Troublant Général Buch... Walter

par Avérroès
lundi 13 juillet 2009

 

La mort en 1996, des 7 moines trappistes du monastère de Tibéhrine est relancée de manière plus que troublante par l’ancien responsable du renseignement militaire auprès de l’ambassade de France à Alger. Ses déclarations, reprises par plus de 300 titres de l’Hexagone, tentent d’accréditer l’idée d’une bavure presque parfaite d’un colonel de l’Armée Algérienne. Pourtant, à la lecture du compte rendu de l’audition publié par un site algérien (http://www.lematindz.net/news/2712-extraits-de-la-deposition-ce-qua-dit-le-general-francois-buchwalter-au-juge.html), on s’aperçoit combien la version du général François Buchwlater est trop légère pour être crédible. Elle ne tient pas la route, car trop troublante par certains aspects. L’avenir nous dira à qui elle profite. En tous cas pas à Sarkozy, qui après avoir traité le gouvernement algérien de menteur, s’est vite repris ! Mystères que cette affaire qui n’a pas encore livrée tous ses secrets.

 

En effet, cette audition, curieusement ébruitée à travers la presse aura tenu en haleine le G8. Pourtant, à la lecture, elle ne manque pas d’incohérences, surtout lorsqu’elle émane d’un ancien responsable des services secrets, dont la fonction première et de garder sa langue. D’où ces précieux paradoxes qui interpellent le simple bon sens.

D’abord par le timing : juste au moment où les officiels algériens, même à demi mots, rappellent les crimes de l’armée française en Algérie. Et réclament, sans trop insister, il faut l’avouer, une reconnaissance, voire un repentir. Une certaine presse algérienne, indépendante (on se demande de qui et de quoi ?) venait de faire sa "une" sur un chef terroriste qui non seulement ne renie rien mais s’offre le luxe de demander plus et plus vite. Après tout, pourquoi pas ?

Puis il y a les délais, l’affaire étant en cours d’instruction – et Rachida Dati n’étant plus locataire du 13 place Vendôme-, il était pour le moins attendu un silence jusqu’à jugement. Rien de tout cela, tout le monde s’en mêle, y compris les plus hauts responsables français, pour demander la levée du secret défense.

Une procédure exceptionnelle que les victimes de la guerre faite aux algériens depuis l’invasion du pays en 1830, réclament depuis des lustres. Sans suites !

Cet emballement est pour le moins curieux. Il cache certainement des désirs et des projets inavouables.

Mais le plus troublant dans cette affaire, ce sont les questions du juge, les réponses du général, et les conséquences incalculables sur ses relais Algériens. Si relais il y a !

Car lorsque le général François Buchwalter dit au juge ne pas vouloir donner le nom de son informateur, on peut le comprendre, il cherche naturellement à protéger ses sources.

Mais là où ça devient affligeant c’est lorsqu’il affirme que son informateur est le frère du chef d’escadron et qu’à Blida il n’y a que deux escadrons d’hélicoptères, soit deux chefs, il y va un peu fort. Il joue à la roulette russe, tout en donnant l’impression de chercher à protéger ses sources ; Il enfonce davantage le clou en ajoutant que cet ami informateur aura fait St Cyr en même temps que lui. Il suffit d’aller voir les archives du ministère de la défense pour mettre définitivement un nom sur cet ami informateur mais également sur son frère, le colonel qui serait responsable de l’attaque du bivouac.

 Des communiqués comme s’il en pleuvait !

Pour les non initiés, il suffit d’aller voir le soldat de permanence au mess de la base le jour du raid pour être définitivement fixé sur l’identité du pilote en question. Donc l’histoire de la protection des sources ne tient pas la route, il faudra chercher ailleurs !

Autre trouble, pourquoi, ce général tient-t-il tant à ce que ses informateurs soient aussi facilement identifiables ?

Chercherait-on à les inculper ? Et donc demander (exiger serait plus approprié dans la bouche de Nicolas Sarkozy) leur extradition ?

Curieux tout de même ce juge qui entend son unique témoin dire que le premier communiqué du GIA était truffé de non sens et qu’il aura fallu l’arrivée par le canal habituel du second communiqué pour que l‘erreur soit revue et corrigée. Comme s’il avait été entendu ! C’est peut être son contact, le fameux terroriste, qui rentre à l’ambassade de France comme s’il s’agissait d’un vulgaire Gaulois !

Et le juge qui ne demande rien sur ce canal habituel, qui ne s’interroge même pas sur les différents canaux, qui ne demande pas leur nombre et surtout les moyens utilisés pour leur authentification ! Ni qui est habilité à dire lequel des communiqués est authentique et qui ne l’est pas !

Bref on est en plein dans un monde de barbouzes où toutes les hypothèses éloignent de la vérité.

Puis il y a ce passage de l’entretien qui mérite d’être observé à la loupe :

« Une fois posés,(les pilotes d’hélico) ils ont découvert qu’ils avaient tiré notamment sur les moines. Les corps des moines étaient criblés de balles »

On remarque qu’au début il s’agissait d’un bivouac, dans une zone vidée (comprendre de sa population), ce qui laisse supposer qu’il y avait également les ravisseurs. Pourtant, le général soutient que les tirs été notamment dirigés sur les moines, puisqu’aucune autre cible n’est mentionnée !!!

Voilà un super tireur d’élite, qui avec un armement très lourd arrive à faire un tir chirurgical, ne ciblant que les pauvres moines trappistes ! A aucun moment les autres membres du bivouac ne sont mentionnés. Les moines étaient-ils seuls, abandonnés à leur triste et tragique sort ?

Puis cette précision de la bouche du médecin gendarme attaché à l’ambassade qui affirme, par la bouche du général que les têtes avaient été épargnées par les balles. Encore une fois on donne l’impression que les 7 moines étaient debout, seuls dans cette clairière du massif Blidéen, que l’hélicoptère s’était gentiment posé, que le chef d’escadrille (on se souvient que le frère informateur a fait St Cyr en même temps que le général François Buchwalter) avait soigneusement arrangé sa vareuse, puis installé méticuleusement sa mitrailleuse et qu’il s’était mis à tirer à hauteur de buste, épargnant miraculeusement les têtes !

Avec un tel récit, le juge ne trouve rien à redire. Tout lui parait cohérent.

Vivement une reconstitution !


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