incroyable que des enquêteurs, en principe compétents, soient incapables de lire les données radar que les Russes ont fournies et de ce fait, ne s'en servent pas.

Il est certain que les Russes ont eu le temps de préparer une réponse en béton pour le cas où la responsabilité de la Russie serait évoquée dans un document final.

Je suis personnellement persuadé qu'il y a un aspect politique qui prime dans ce dossier depuis le début.

Il s'agissait d'abord d'accabler la Russie en espérant qu'elle retire son appui à la RPD et à la RPL et qu'elle se range derrière les intérêts occidentaux.

A présent, on atermoie parce que les Européens ne savent pas s'il est opportun de se rapprocher de la Russie ou pas.

Le rapport final serait peut-être un jour utile pour faire pression sur la Russie ou même sur l'Ukraine si les choses s'envenimaient entre les deux pays.

J'ai rarement vu une enquête aussi opaque sur un drame de ce type et ce n'est pas un bon signe.

 

Ces quatre exemples parmi des dizaines d'autres indiquent qu'il y a actuellement un harcèlement de la part du système contre la Russie dans le but de l'affaiblir et de l'isoler autant que possible.

Le président Poutine et Sergueï Lavrov, son ministre des Affaires étrangères, continuent à garder un calme imperturbable assez étonnant qui contraste avec les vitupérations des responsables politiques étasuniens.

Le résultat de ce duel est que la position de la Russie a plutôt tendance à se renforcer dans le monde non occidental.

 

 

Conclusion.

 

Il y a actuellement une telle hystérie anti-russe aux États-Unis et dans d'autres pays anglo-saxons qu'il est vain d'espérer pouvoir l'influencer grâce à la diplomatie.

Les élites étasuniennes, persuadés que le monde leur appartient, ne sont pas et ne seront jamais enclines partager leur domination.

 

Le slogan de campagne de Donald Trump « América first » en dit long sur cet état d'esprit. On pourrait d'ailleurs le résumer par cette règle « Ce qui est à moi n'est pas négociable. Ce qui est à toi est toujours négociable. Si tu n'es pas d'accord, tu vas retourner à l'âge de la pierre. »

 

Retirer les sanctions et les contre-sanctions ne rendront pas leur part de marché aux agriculteurs européens mais créera un climat propice à l'apaisement.

 

Le système capitaliste libéral globalisé est en train de perdre son pari. D'autres systèmes libéraux plus protectionnistes voient le jour et obtiennent des résultats économiques appréciables ainsi que des soutiens populaires massifs.

 

La Chine et la Russie ont été désignés comme adversaires du système et premiers ennemis à combattre par le président Trump.

 

Je ne sais pas comment les États-Unis combattront la Chine, leurs intérêts sont tellement imbriqués mais pour la Russie, c'est beaucoup plus facile. A part dans le domaine aérospatial, il n'y a pas de coopération significative entre les deux pays.

 

La Russie désire avant tout s'intégrer dans l'économie mondialisée. Elle ne veut cependant pour cela perdre sa souveraineté en aucun cas mais cela est incompatible avec le système.

Elle subi des pressions pour que soit elle se soumette, soit ce soit elle qui rompe avec le système.

La direction russe a très bien senti le piège et elle fait le gros dos en attendant que le système se régule. Elle estime que le temps qui passe la renforce et affaiblit ses adversaires.

Alexeï Koudrine, un proche conseiller du président Poutine, conseille de ne pas attendre et de pleinement s'intégrer dans le système au détriment de la souveraineté nationale.

 

La Russie laisse une autre option ouverte qu'on pourrait appeler l'option du keynésien Sergueï Glaziev, un autre proche conseiller du président Poutine. Il préconise une rupture progressive avec le système.

 

Il part de l'idée que la Russie a des atouts exceptionnels pour réussir dans une autre voie.

 

 

Cette liste n'est bien sûr pas exhaustive.

 

Nous connaissons tous ses points faibles (démographie, corruption, SIDA etc.) mais ce sont des points faibles qu'on trouve généralement dans tous les pays occidentaux aussi et qui sont soit réversibles, soit améliorables.

 

Il ne s'agit évidement pas de se refermer sur soi mais uniquement d'imposer ses propres règles chez soi et d'avoir des échanges commerciaux sur base de traités bilatéraux.

 

C'est notamment ce que la Russie commence à faire avec la Chine avec le commerce bilatéral en renminbi/rouble et ce que la Chine et la Russie vont continuer à faire avec d'autre pays.

 

Cela va de plus en plus radicaliser la position de l'administration Trump et ce que je crains depuis longtemps risque de se réaliser. L'Union européenne va subir d'énormes pressions pour qu'elle rompe ses liens commerciaux et énergétique avec la Russie.

 

Le président Poutine a récemment dit quelque chose de vrai.

 

« La Russie n'a jamais perdu la guerre froide... parce que la guerre froide n'est pas finie. »

 

Cela me semble bien pensé.

 

Le président Poutine aura maintenant son quatrième et dernier mandat pour choisir entre la voie Koudrine et la voie Glaziev s'il ne veut pas laisser un pays déboussolé après son départ.

Temps réel. Sergueï Glaziev et Alexeï Koudrine.

 

Ce ne sera pas une décision facile et elle dépendra sans doute de la direction que prendront les relations entre les États-Unis et la Russie et de la poursuite ou non de la tactique de harcèlement.

i L'UEosbserver est un bon médias d'informations financières en ligne mais l'abonnement est cher. C'est une alternative si on ne veut pas se fier qu'au Financial Times.

https://euobserver.com/foreign/138334

 

ii https://www.algeriepatriotique.com/2018/02/01/joe-biden-europeens-valets-etats-unis/

C'est une information récente qui n'a pas fait les titres des médias traditionnels. Ne serait-ce qu'une information insignifiante ?

 

iii Grigory Rodchenkov est l'ancien directeur du centre antidopage de Moscou et de Sotchi. Il est d'abord poursuivi en Russie pour tentative d'extorsion avant de fuir en Occident où il est actuellement sous la protection des autorités policières étasuniennes avant un changement d'identité qui lui permettra de s'installer dans le pays. Ses révélations sont la principale source du rapport McLaren.

A mon avis, il est immoral et hasardeux de se fier aux dires d'un personnage qui a toutes les raisons de vouloir nuire à son pays.

 


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